Un an après avoir créé Iligi, son agence spécialisée dans l’investissement immobilier, Jean Roucher fait un constat sans appel. "Il n’y a jamais eu autant d’épargne en France, ni de gens qui veulent acheter de l’immobilier. Mais je vois passer de plus en plus de dossiers d’acheteurs qui dépassent le taux maximal d’endettement de 35 %, ce qui les empêche d’accéder à un crédit bancaire, alors même qu’ils sont finançables. On peut pourtant facilement imaginer que quelqu’un qui gagne bien sa vie ou qui dispose d’un héritage pourrait dépasser ce taux sans risque pour investir dans de l’immobilier, qui est un moyen fiable pour se créer du patrimoine".
Création de la SCI et gestion locative incluses
Sa solution ? Se passer des banques grâce au co-investissement. Depuis septembre, il a ainsi lancé le Club Iligi, un service d’achat locatif qui permet d’accéder à la propriété sans passer par la case crédit. "Dans un premier temps, notre réseau de partenaires à Vannes, Paris, Lyon ou encore Toulouse nous propose une sélection de biens qui sont soumis au vote des membres du club. Les acheteurs intéressés peuvent alors en acheter une ou plusieurs parts, et nous nous occupons ensuite de la création et de la gestion de la SCI ainsi que de toute la partie gestion locative", expose le dirigeant, qui a levé 200 000 euros en juin dernier auprès de neuf associés pour développer son concept.
Avec des parts oscillant entre 5 000 et 12 000 euros auxquels s’ajoutent 990 euros de frais de constitution du dossier, les co-investisseurs se partagent ensuite les coûts de création de la SCI (1 900 euros), ainsi que ceux liés à sa gestion (1 500 euros par an). "Iligi ne détient aucune part des SCI créées. Les investisseurs reçoivent 100 % de la plus-value et peuvent revendre leurs parts sans frais de sortie, ce qui leur assure une certaine liquidité. Ces parts sont alors proposées en priorité aux membres du club", précise le dirigeant qui, depuis le lancement de son offre en octobre, a d’ores et déjà créé deux SCI rassemblant 22 co-investisseurs.
Créer un réseau en France puis à l’étranger
Un concept encore innovant dans le domaine des proptechs où la concurrence fait rage. Pour garder une longueur d’avance, Iligi a notamment pu compter sur le soutien d’Emergys, de la Région, de Bpifrance ou encore du Technopôle Brest-Iroise. Et si le Club Iligi reste à ce stade une plateforme 100 % web, Jean Roucher planche actuellement sur une application mobile. Il s’est par ailleurs fixé comme objectif de disposer d’un représentant par région d’ici un an, et n’exclut pas la possibilité de créer un réseau de mandataires ou de franchisés.
"Nous visons la création d’une cinquantaine de SCI d’ici cinq ans", poursuit celui qui emploie six salariés à l’heure actuelle, et prévoit un nouveau recrutement en janvier. Et l’ancien responsable entreprises d’Air Affaires, également passé par le commerce automobile avant de se lancer dans le courtage immobilier, ne compte pas s’arrêter aux frontières nationales. "Ce concept peut s’exporter partout dans le monde, et j’ai déjà une associée au Royaume Uni et un autre en Belgique", confie-t-il.
