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Gilles Caumont (Yeast) : « Quand nous investissons dans une start-up, elle a plus de chances de réussir »
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Gilles Caumont fondateur et président de l'association Yeast Gilles Caumont (Yeast) : « Quand nous investissons dans une start-up, elle a plus de chances de réussir »

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Gilles Caumont préside Yeast, une association de business angels qui a pris des participations au capital de 23 start-up du Grand Est. Au-delà de l’apport financier, les investisseurs accompagnent les jeunes dirigeants dans la conduite de leur entreprise.

Lorsque Gilles Caumont a fondé l'association de business angels Yeast en 2013, elle ne comptait que trois investisseurs. Aujourd'hui, ils sont une vingtaine — Photo : © Yeast

Le Journal des Entreprises : Comment est structuré le réseau de business angels lorrain Yeast ?

Gilles Caumont : Depuis sa création en 2013, Yeast est un réseau qui regroupe une vingtaine de business angels. Nous cherchons des entrepreneurs qui ont envie d’investir dans de jeunes entreprises qui doivent être innovantes et numériques. Nous sommes organisés en association sans but lucratif. Cette dernière n’investit pas dans les projets en propre, puisque chaque membre reste indépendant financièrement et libre d’injecter le montant qu’il souhaite dans les projets, ou de ne pas investir. Il n’y a pas de montant minimum et l’association est ouverte à tous les entrepreneurs.

« On n’est pas dans le capitalisme sauvage pour faire des revenus, mais plutôt dans une volonté de rendre à l’écosystème ce qu’il a pu nous apporter. »

En 2018, il y a eu neuf investissements pour un montant total de 700 000 €. Notre ticket moyen est de 80 000 € par entreprise. Nous crédibilisons les projets : cela permet un effet levier auprès des fonds plus traditionnels, comme les banques. Quand nous misons 1 euro, l’entreprise réussit à collecter en moyenne 7 €. Pour être financées par Yeast, les entreprises sont sélectionnées sur dossier, une sur quatre est reçue en moyenne. C’est surtout l’équipe de porteurs que nous regardons, ainsi que la maturité du projet.

L'apport de Yeast n'est-il que financier ?

G. C. : Yeast souhaite aussi faire bénéficier de l’expérience cumulée des membres aux porteurs de projet. Ce n’est pas du capitalisme sauvage pour faire des revenus mais plutôt une volonté de rendre à l’écosystème ce qu’il a pu nous apporter dans le passé. C’est de l’investissement en capital que nous négocions avec les porteurs, mais nous restons minoritaires et rentrons entre 15 et 25 % du capital au maximum. Si le projet s’effondre, l’argent investi est perdu.

« Selon les statistiques, seulement une start-up sur dix va vraiment décoller. »

Chez Yeast, les porteurs de projets trouvent deux choses : de l’argent, via un financement peu exigeant ni sur les conditions ni sur les taux, ainsi que de l’expertise dans tous les domaines liés au monde de l’entrepreneuriat. Les jeunes entreprises ont souvent beaucoup de trous dans la raquette. Nous essayons de les colmater.

Le réseau Yeast est-il à l’origine de belles réussites entrepreneuriales ?

G. C. : L’idée de Yeast reste d’investir dans les projets dès leur genèse. Nous sommes encore en phase d’investissements initiaux, puisque nous n'avons que cinq ans d'existence. Sur les 23 entreprises accompagnées, deux ont déposé le bilan. Notre vision est de penser que, quand nous soutenons une entreprise, elle a moins de chance de mourir, et plus de réussir. Selon les statistiques, seulement une start-up sur dix va vraiment décoller. Il faut donc multiplier les investissements pour trouver celle qui va en faire partie.

Nous sommes actionnaires de quelques pépites dans la région comme Vivoka, Wizzvet ou Fair & Smart. Cette dernière a reçu 225 000 € de la part des investisseurs de Yeast. 80 % de nos investissements concernent des projets du bassin lorrain, mais nous pouvons investir avec les organismes similaires des régions alentour : Alsace Business Angels par exemple. Nous avons créé une coordination qui s’appelle Est Angels pour mutualiser moyens et compétences. Wizzvet, par exemple, est basé à Strasbourg.

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