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Naofood grignote du terrain sur la livraison de repas à domicile
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Naofood grignote du terrain sur la livraison de repas à domicile

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D'anciens coursiers à vélo nantais de grandes plateformes de livraison de repas ont lancé fin 2019 Naofood, un service qui se pose en alternative locale et éthique aux géants du secteur. Pendant les confinements, les commandes se sont envolées.

Naofood concurrence à Nantes les grands noms de la livraison de repas à domicile. Ses coursiers travaillent avec une trentaine de restaurants qu’ils ont eux mêmes sélectionnés — Photo : Naofood

Tout a démarré lors d’une discussion autour d’une bière, se souvient Guillaume Blanchet, le cofondateur et président de l’association nantaise de livreurs de repas à domicile Naofood. « Nous avions tous envie d’arrêter de travailler avec les grandes plateformes » telles que Deliveroo et Uber Eats, décrit-il. Rémunération pas à la hauteur de leurs espérances, considérations sociales heurtant leur éthique, utilisation de scooters pour les livraisons au lieu du vélo… Face à ces constats, ils décident de créer ensemble leur propre service de livraison de repas à Nantes, qu’ils présentent comme une alternative locale et éthique aux géants en place.

Vers la création d’une Scop

Les douze coursiers à l’origine de Naofood se sont fédérés en association. L’avenir, en fonction du développement, pourrait passer par la création d’une Scop. Un peu plus d’un an après son démarrage, l’association compte 14 coursiers (jusqu’à 15 le week-end) circulant exclusivement à vélo et qui assurent des livraisons sur un rayon de 3 km autour de l’hypercentre de Nantes.

Ils livrent les repas d’une trentaine de restaurants. « Des partenaires, précise Guillaume Blanchet, dont nous avons goûté et évalué les plats. » Naofood a deux flux de rémunération : le client qui verse 3,50 € pour la livraison, et le restaurateur une commission de 24 % par commande (commission qui peut monter jusqu’à 30 % sur les grandes plateformes, NDLR). L’association verse par ailleurs 2 % du montant des commandes à des associations locales comme La Tricyclerie, Les Griffes de l’Espoir ou Bio-T-full.

Une application maison en préparation

Le label "éthique" revendiqué par Naofood apparaît comme un étendard pour se distinguer d’Uber Eats et Deliveroo, qui ont fait face à des mouvements de grèves de leurs coursiers nantais les 21 et 28 novembre et le 5 décembre. Si on estime à plus de 300 le nombre de coursiers à Nantes, Naofood est la seule entité à se frotter aux géants. Les Triporteurs Nantais, émanation des Triporteurs de l’Ouest, ne font pas de livraison de repas à domicile : « Étant une entreprise avec des salaires et des charges, nous serions trop chères pour les restaurateurs », analyse Fabrice Marteau, dirigeant de la société. La Scop Les Coursiers Nantais, qui a effectué 1 300 livraisons en novembre (plis, colis…) et qui prédit, dixit son gérant François Lemoine « un bel avenir » au secteur de la livraison de proximité, ne s’est pas non plus engagée sur ce créneau. « Uber Eats et Deliveroo sont déjà très présents », explique François Lemoine.

Du côté de Naofood, les périodes du confinement ont renforcé les coursiers dans leurs convictions. « Nous sommes passés de 200-250 livraisons par mois à 2 100 en novembre, ça n’arrête pas », se félicite Guillaume Blanchet. La hausse des commandes et leur traitement ont été facilités par la coopération depuis deux mois et demi avec Coopcycle, une fédération regroupant les alternatives à la livraison et qui mutualise un outil numérique par où passent les commandes. « En parallèle, nous développons notre propre application, que nous espérons utiliser à l’hiver 2021 », précise Guillaume Blanchet.

D’ici là, Naofood aura-t-il basculé en Scop ? Un statut qui permettrait, note le président de l’association, « de fédérer les coursiers, de bénéficier d’une protection salariale dans une structure dont le capital nous appartiendrait, de s’intégrer dans le milieu de l’économie sociale et solidaire… ». Reste que la transformation se fera « quand nous aurons la chance de nous dire que nous sommes passés d’une bande de copains autoentrepreneurs à des collègues salariés et que nous aurons assez de rentrées d’argent pour justement être salariés. Nous n’allons pas mettre en danger Naofood avec un statut qui va nous engager différemment. Tant que nous ne serons pas prêts, nous ne changerons pas. »

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