Durrmann a le pied solidaire
# Santé # Artisanat

Durrmann a le pied solidaire

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Grâce à de nombreuses innovations et une volonté de maîtriser toute la chaîne de valeur, le cabinet Durrmann, qui revendique sa fibre artisanale, se démarque dans le secteur de semelles et de chaussures orthopédiques.

Photo : @JulienUguet

Fondé en 1985 à Saint-Brieuc, le cabinet Durrmann est spécialisé dans la fabrication et la commercialisation de semelles et de chaussures orthopédiques. A priori, un secteur d’activité comme un autre où la conception d’appareillages du pied rythme le quotidien depuis 32 ans.

Pourtant, chez Durrmann, présidé par Catherine et Jean, aujourd’hui rejoint par leur fils Pierre, le souci de faire de chaque patient, non pas un client, mais un partenaire sur le long terme, est quotidien. « Nous pourrions rentrer dans un système où nous enchaînerions les consultations pour ensuite aller faire fabriquer nos produits en Asie, confirme Pierre Durrmann. Nous pourrions également être agressifs commercialement en incitant nos patients à changer plus souvent de chaussures et de semelles, sachant que la prise en charge est assurée. Ces choix n’ont jamais fait partie de notre philosophie d’entreprise. »

Des pieds uniques pour des patients uniques

Pour le podo-orthésiste costarmoricain, l’approche se veut à la fois sociale et solidaire. « L’idée n’est pas de s’éloigner d’un modèle économique profitable comme toute entreprise puisque nous commercialisons 2 000 paires de chaussures et 1 500 semelles par an. Toutefois, nous avons cette volonté de faire du sur-mesure pour chaque personne, puisque chaque pied est unique. Certains n’ont que des petits tracas à régler quand d’autres des pathologies plus lourdes. À nous de leur permettre, via notre volonté constante d’innovation, de soulager leur problème une fois chaussé. »

Durrmann investit de manière régulière dans ses outils de production afin de conserver ce temps d’avance qui fait sa force. « Le dernier investissement concerne un agrandissement et un réaménagement du site de Plérin afin de gagner en efficacité, confirme Pierre Durrmann. À Morlaix, nous venons de finir la construction de nos nouveaux locaux de 150 m² attenants à une cordonnerie qui nous appartient afin de proposer une offre complémentaire. »

Des outils de numérisation 3 D

La numérisation 3 D est également l’une des forces de l’entreprise. « C’est un chantier majeur en constante évolution. Ce projet nous a permis de gagner en précision et en qualité. » Les « plans » de pieds sont ensuite transmis à l’usine de Loches, Podaction, détenue en GIE avec des confrères de Rennes, Nancy, Grenoble et Le Havre. « Ils reviennent à Plérin pour que le travail du cuir ou des résines puissent s’effectuer. C’est important de conserver cette proximité. »

La R&D fait partie de l’ADN de Durrmann. « On ne se contente pas de dupliquer des modèles. Si un patient veut une couleur spécifique ou un design atypique, nous le faisons sans faire flamber la facture. Nous travaillons depuis quelques mois sur la commercialisation d’un chausson de bain ou l’utilisation de composants carbones pour alléger le poids de chaussures. » Dans les cartons également, son souhait de lancer une gamme de chaussures de sécurité qui répond à des exigences réglementaires plus fortes que les gammes grand public. « Nous produisons déjà des bottes orthopédiques pour des agriculteurs dont une partie du pied est déformée ou amputée. C’est aussi cela notre rôle social. »

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