Une formation à l’informatique pour personnes atypiques, dispensée au sein d’une entreprise classique, voilà le concept lancé par IDnow (ex-Ariadnext) à Cesson-Sévigné près de Rennes. Spécialisée dans l’identification numérique, IDnow emploie 450 collaborateurs dont 150 sur son site bretillien (le reste en Allemagne, Roumanie, Pologne…) et ne communique pas sur son chiffre d'affaires. Ses équipes d’ingénieurs et de développeurs mettent au point des produits de contrôle et de sécurisation des documents et de signature électronique, basés sur l’intelligence artificielle. Si IDnow a voulu créer une école inclusive, ce n’est pas tant pour recruter, mais plutôt pour alimenter la structuration d’une démarche autour du handicap. Celle-ci, menée en lien avec l’Agefiph, va plus loin qu’une politique RSE classique.
"Tout est parti d’un double constat, raconte Louise Le Bras, responsable RH. D’abord, le cofondateur de l’entreprise, Guillaume Despagne, était confronté à la difficulté de trouver une formation après la classe 3e pour son fils autiste. Il y a un vide à ce moment-là pour les jeunes atteints de troubles du neurodéveloppement. Ensuite, les entreprises ont besoin de collaborateurs pour assurer le support informatique simple, comme l’installation d’une imprimante, la gestion de matériels, et qui ne sont pas du ressort des ingénieurs informatique."
Administrateur réseau ou testeur informatique
La rencontre de Guillaume Despagne avec l’Institut Marie-Thérèse Solacroup (IMTS) de Dinard a permis de lancer, en octobre 2022, la première promotion de cette nouvelle école inclusive. Une douzaine de jeunes de 16 à 25 ans en situation d’autisme, suivent pendant un an une classe préparatoire au métier d’administrateur réseau et testeur en informatique. La formation est dispensée au rez-de-chaussée du récent siège d’IDnow par un formateur de l’IMTS, institut s’adressant aux profils atypiques (personnes atteintes de handicaps invisibles, de troubles du spectre autistique, d’hyperactivité ou de troubles Dys, par exemple). "Cet espace avait été pensé pour s’ouvrir au monde extérieur, par du coworking par exemple", rappelle Louise Le Bras. Il a donc trouvé sa vocation. IDnow le prête (avec le matériel informatique) à l’IMTS, qui se charge de "recruter" les jeunes. "D’octobre à avril, ils suivent des cours théoriques. Être ici les prépare à avoir un pied dans une entreprise. Ensuite, ils partent en stage à mi-temps en entreprise avant de revenir un mois à l’école puis de terminer par un été à temps plein au travail", détaille la responsable RH. Ils effectuent des tâches de support informatique ou de test de logiciel.
D’autres entreprises partenaires
Pour que cela fonctionne, IDnow a fédéré autour d’elle un réseau d’entreprises du numérique, avec notamment ses voisins Syrlinks, MV Group, b-com et BlueKanGo. Chacune accueille un stagiaire, et reçoit une sensibilisation à l’accueil de collaborateurs atypiques. "Certains sont gênés par le bruit, la lumière, le monde, les imprévus. Ces spécificités sont en réalité faciles à régler, et les autres collaborateurs s’adaptent aussi, souligne Louise Le Bras. Tout le monde apprend à leur contact. C’est aussi une forme d’ouverture d’esprit et de sensibilisation au handicap. En tant qu’entreprise, nous participons ainsi à la vie de la cité". Le projet vient d’ailleurs de recevoir le prix "Jeunesse" lors de l’édition 2023 des Trophées de l’entreprise inclusive portés par le Medef 35. À l’issue de la formation, les jeunes intègrent le monde du travail ou continuent à se former.
