Export : quelle langue faut-il maîtriser pour vendre à l'international ?
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Export : quelle langue faut-il maîtriser pour vendre à l'international ?

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La maîtrise de la langue anglaise constitue-t-elle le passeport idéal pour exporter ses produits ? Rien n'est moins sûr car l'international nécessite une approche beaucoup plus fine...

L’anglais est parlé par 1,4 milliard de personnes dans le monde. Pourtant, il ne faut pas s’en contenter pour réussir à exporter ses biens et services. — Photo : CC0

Nombreux sont les chefs d’entreprise qui envisagent de proposer leurs services ou leurs produits en dehors des frontières de l’Hexagone. Mais il y a parfois un petit "hic" : quelle langue doivent-ils utiliser pour convaincre leurs clients potentiels ? Premier réflexe : l’anglais. Avec plus de 1,4 milliard de locuteurs, c’est en effet l’une des langues les plus parlées dans le monde. Et c’est aussi la langue étrangère la plus souvent enseignée à l’école. Mais contrairement aux idées reçues, cela ne suffit pas.

« L'anglais reste une langue internationale prédominante bien entendu, mais pour promouvoir un produit, créer du lien, fidéliser ses clients, il faut maîtriser la langue du pays dans lequel on souhaite s’implanter », explique Vincent Renard, directeur de l'agence de traduction In Puzzle à Rennes, qui répond à la demande croissante de chefs d'entreprise souhaitant se développer à l'international. Chez nous, les volumes traduits en japonais, chinois, coréen ou arabe augmentent chaque année », ajoute-t-il.

L'impact de la langue et de la culture

My god ! L’anglais ne serait donc plus le BA-ba de la communication internationale ? Pour le comprendre, il suffit de consulter Internet : aujourd’hui, la moitié des contenus sur le web est en anglais, mais d’autres langues comme l’arabe, le portugais et, bien sûr, le mandarin, viennent le concurrencer à grande vitesse. Pour l’e-commerce notamment, la tendance est à la gestion de plus en plus personnalisée des échanges.

« De nombreuses études montrent que l’on perd des marchés si on ne parle pas la langue de l’autre, et que l’on en gagne quand on s’exprime dans la langue du pays. Une campagne va se décliner en fonction de l’endroit où le produit est vendu. Il faut donc prendre en compte un ensemble de facteurs, où la langue, mais aussi la culture, jouent un grand rôle », explique le linguiste Michaël Oustinoff.

« On perd des marchés si on ne parle pas la langue de l’autre. »

C’est notamment le cas de la société Valrhona, une entreprise agroalimentaire française spécialisée dans la transformation du cacao. Implantée en Europe, en Asie et à New York, cette entreprise a toujours accompagné sa stratégie commerciale à l’international par la traduction de ses supports en allemand, en néerlandais, en italien, en anglais et en espagnol, mais aussi en japonais et en chinois.

« Si l’on veut être bien vendu, il faut que nos supports soient bien adaptés à nos vendeurs, surtout dans un domaine aussi délicat que celui de la gastronomie et du chocolat ! Comme le thé ou le vin, on parle de note aromatique, de terroir, etc. C’est un vocabulaire très spécifique qui doit être adapté à chaque langue, à chaque territoire », explique Claire Benistrand, chef de produit BtoC chez Valrhona.

Photo : chuttersnap on Unsplash

Ne pas oublier l'espagnol aux États-Unis

Aujourd’hui, les logiciels de traduction sont de plus en plus nombreux et disponibles dans de multiples langues. A priori, rien de plus simple que de recourir à ces outils. Mais l’efficacité est loin d’être garantie. Les entreprises peuvent faire appel à des traducteurs indépendants ou s’adresser à des agences de traduction afin d’optimiser l’adaptation de ses supports. « Nous proposons généralement un conseil en stratégie de contenus multilingues. Par exemple, si une entreprise fait 20 % de son chiffre d’affaires en Allemagne, nous lui conseillons de faire traduire les contenus de son site internet en allemand. Ou alors, quand une société veut exporter aux USA, elle va penser à l’anglais, bien sûr, mais si elle oublie l’espagnol, elle peut se priver d’autres clients, car 48 % des Américains sont hispanophones », rappelle Vincent Renard.

Christine Faulhaber, traductrice technique en allemand, le confirme : « Si l’on veut vraiment atteindre sa cible, il faut parler la langue du partenaire. Même pour un simple courrier destiné un client étranger, il est préférable de faire appel à un traducteur. Deux avantages : cela permet d’économiser le temps passé à bricoler une traduction grosso modo sur internet, et surtout, être sûr de la qualité du courrier. Pour un courrier de 400 mots, à 10 ou 11 centimes le mot, ce n’est pas une fortune ! »

Un traducteur peut aussi proposer d’autres services : « Quand je travaille régulièrement avec la même entreprise, c’est encore mieux, explique la traductrice. Je finis par bien connaître ses produits. Il est aussi possible d’accompagner un chef d’entreprise dans un salon ou de lui servir d’interprète pour une réunion par Skype. C’est généralement très efficace. »

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