Après un an d’exploitation de son site pilote de 700 m² à la Baume d’Hostun (Drôme), la Ferme Intégrale (7 salariés ; 1 M€ de CA estimé en 2024) se prépare à changer d’échelle cette année. Elle veut multiplier sa production par 10, une étape cruciale pour valider la rentabilité de son modèle d’aquaponie, destiné à être dupliqué dans toute la France.
Dans ce but, la société a finalisé en mai 2023 une levée de fonds en amorçage de 2,4 millions d’euros pour agrandir sa ferme pilote. Sa superficie passera à 6 600 m² et lui permettra de produire 40 tonnes de sandres et 80 tonnes de légumes feuilles (choux, épinards, salades, blettes) et aromatiques (persil ciboulette, basilic, cerfeuil, etc.), dont les racines se nourrissent dans l’eau. 1,5 million d’euros de capital ont été levés auprès de la Caisse des Dépôts (programme TIGA), le fonds CASRA, LITA. co, un investisseur professionnel et des business angels. Grâce au renforcement de ses fonds propres, la jeune pousse a pu contracter une dette bancaire d’un montant de 900 000 euros auprès de France Active, la Banque des Territoires, Bpifrance, le Crédit Agricole, etc.
Protéine locale
Constatant que 80 % des poissons consommés en France proviennent d’importations, Gabriel Faysse, président de la Ferme Intégrale, a imaginé avec ses deux associées, Marion Garnier et Lauranne Galliard, un modèle "vertueux" pour produire en circuit fermé des protéines locales et des légumes.
"L’aquaponie est une méthode de production qui élève en co-culture poissons et plantes dans un écosystème complémentaire où les déchets des uns deviennent la ressource des secondes", explique-t-il. Pour faire simple, l’eau des poissons fertilise les plantes qui ont, elles, le pouvoir de purifier le liquide qui est ensuite réacheminé vers les poissons. Nourri avec de la farine d’insectes, le poisson consomme moins de ressources que la viande à condition d’être produit localement en circuit quasi fermé, qui permet de recycler 95 % de l’eau à partir d’un remplissage originel de 400 m3. "Surnommé bar d’eau douce à cause de sa chair ferme et blanche, le sandre est bien adapté au réchauffement climatique", ajoute-t-il.
En effet, cette espèce supporte des variations de température entre 18 et 28 degrés, contrairement à la truite qui, au-delà de 18 degrés, ne se nourrit plus. L’hiver, l’eau est chauffée grâce à une chaudière biomasse bois. Toute l’année, les gaz à effet de serre produits par les poissons sont réinjectés vers l’espace végétal qui les absorbe. Enfin, le concept qui peut être développé sur une surface minimale de 5 000 m² permet de produire à proximité des villes pour éviter les flux logistiques.
Bénéfices du circuit court
"Nous commercialisons nos produits en circuit court auprès de restaurateurs, primeurs, magasins de producteurs et des enseignes comme Leclerc et Intermarché. C’est incroyable mais ces acteurs qui privilégient le local ne négocient pas les prix", se réjouit le dirigeant.
Prochaine étape : un développement en franchise à partir de 2024. "Nous avons un projet à Bourgoin-Jallieu et un autre à proximité de Gap", affirme celui qui prévoit d’accompagner à terme cinq à six projets par an. La Ferme accompagne les entrepreneurs de la conception des bâtiments jusqu’à la formation des équipes, la maintenance et même la recherche de financements. Pour se lancer, il faut compter environ 2 millions d’euros dont 400 000 euros en fonds propres.
