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Medef Vosges : « L'État nous donne des financements mais pas leur mode d’emploi »
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Michel Borens président du Medef 88 Medef Vosges : « L'État nous donne des financements mais pas leur mode d’emploi »

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Suite à l’annonce d’un deuxième confinement, le président du Medef Vosges se dit soulagé qu’une grande partie de l’économie continue de tourner. Pour autant, Michel Borens (dirigeant de la société MilPlast) ne comprend pas le traitement réservé aux restaurateurs et commerçants dits « non-essentiels » contraints de fermer leurs portes. Il demande également beaucoup plus de clarté sur les modalités d’utilisation des aides aux entreprises.

Le président de la société MilPlast (Saint-Etienne-lès-Remiremont) Michel Borens est également président du Medef dans les Vosges — Photo : Medef 88

Êtes-vous surpris par les contours du reconfinement, qui permettent à certains secteurs de poursuivre leurs activités ?

Je suis surtout surpris par la façon dont on traite les restaurants et commerçants. Presque toute l’économie continue de tourner, sauf eux. D’une certaine manière, ils passent devant la glace. Où est la limite entre le commerce nécessaire et non-nécessaire ? En revanche, que l’industrie ne s’arrête pas, c'est une très bonne chose. Le gouvernement a réfléchi par rapport aux fermetures difficiles du premier confinement.

Est-ce que vos adhérents commencent à vous solliciter pour être soutenus ?

Je pense que cela ne va pas tarder, c’est évident. Lors du premier confinement, nous n'avons pas arrêté. On passait a minima cinq à six heures par jour à répondre aux inquiétudes et aux interrogations des entreprises.

Le gouvernement répète que le télétravail est désormais la règle. Les entreprises vosgiennes peuvent-elles s’adapter ?

Comment voulez-vous que des PME de 20 personnes contraintes d’être sur leur outil de travail au quotidien passent au télétravail ? Pour saisir des commandes, nous sommes obligés d’être sur place, nous ne pouvons pas faire autrement. Bien sûr, nous continuons d'appliquer les protocoles sanitaires.

Le gouvernement annonce des mesures de soutien renforcées pour soutenir l’économie. Est-ce que les entreprises vosgiennes rencontrent des difficultés d’accès aux prêts garantis par l'État (PGE) ou autres reports de cotisations ?

Nous nous sommes rendu compte que beaucoup d’entreprises n’ont finalement pas utilisé leur PGE, en prévision des mois à venir. Moi le premier dans mon entreprise. Quelque part, c’est une garantie, car entreprendre c’est prévoir. Mais les situations sont évidemment différentes en fonction des entreprises et des trésoreries. Le gros problème, c’est qu’on nous annonce des plans de financement à tort et à travers mais on ne nous les explique pas : à quoi servent-ils concrètement ? Est-ce pour favoriser la fin du mois ? Est-ce pour payer nos fournisseurs, nos clients, nos charges ? Quelles sont les limites ? On nous donne des enveloppes, mais on ne nous donne pas le mode d’emploi. La seule chose sur laquelle on ne nous a pas trompés, c’est la mise à disposition de l’argent. Par ailleurs, les banques sont extrêmement attentives. Je n’ai entendu nulle part un banquier réclamer son remboursement.

Vous êtes à la tête de l’entreprise MilPlast (CA 2019 : 2,3 M€ ; effectifs : 20 salariés), à Saint-Étienne-lès-Remiremont dans les Vosges, et vous fabriquez des pièces plastiques pour l’automobile, l’électronique et l’agroalimentaire. Êtes-vous inquiet pour votre activité ?

Les carnets de commandes sont remplis jusqu’à la fin de l’année. Je ne me fais pas de souci là-dessus. Mais en 2021, est-ce que les clients seront-là ? Va-t-il y avoir une recrudescence de l’activité automobile ? Franchement, je n’en sais rien. Je n’ai qu’un vœu aujourd’hui : que tout cela se termine le plus vite possible. Il ne faut pas tuer le moral des gens trop longtemps. Ce sont les consommateurs qui font le marché. L’inquiétude, c’est de ne pas voir l'avenir. Pour tenir, il faut de la confiance et du courage.

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