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À l’EM Lyon, nouveaux visages et vrai virage
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À l’EM Lyon, nouveaux visages et vrai virage

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Tawhid Chtioui, directeur d’EM Lyon depuis avril dernier, déroule une nouvelle stratégie pour l’école. Sera-t-il appuyé par la nouvelle gouvernance ? Celle-ci s’est réorganisée ce 27 septembre. À l’occasion du conseil de surveillance, la présidence de l’établissement supérieur, assurée depuis 2012 par Bruno Bonnell, revient à Jean Eichenlaub, président du conseil du Qualium Investissement. Le fonds (actionnaire à 46 %) entre dans la danse.

Au fond à gauche (en blanc) Bernard Belletante (ancien directeur général d'EM Lyon). Au premier plan Bruno Bonnell (député et ancien président du Conseil de Surveillance de l'école), Emmanuel Imberton (ancien président de la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne) et Tawhid Chtioui, (actuel directeur général) annonçant le 13 juin dernier l'entrée de Qualium Investissement et Bpifrance - à hauteur de 100 millions d'euros - au capital d'EM Lyon. — Photo : Audrey Henrion / JDE

Moins de 5 mois après sa prise de fonction, Tawhid Chtioui, directeur général d’EM Lyon assume son style. Ce professeur en management de la performance de 41 ans détonne au sein de l’école de commerce lyonnaise plus que centenaire. « Il y a un petit syndrome de Brutus dans l’attitude de Tawhid, qui semble faire table rase de ce que construisait Bernard Belletante depuis près de 6 ans », indique un cadre de l’école sous couvert de l’anonymat.

Il faut dire que l’ancien patron d’EM Casablanca arrive après une année 2018 horribilis pour l’EM Lyon, secouée par les cours de Laurent Wauquiez enregistrés à son insu et l’affaire du fichier Excel « notant » les étudiantes de l’école sur des critères physiques. « Il pratique une politique de la terre brûlée », indique cet autre. « Tawhid Chtioui propose des programmes sur-mesure, digitaux, dans lesquels on entre quand on veut, quand Bernard Belletante l’ancien directeur général avait construit les fondements pédagogiques sur la base de programmes forts et structurants », décrit un troisième collaborateur.

Le nouveau patron de la SA Early Makers Group (CA 2018 : 95 M€ / 7 260 étudiants / 600 salariés dont 144 professeurs) a pourtant bel et bien été choisi par son prédécesseur, qui voyait en lui un héritier.

Tawhid Chtioui dans son bureau d'Ecully — Photo : Audrey Henrion


Erreur de casting ou changement de cap ?

Erreur de casting ou changement de cap ? « Un peu des deux », estime ce cadre. « Rien de tout cela », réfute le principal intéressé. Interrogé par Le Journal des Entreprises, Tawhid Chtioui assume à 100 % son rôle de « patron ». « Je ne fais pas un virage à 180 degrés mais le chemin est différent, les priorités revues. Ce n’est pas une surprise, ma vision est connue depuis décembre par le conseil de surveillance et les nouveaux investisseurs » argue-t-il. « On passe d’un système régit par des ratios chiffrés à des notions d’impacts social et sociétal. On donne du sens. »

Quartiers sensibles et formations en Afrique

Parmi les nouveautés envisagées, le déploiement en France du programme « Entrepreneurs dans la Ville » pour épauler de jeunes créateurs d’entreprise issus de quartiers sensibles. Ou encore le « déplacement » du Silex, cet espace d’apprentissage de 900 m² dans les locaux de Nextdoor, de la Part-Dieu à Écully. Il faut faire des économies. Un électrochoc pour les équipes, car cet espace fondait la stratégie « Early Makers » - le « pratiquer pour apprendre » - de Bernard Belletante.

Autre projet défendu par le nouveau directeur, l’ouverture de dix « hubs » en Afrique (Côte d’Ivoire, Sénégal, Gabon…). Les 8 premiers « country managers » ont été recrutés, afin d’animer des formations « Africa Booster » pour les dirigeants africains ou européens.

Jean Eichenlaub remplace Bruno Bonnell

Ces nouvelles orientations seront-elles adoubées par le conseil de surveillance qui a élu à sa tête Jean Eichenlaub, le président de Qualium Investissement, le fonds devenu actionnaire à 46 %, après avoir signé un chèque de 100 millions d’euros en juin dernier, avec Bpifrance, pour entrer au capital d’Early Makers Group, le holding du groupe EM Lyon ?

Bruno Bonnell, qui lui cède la place, observe tout ceci avec « sérénité » nous fait-il savoir. « Je pars avec le sentiment du devoir accompli. Nous sommes, par exemple, devenus indépendants des subventions publiques, passant de 7 M€ par an à rien et nous sommes la seule business school en France à être une pure SA et en plus "à mission éducative". »

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