Quelles raisons incitent aujourd’hui les entreprises à vous solliciter pour des conférences, des ateliers, des séminaires de Digital Detox ?
Maud Chevalier : Aujourd’hui, nous passons 99 % de notre temps à moins d’un mètre de notre téléphone portable. Les nouvelles technologies ont envahi notre quotidien à la maison, mais aussi au travail. Les entreprises se digitalisent et, de ce fait, se trouvent confrontées à la multiplication d’outils numériques qu’elles ne savent pas toujours bien gérer, à des collaborateurs qui zappent en permanence, à une charge mentale croissante liée à ce que l’on appelle l’infobésité… Nous recevons aujourd’hui 10 fois plus d’informations qu’il y a 20 ans, un cadre passe 99 jours par an sur ses mails et nous mettons environ 20 minutes à nous reconcentrer après une interruption dans nos tâches liée à une notification. Dans ce contexte, de plus en plus d’entreprises se montrent intéressées par des usages numériques raisonnés.
Quels sont les enjeux d’un usage raisonné des outils numériques en entreprise ?
Il ne s’agit pas de condamner les nouvelles technologies qui comportent de nombreux avantages, mais de sensibiliser aux dangers de l’hyperconnexion. En donnant aux collaborateurs quelques conseils pour faire un bon usage des outils numériques, nous les aidons à retrouver leur concentration. Celle-ci est un gage d’efficacité et donc de performance pour l’entreprise. Le deuxième enjeu est lié à l’amélioration du bien-être et de la qualité de vie au travail. Car l’hyperconnexion est source de stress. Elle peut avoir un impact négatif sur le sommeil, la santé et nuire au lien social.
Quels conseils donneriez-vous pour entamer une Digital Detox ?
Je conseille tout d’abord d’acheter un réveil plutôt que d’utiliser son téléphone. Sinon la tentation est grande de commencer la journée en jetant un coup d’œil à ses notifications et de déclencher ainsi le mécanisme de consultation qui se poursuivra tout au long de la journée. J’incite d’ailleurs à enlever les notifications et à cacher les applications les plus addictives afin d’être moins sollicité. Tout le monde a peur de rater une information en ne restant pas connecté en permanence. Mais les compétences les plus recherchées actuellement ne sont pas d’aller chercher l’information, que l’on obtiendra par une voie ou une autre, mais de trier les informations, les hiérarchiser. Cela suppose de prendre un peu de distance.
Y a-t-il d’autres règles pour utiliser de façon raisonnée les outils numériques ?
Oui, il y a la règle des 3. Ne consulter ses mails que trois fois par jour, ce qui évite d’être en permanence interrompu dans son travail. Arrêter les échanges de mails au bout de trois allers et retours. Au-delà, cela signifie que ce mode de communication n’est pas adapté et il vaut mieux prendre son téléphone ou caler un rendez-vous pour régler le problème. Enfin, limiter à trois le nombre de destinataires de ses mails. Mettre la terre entière en copie est rarement efficace et cela contribue à disperser l’attention d’un grand nombre de personnes.
