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"Je mise sur des hommes, pas sur des PowerPoint"
Interview Lyon # Finance

Bruno Rousset président d'Evolem Bruno Rousset président d'Evolem "Je mise sur des hommes, pas sur des PowerPoint"

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À la 184e position dans le classement Challenges des plus grandes fortunes françaises, Bruno Rousset, 62 ans, qui a commencé sa carrière en 1978 comme conseiller à la Mutualité française, est propriétaire à 100 % de la holding d'investissement Evolem, laquelle détient 65 % du capital d’April (928 M€, 3 800 salariés). De 8 huit pôles industriels rassemblés dans son activité « plateforme » (incubateur d’ETI) pesant de 9 à 91 millions d’euros, le dirigeant entend passer à 12 d’ici 4 ans.

Evolem plateforme (incubateur d’ETI), Evolem Start- (accélérateur), Evolem Immobilier… quel est le volume de chiffre d’affaires de ces centres de profits ?

Bruno Rousset : Evolem Plateforme génère un chiffre d’affaires d'environ 330 M€. Quant à Evolem Start, nous ne réfléchissons pas en termes de chiffre d’affaires mais d'entreprises accompagnées. Elles sont au nombre de 9 à ce jour (Woonoz, Amoéba, Les opticiens mobiles…) et nous avons l'ambition d'en suivre une dizaine supplémentaire à court terme. Evolem Immobilier a, pour sa part, réalisé 8 projets immobiliers dans le cadre du groupe. Mais ce dont nous sommes le plus fiers est Evolem Citoyen, notre fonds de dotation, qui a lancé 5 actions sociétales dont Eden School, une école numérique dédiée au 14-18 ans.

Vous annoncez vouloir élargir votre portefeuille au sein de la plateforme d’ETI. Quels sont vos critères ?

B.R : Les secteurs qui nous intéressent sont ceux où il existe une forte barrière à l’entrée, via une marque, une technologie ou une implantation géographique avec des perspectives de croissance et de développement international. Le chiffre d’affaires doit être compris entre 10 et 100 millions d’euros. Nous entrons au capital via des opérations majoritaires ou minoritaires via des tickets allant jusqu’à 20 millions d’euros. Mais en ce moment les prix sont très élevés…

Quelques exemples d’ETI dont vous êtes fiers ?

B.R : Sodikart (Nantes) est leader mondial de fabrication de karting. Nous misons aussi beaucoup sur Acoem, racheté à Areva en 2011. Nous voulons faire de cette ETI de 670 salariés pour 91,5 millions d’euros de chiffre d’affaires un leader mondial dans le domaine de la mesure et de la surveillance intelligente grâce aux technologies des vibrations, de l’acoustique, l’analyse de l’air et de l’eau. Cette entreprise doit par ailleurs permettre à l’ensemble des entreprises Evolem d’accroître ses performances en matière d’empreinte écologique.

Comment sélectionnez-vous les start-up d’Evolem Start?

B.R : Nous ne misons pas (ticket de 300k€ à 1,50 M€ en moyenne, NDLR) sur un PowerPoint ! Je n’investis pas sans validation de la preuve du concept et tant que les premiers clients ne se sont pas manifestés. Je rencontre systématiquement les dirigeants, lesquels jouent un rôle important dans la réussite des entreprises. Nous leur faisons passer des tests de psychologie, de graphologie. Je m’attache à leur personnalité car le dirigeant doit être capable dans un monde qui change très vite de faire pivoter son business model… Son état d’esprit, sa solidité sont clés dans notre choix d’investir, ou pas. Enfin le « go to market » doit être inférieur à un an.


Comment sourcez-vous les entreprises dans lesquelles vous voulez investir ?

B.R : Par de la veille, directe ou indirecte. J’ai par exemple organisé en novembre 2017 au siège de la région Auvergne-Rhône-Alpes l’événement « Insurrection ». Nous avons réuni sur une journée 250 acteurs du monde de l’assurance, dont 50 start-up ou insurtechs. C’était pour nous l’occasion de sentir les tendances, de repérer des entreprises. C’est ainsi que Evolem Start a pris des parts dans la start-up parisienne Luko qui conçoit des boîtiers domotiques intelligents.

Où en est le cluster dédié à l’assurance tech dans la Métropole ?

B.R : Les statuts sont en cours de rédaction. L’idée est de rendre notre profession plus attractive sur un plan RH et technologique, d’aider à recruter des clients, d’automatiser la gestion et d’opérer un travail sur les bases de données.

Selon les révélations de Médiacités, Evolem aurait loué les bureaux occupés par April pour 50 millions d’euros et sans le mentionner dans les documents de référence…

B.R : Ces informations figurent dans les documents de référence du groupe.


Mais elles ne l’ont pas toujours été ?

B.R : Non car ce n’était pas obligatoire à l’époque.

Et concernant le montant la somme perçue par Evolem ?

B.R : Nous sommes au prix de marché. Nous avons demandé une analyse à BNP Paribas Real Estate qui le montre. Nous facturions 215 € du m² pour Aprilium 1 tandis que les prix moyens constatés dans le quartier pour ce type de bien étaient de 272 €/m².

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