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Comment Gantois Industries tisse ses nouveaux débouchés
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Comment Gantois Industries tisse ses nouveaux débouchés

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Fabricant de tôles perforées et de tissus métalliques, Gantois Industries, basé à Saint-Dié-des-Vosges, a développé ses propres métiers à tisser le métal : un projet à 1,2 million d’euros qui a pu passer en phase de déploiement grâce à un financement apporté par le fonds de modernisation de la filière aéronautique.

Gantois Industries a investi en R&D pendant près de 3 ans pour concevoir de nouveaux métiers à tisser innovants — Photo : © Gantois Industries

« Sans ce coup de pouce, nous étions bloqués pour un an. » Pour Stéphane Lefort, directeur général de Gantois Industries, être désigné parmi les premiers lauréats du nouveau fonds de modernisation de la filière aéronautique en pleine crise sanitaire, « c’est la cerise sur le gâteau ». Concrètement, le producteur de tissus métalliques, de tôles perforées et de filtres métalliques basé à Saint-Dié, dans les Vosges, va pouvoir injecter les 1,2 million d’euros nécessaires pour aller au bout d’un projet lancé il y a trois ans, visant à concevoir de nouveaux métiers à tisser le métal.

Des produits à plus forte ajoutée

Un enjeu stratégique pour la PME qui emploie 200 salariés et pèse 28 millions d’euros de chiffre d’affaires : « Nos machines sont vieillissantes et on ne trouve pas sur catalogue des métiers capable de tisser avec des fils d’inox de l’épaisseur d’un cheveu », détaille le directeur général de Gantois. Travaillant pour les marchés de l’environnement, de l’automobile, de l’aéronautique, des process industriels et du bâtiment, Stéphane Lefort veut aller chercher plus de valeur ajoutée grâce aux possibilités ouvertes par ses nouvelles machines, entièrement conçues en interne.

« Non seulement nous ne voulons pas rester un fournisseur lambda pour nos donneurs d’ordre, en allant vers des produits finis, mais nous voulons aussi nous ouvrir de nouveaux débouchés », précise le directeur général, qui évoque par exemple la possibilité d’intégrer des tissus à motifs entre deux parois de verre. « L’idée est de créer des produits sur lesquels il y a davantage de valeur ajoutée », décrit-il, et ainsi trouver des relais de croissance dans des activités comme la décoration. « Nous n’avons pas encore sondé le marché ni lancé la prospection, mais nous avançons », lance Stéphane Lefort. Consommant moins d’énergie au mètre carré de tissu réalisé, ces nouvelles machines vont aussi permettre de créer des tissus métalliques en 3D.

L'aéronautique en baisse de 85 %

La crise sanitaire n’aura pas donc eu raison de la volonté de Gantois Industries, filiale à 100 % du groupe normand Drouault, de continuer à se développer : si l’exercice 2020 doit se terminer sur un niveau d’activité en baisse globale de 30 %, Stéphane Lefort constate déjà que l’aéronautique est en baisse de 85 % sur le second semestre 2020 et « devrait être en retrait de 50 à 60 % par rapport au niveau d’avant crise jusqu’en 2022 ». Pesant 21 % de l’activité, l’aéronautique restera un marché stratégique pour Gantois : « Nous allons livrer Airbus, dès 2021, avec une protection innovante contre la foudre », révèle Stéphane Lefort.

Le directeur général souligne que le résultat net de Gantois Industries « ressortira à 0 en 2020 », contre un gain de près de 800 000 € sur l’exercice précédent mais, paradoxalement, la société a continué à se désendetter pendant la crise. « Nous n’avons pas pris de prêt garanti par l'État, nous avons bloqué nos investissements et réduit les frais généraux », précise le directeur général, qui revendique une gestion en "bon père de famille". Le dirigeant s’attend à de nouveaux « trous d’air » dans l’activité. « Sur l’habillage de façades métalliques, où nous avons enregistré des croissances à deux chiffres, notre carnet de commandes est plein, mais les chantiers ne démarrent plus… », déplore-t-il.

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