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Midual s'ouvre grand la route sur le marché de la moto de luxe
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Midual s'ouvre grand la route sur le marché de la moto de luxe

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Fabriquée en Maine-et-Loire, la Midual est une des rares motos françaises. Loin des standards de la construction à la chaîne des grandes marques, son dirigeant Olivier Midy a investi un secteur jusqu'alors inexistant, celui de la moto de luxe.

La société Midual, créée par Olivier Midy dans le Maine-et-Loire, emploie une quinzaine de personnes et veut fabriquer au minimum 15 motos par an — Photo : Olivier Hamard

Olivier Midy a fait de la Midual la première moto entrant dans la catégorie du luxe. L'engin, fabriqué en Maine-et-Loire, est proposé à la vente entre 155 000 et 170 000 euros selon les finitions. Le dirigeant angevin envisage aujourd'hui son déploiement en France, et en Europe dans les prochaines années.

28 années de développement

L'aventure de la Midual, la moto produite désormais par une quinzaine de personnes dans un atelier de 1 800 mètres carrés aux Garennes-sur-Loire, au sud d'Angers, est le fruit de vingt-huit années de travail, de recherches, de revirements. Mais pas d'abandon : "Je n'ai jamais baissé les bras, témoigne Olivier Midy. Nous avons toujours galéré et rien n'a été fluide." Avant lui, plusieurs ont même quitté la piste en tenant de se lancer sur le marché de la moto made in France. Reste aujourd'hui tout au plus une poignée de constructeurs dans l'Hexagone, dont la production est quasi confidentielle.

Mais Olivier Midy s'est accroché. Ingénieur en mécanique, il a mené de front pendant plus de 25 ans une carrière dans un bureau d'études pour l'industrie automobile et le développement de la Midual : 200 000 heures de R & D pour concevoir un moteur "flat-twin" de 1 000 cm3, puis imaginer jusque dans les moindres détails la machine qui viendrait l'habiller. Initialement, l'objectif était de fabriquer la moto en série : "Mais le ticket d'entrée était de plusieurs centaines de millions d'euros, témoigne le dirigeant angevin, ce qui était inconcevable."

1 450 pièces et 140 fournisseurs

Au mitan des années 2010, Olivier Midy change alors radicalement de stratégie. Dans le milieu de la moto, quelques marques proposent des machines rares et prestigieuses, fabriquées en séries limitées et qui valent plusieurs dizaines de milliers d'euros. Mais rien n'existe alors dans le très haut de gamme : "Dans l'horlogerie ou l'automobile, explique le passionné, on fabrique de très belles mécaniques. Je me suis dit alors que cela pourrait aussi se décliner dans le domaine de la moto, même si le milieu n'y était pas véritablement prêt. La moto a été conçue comme une montre de luxe, avec des finitions égales à l'intérieur d'une voiture exceptionnelle. Nous avons donc ouvert un marché qui n'existait pas et nous nous inscrivons dans le secteur des objets mécaniques exceptionnels."

Un minimum de quinze motos chaque année

Les 1 450 pièces de la Midual ont toutes été imaginées par le dirigeant angevin et son équipe, fabriquées par 140 fournisseurs à 80 % français. "Avec le travail d'usinage et de finition réalisé dans notre usine, ce sont 90 % de la moto qui proviennent de France", assure Olivier Midy. Jusqu'à la sellerie, réalisée sur mesure par un atelier de maroquinerie choletais qui travaille pour les plus grandes marques de luxe françaises.

Pour fabriquer la Midual, son concepteur a dû se faire épauler financièrement. Il a levé des fonds - environ 5 millions d'euros depuis le début de l'aventure - qui ont permis de constituer les stocks et acheter du matériel. "Sans compter les centaines de milliers d'heures de R & D et de matière grise qu'il nous a fallu, ajoute Olivier Midy, et que l'on ne pourra jamais chiffrer."

La Midual Type 1 est vendue entre 155 000 et 170 000 euros. 15 exemplaires sont actuellement en circulation — Photo : Bruno des Gayets/Nikoja

Un groupe de 35 investisseurs - pour la très grande majorité des dirigeants d'entreprise locaux - l'accompagnent dans l'aventure. Deux d'entre eux ont permis la mise en production de la machine, dans une usine qu'il a fallu aménager où Midual s'est installé en juillet 2018. "Avec les confinements et la crise sanitaire, nous sommes réellement prêts depuis septembre 2020", précise Olivier Midy. Actuellement, 15 motos sont en circulation, acquises essentiellement par une clientèle régionale, en Pays de la Loire et en Bretagne. La première série comptera 16 véhicules, avant le lancement d'une seconde de 20 unités, prévu en fin d'année. "Nous nous préparons pour un développement un peu à l'ancienne, indique Olivier Midy, qui reste discret sur le chiffre d'affaires de l'entreprise, avec une clientèle tout d'abord régionale puis plus largement nationale. L'objectif est de fabriquer a minima 15 motos par an pour le marché français, même si nous sommes organisés pour en faire plus. Nous avons aussi identifié cinq marchés identiques à celui de la France dans d'autres pays européens, où nous pourrions aussi vendre 15 machines chaque année."

Se faire connaître auprès des collectionneurs

L'objectif de Midual est donc de monter peu à peu en régime sur le territoire national, puis de gagner des marchés dans certains pays voisins. Et plus tard, conquérir l'Amérique, friande aussi de belles mécaniques. En attendant, pour faire connaître encore plus sa moto, Olivier Midy et son équipe communiquent et présentent la Midual dans des salons dédiés aux véhicules anciens plutôt qu'à la moto. Malgré l'annulation des manifestations de ce type en 2020 et 2021, la machine va reprendre prochainement la route et sera présente dans plusieurs salons, avec pour objectif d'être à Milan en 2023 pour le Milano AutoClassica, l'un des plus prestigieux rassemblements mondiaux de véhicules de collection. "La Midual est une moto de collection neuve avec un grand raffinement mécanique, précise le dirigeant. Avec elle, nous racontons aussi une histoire."

L'histoire d'une longue aventure entrepreneuriale qui prend son envol aujourd'hui. "Nous sommes une jeune entreprise de 28 ans, s'amuse Olivier Midy. Nous arrivons au moment où on a digéré la R & D et la production initiale. Nous avons fait une partie extraordinaire du chemin. C'est un projet déraisonnable mené par des gens très sérieux. Le plus difficile à expliquer, c'est peut-être le changement de stratégie qui nous a conduits à ouvrir ce marché de la moto de luxe."

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