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Le Groupe Dorise étend son périmètre pour mieux décoller
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Le Groupe Dorise étend son périmètre pour mieux décoller

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Depuis Le Mans, le négociant en systèmes d'usinage haute performance rayonne sur l'ensemble du territoire hexagonal. Un maillage achevé fin 2020 avec l'acquisition de la société toulousaine DMI, permettant à présent au Groupe Dorise de partir à la conquête d'un marché de niche dont il entend prendre sa part.

— Photo : Groupe Dorise

Il aura fallu six années à Philippe Dorise pour structurer son entreprise et quadriller l'ensemble du territoire national. Depuis Le Mans, le Groupe Dorise commercialise des fraises, forets et autres outils de coupe de précision, principalement pour une clientèle d'industriels des secteurs de l'aéronautique, de la défense ou encore du domaine médical. Fin 2020, le Sarthois a ainsi achevé le maillage de l'Hexagone en s'implantant dans le Sud-Ouest à travers l'acquisition d'une société locale, DMI. « Une vieille entreprise familiale, très connue régionalement et le principal acteur local dans le métier », rapporte Philippe Dorise. Employant une douzaine de personnes et totalisant un chiffre d'affaires de 3,1 millions d'euros en 2019, cette PME toulousaine évolue donc sur les mêmes métiers que sa nouvelle maison mère, lui permettant enfin de s'implanter solidement en Occitanie. Car ce n'est pas la première fois que le Sarthois part à la conquête du Sud-Ouest. Déjà en 2016, le groupe s'installait une première fois à Toulouse avec Occitec, filiale créée de toute pièce. Une greffe qui, à l'époque, n'a pas pris. « Pour une nouvelle structure, c'est compliqué d'entrer sur le marché local. Il faut être connu sur ce territoire, surtout si l'on veut travailler avec les acteurs de l'industrie aéronautique », poursuit le PDG manceau.

« Nous réalisons 40 % de notre activité dans l'aéronautique, il est inconcevable d'être absent de Toulouse.»

Une nouvelle base au cœur du principal bassin aéronautique français que son repreneur entend développer. Si DMI distribue en effet ses produits auprès des industriels locaux de l'aéronautique et du spatial, la PME propose également ses services dans des domaines tels que le BTP ou l'agroalimentaire. Philippe Dorise envisage ainsi d'aller chercher de nouveaux marchés sur un axe Bordeaux - Pau, ainsi que vers la Mecanic Vallée et les agglomérations de Cahors et Figeac. « La filière est très organisée localement, avec les acteurs de l'aviation civile à Toulouse, ceux de la défense à Pau et l'usinage à Figeac. » Pour le Groupe Dorise, il s'agit ni plus ni moins que de se positionner régionalement pour proposer sur le terrain une offre structurée autour d'un réseau national, conformément à sa vision stratégique.

Cinq pôles régionaux

Un plan que Philippe Dorise mène à bien depuis 2014, quand il a négocié pour elle un important virage en se séparant de son activité principale de distribution de fournitures industrielles. Un pôle qui pesait alors pour 24 millions d'euros dans les 34 millions d'euros de chiffre d'affaires du groupe. Objectif pour le dirigeant, recentrer l'entreprise créée en 1923 par son grand-père sur le négoce d'outils de coupe haute performance. Une niche sur laquelle la structure évolue depuis 2008, lorsqu'elle reprend la société Mecacoupe, à Bourges. Revendiquant 8 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020 et comptant 18 salariés, elle a été rejointe dans le nouveau Groupe Dorise en 2015 par Langlet (4,5 M€ de CA, 13 salariés) basée dans la Somme. Le groupe accélère sa croissance en 2016 avec la double acquisition d'Iltec à Valence (2,3 M€ de CA, 7 salariés) et d'Acemtec en Haute-Marne (2,6 M€, 8 salariés). L'arrivée de DMI fin 2020 bouclant ce tour de France, entièrement réalisé par croissances externes. « Nous disposons à présent de cinq pôles régionaux couvrant l'ensemble du territoire français. Le pilotage s'effectue depuis Le Mans, mais chaque filiale conserve son identité et son autonomie. Chacune dispose de ses propres fournisseurs mais avec une offre commune et un seul tarif », explique Philippe Dorise.

L'ensemble totalise ainsi 63 collaborateurs pour un chiffre d'affaires établi en 2020 à 20 millions d'euros. Son dirigeant entendant prendre 10 % du marché national de la fourniture d'outils de coupe, qu'il estimait il y a quelques années à 300 millions d'euros. « Nous sommes sur une niche très technique et confidentielle. C'est un marché stable. En face de nous, nous avons à faire à de très grands groupes pour qui nous sommes anecdotiques. » Fort de ce réseau opérant en régions, le chef d'entreprise veut peser à présent auprès des grands donneurs d'ordres industriels. En ligne de mire, des clients spécifiques, comme Airbus, Mecachrome ou Safran, que le Groupe Dorise pourra aborder avec une offre globale à destination de plusieurs sites industriels, au lieu d'une approche locale et individuelle.

L'aéronautique pour s'élever

Photo : Arnaud Derouet - Studiophotojm2

Les acteurs de l'aéronautique figurent donc parmi les cibles privilégiées du groupe du Mans qui réalise 15 % de son activité en direct auprès d'eux. « En incluant les sous-traitants, on atteint les 40 %. Dans ces conditions, il était inconcevable d'être absent de Toulouse », appuie son dirigeant. Pour affirmer cet ancrage, le Sarthois a également déposé sa candidature pour intégrer le Gifas, le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, réseau structurant l'ensemble de la filière nationale. Un contact qui devrait être facilité par la présence de Thierry Quillet, ancien directeur sarthois de Souriau Sarthe Maroc et actuel directeur général adjoint du Gifas. Pour autant, les turbulences que connaît actuellement le marché aéronautique n'entravent nullement les ambitions de Philippe Dorise. « Nous avons l'avantage en France de compter des acteurs comme Airbus et Safran. Je suis confiant, la crise est différente de celle de 2009. On continuera de produire et vendre des avions. »

Néanmoins, la crise du Covid 19 a mis du plomb dans l'aile au groupe Dorise. Sur 2020, il atterrit à 20 millions d'euros de chiffre d'affaires contre 23 millions en 2019. « Nous avons perdu de l'ordre de 20 % de chiffre d'affaires. Alors que notre activité se redressait à l'automne, le second confinement a été très violent avec un arrêt administratif de l'économie. Nous nous sommes adaptés. Les charges ont été optimisées, avec notamment des départs en retraite dans nos filiales que nous n'avons pas remplacés. » Selon Philippe Dorise, l'activité de son groupe devrait se redresser en 2021 et retrouver son niveau d'activité de 2019 à l'horizon 2022. Si le temps de la crise sanitaire a permis au Sarthois d'accélérer sa structuration, l'année écoulée l'a vu également consolider ses fonds propres. En novembre dernier, le fonds Volney Développement est en effet monté au capital du Groupe Dorise à hauteur de 1,5 million d'euros, pour moitié par augmentation de capital, et pour l'autre part en obligations convertibles.

« Cela nous a aidés à finaliser l'acquisition de DMI, mais également à sécuriser notre bilan dans une période difficile avec un partenaire régional. » À présent, Philippe Dorise dispose de l'ensemble des outils pour mener à bien son projet de développement d'un groupe familial désormais structuré selon ses plans. Pourtant, l'entrepreneur n'exclut pas de retrouver la piste de la croissance externe dans les prochaines années. « Il n'y aura pas de nouvelles opérations d'acquisitions dans l'immédiat, sauf éventuellement dans certaines zones où nous sommes insuffisamment présents. Je pense à l'arc Atlantique notamment, entre Nantes et La Rochelle. » Juste ce qu'il faut pour resserrer les fils de la toile tressée depuis 2014.


Philippe Dorise prépare sa succession

Le capital du Groupe Dorise reste majoritairement aux mains de la famille de son dirigeant qui en détient 65 %. Philippe Dorise l'a ouvert en 2019 aux cadres de l'entreprise à hauteur de 10 %, une part qui atteint à présent les 14 %. L'an dernier, l'entrepreneur y a fait entrer le fonds régional Volney Développement, filiale du Crédit Mutuel. Une ouverture de capital à hauteur de 1,5 million d'euros pour le fonds qui possède désormais 21 % du capital du groupe. Philippe Dorise conservant personnellement 50,3 % des parts et chacun de ses deux enfants 7,5 %. « L'ouverture du capital aux cadres a permis d'assurer la stabilité opérationnelle du groupe. Quant à ma succession, j'ai 64 ans, donc oui, j'y pense ! », déclare le dirigeant, bien qu'aucun calendrier ne soit encore à l'ordre du jour.

Pour autant, la quatrième génération pourrait prendre dans les prochaines années la barre de l'entreprise familiale sans assurer de fonctions de direction. « On est bien souvent convaincu en France que l'actionnaire doit être également dirigeant opérationnel. Ce n'est pas du tout le cas. La famille peut tout à fait être garante de la stratégie en la confiant à un directeur général. » Un ADN familial que le Groupe Dorise entend conserver, à l'aube de son centenaire.

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