Coronavirus : les entreprises du textile de l'Ouest s'organisent pour fabriquer des masques
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Coronavirus : les entreprises du textile de l'Ouest s'organisent pour fabriquer des masques

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Des entreprises de la confection et du cuir de la région, spécialisées en grande majorité dans le secteur du luxe, entament la production de masques en tissu. Un mouvement coordonné par le groupement professionnel Mode Grand Ouest, installé à Cholet.

AD Confection compte parmi les 30 entreprises de la région mobilisées par Mode Grand Ouest pour confectionner des masques. — Photo : AD Confection

Face à la pénurie nationale de masques de protection contre le coronavirus, les entreprises de l'Ouest multiplient les initiatives pour répondre à cette crise à leur échelle. Exemple de cette solidarité dans les Pays de la Loire, où les entreprises se mobilisent de toutes parts, le lancement d'une production locale de masques, supervisée par le groupement Mode Grand Ouest.

Basé à Cholet, il rassemble 105 entreprises, comptant environ 3 000 salariés, dans les secteurs de la confection et de la maroquinerie. La semaine passée, il a travaillé sur un prototype de masque en tissu lavable et réutilisable, anti-gouttelettes, dit « de proximité ». Il ne s’agit pas donc pas d’un masque FFP2, mais dans l’attente d’une éventuelle homologation par la Direction Générale des Armées, à laquelle il a été transmis, la fabrication démarre.

Trente entreprises locales, avec près de 300 personnes, vont en confectionner environ 250 000 par semaine dans un premier temps, Mode Grand Ouest assurant la coordination de ce dispositif, monté dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.

Un prototype et le sourcing des matières

« On ne perd pas une minute, car chacune d’elles compte ! » Laurent Vandenbor, délégué général du groupement d’entreprises Mode Grand Ouest, est au cœur du mouvement coopératif mis en place au sein de la filière mode de la région.

Dès ce mardi 24 mars, des entreprises du secteur du luxe commencent la fabrication de masques en tissu. « Nos entreprises ont fermé dès l’annonce du confinement, pour plusieurs raisons, précise Laurent Vandenbor. Les ventes ont chuté d’au moins 50 %, beaucoup de matières premières, venant principalement d’Italie et du Japon, n’étaient plus disponibles et il fallait assurer la sécurité des salariés. Dans les ateliers, en temps normal, les postes de travail ne sont pas toujours très distants et les produits passent souvent d’une personne à l’autre. »

Passée cette fermeture, la filière a décidé de se fédérer pour lancer la fabrication de masques. Un prototype a été conçu et un sourcing des matières a été effectué. Les premiers tissus sont arrivés vendredi dernier, centralisés par Mode Grand Ouest. Ils ont commencé à être coupés dans quelques ateliers pour être répartis ensuite dans les 30 entreprises où les masques seront fabriqués.

Objectif : 500 000 masques par semaine

Pour l’instant, la production estimée de ces masques est d’environ 250 000 unités par semaine et une montée en charge devrait permettre d’atteindre 400 000 à 500 000 pièces hebdomadaires.

« C’est un véritable mouvement de solidarité, constate Laurent Vandenbor, et un vrai geste citoyen des entrepreneurs et de leurs salariés. Cela concerne des entreprises du bassin choletais, des Mauges, mais aussi de Vendée, de Sarthe, de Mayenne de la région de Bressuire, dans les Deux-Sèvres, et d’ailleurs. Nous avons choisi de ne faire travailler au début que 30 ateliers pour régler le cadencement et nous en intégrerons d’autres ensuite dans le dispositif. »

Exemple de mobilisation chez AD Confection

À Nuaillé, près de Cholet, l’entreprise AD Confection, qui emploie 20 personnes, avait prévu de s’installer dans de nouveaux locaux le mois prochain. Le déménagement attendra quelques semaines… L’atelier lance lui aussi la fabrication de masques, même si toutes les salariées ne sont pas présentes, certaines restant à domicile pour assurer la garde de leurs enfants.

« Nous avions cessé l’activité dès l’annonce du confinement, précise Jennifer Galliot, la dirigeante d’AD Confection. Depuis, les postes de travail ont été espacés d’au moins deux mètres. Les couturières auront des masques et des gants pour travailler et une serviette individuelle. Nous avons aussi modifié les horaires de travail et mis en place un système de rotation pour la pause déjeuner. Nous allons à la fois confectionner des masques et travailler sur nos commandes en cours. Pour l’instant, nous avons reçu 400 produits coupés, ce qui va concerner deux personnes en fabrication pendant deux jours, avant d’en recevoir d’autres. » Pour des raisons de sécurité, chaque soir, les masques ne resteront pas dans l'atelier.

Des masques distribués à différents secteurs

Les masques fabriqués par les différents ateliers seront centralisés par Mode Grand Ouest, et chacun des ateliers conservera 10 % de sa fabrication, qu’il pourra destiner dans son environnement proche aux associations, aux services locaux ou aux entreprises.

Le groupement assurera la distribution dans différents secteurs d’activité, agroalimentaire, pharmaceutique, industrie… « Partout où les besoins existent, précise Laurent Vandenbor. Il y a aussi certainement des gens qui peuvent travailler et qui n’en disposent pas actuellement. Tout ce qui relève du corps médical a une obligation de protection telle que pour l’instant, il ne lui sera pas proposé, en attendant le résultat de notre demande d’homologation. »

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