Malgré une année 2021 en demi-teinte, malmenée par la crise sanitaire mondiale, l’ETI familiale GT Solutions (1 900 salariés) n’a pas négligé le chantier de libéralisation de l’entreprise, entamé en 2011. Partant du constat que trop de responsabilités reposaient sur trop peu de personnes, ce spécialiste de la location de véhicules industriels avec conducteur a engagé une démarche globale de responsabilisation de ses collaborateurs, à tous les échelons. "Nous avons fait en sorte que les salariés soient plus libres de prendre les décisions qui leur semblaient pertinentes dans leur domaine de responsabilité", commente Matthieu Sarrat, directeur général de l’entreprise depuis 2019.
Plannings et recrutements
Pour les 1 600 conducteurs salariés de l’entreprise, cela a d’abord concerné des tâches simples qui rythment leur quotidien. "D’abord concernant la gestion de leur outil de travail, leur camion, ils organisent désormais eux-mêmes les passages au garage, prennent les rendez-vous, signent les papiers nécessaires", détaille le dirigeant. Les conducteurs se sont vus confier la responsabilité de l’organisation de leurs plannings, aussi bien le planning d’exploitation hebdomadaire que celui des congés. Chaque équipe détermine qui va être en congés et à quel moment. Mais c’est sur un point plus surprenant que la méthode de GT Solutions se distingue : le recrutement. "Nous avons des chargés de recrutement, des responsables d’exploitation… mais ce sont les conducteurs qui ont le dernier mot. Ils rencontrent les candidats sélectionnés et déterminent avec qui ils veulent travailler", relate Matthieu Sarrat.
Éviter l’autonomisation tous azimuts
L’ETI de Bassens a surmonté l’écueil majeur de l’autonomisation tous azimuts "qui ferait que n’importe qui peut prendre n’importe quelle décision", assure-t-il. Pour ce projet, GT Solutions a été accompagné par une coach qui avait déjà déployé ce type de dispositifs dans d’autres entreprises. "Il fallait être très structuré dans le périmètre et le rythme de déploiement. Les salariés décident de la cadence et du périmètre sur lequel on les responsabilise. Leur manager les accompagne dans ce chemin exigeant mais passionnant".
Et d’admettre : "on ne mesure pas encore bien les bénéfices de cette autonomisation". Si les salariés se disent satisfaits de la mesure, l’entreprise n’a pas noté d’effet direct sur le turnover dans un secteur qui peine à recruter et à fidéliser ses salariés.
C’est l’un des nombreux défis que GT devra relever en 2022 après avoir connu une baisse de 17 % de son chiffre d’affaires (190 millions d’euros en 2020). Plombé par la baisse de son activité liée à la restauration et par une nouvelle crise aviaire qui a affecté son activité de transport de volailles. La croissance de certains secteurs comme la construction (+15 %) a toutefois permis de limiter la casse. "Cette période troublée nous a confortés dans notre choix d’être diversifiés, ce qui n’est pas évident dans un secteur des transports où les clients recherchent plutôt l’hyper spécialisation", souligne Matthieu Sarrat.
