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Bouyer Leroux investit massivement dans sa décarbonation
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Bouyer Leroux investit massivement dans sa décarbonation

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L’industriel Bouyer Leroux, à La Séguinière (Maine-et-Loire) a lancé un vaste plan d’investissement dans la réduction de son empreinte carbone. Au total, il injecte 76 millions d’euros pour atteindre un objectif de décarbonation de 90 % en 2027.

Actuellement, encours d’installation, le foyer bois de Bouyer Leroux, à La Séguinière, représentera une économie de CO2 de 10 000 tonnes par an, selon Sébastien Elissalde, directeur Energie Environnement du groupe — Photo : Olivier Hamard

Le groupe industriel Bouyer Leroux est en train d’investir 13,2 millions d’euros pour décarboner l’activité de son site historique, basé à La Séguinière, dans le Maine-et-Loire. Ce site abrite la plus grande briqueterie de l’Hexagone. Elle est l’un des 30 sites du groupe (28 en France, 2 en Belgique), qui emploie 2 000 salariés pour 540 millions d’euros de chiffre d’affaires sur son exercice 2023-2024.

Regroupant une partie de ses activités sous forme de société coopérative - la Scop Bouyer Leroux qui compte 550 salariés sociétaires -, Bouyer Leroux, leader français sur le marché des produits de construction en terre cuite, s’est engagé depuis 2018 dans un vaste plan d’investissement pour réduire son empreinte carbone. Au total, sont investis plus de 76 millions d’euros avec pour objectif d’aller bien au-delà des normes attendues par la réglementation et d’atteindre 90 % d’énergie décarbonée d’ici 2025-2027.

"Une stratégie entrepreneuriale de développement durable et équilibré"

L’engagement dans la réduction de l’empreinte carbone au sein de Bouyer Leroux remonte à 40 ans. Mais c’est en 2017 que l’entreprise de la Séguinière a accéléré, avec la décision d’investir fortement pour atteindre d’importants objectifs de décarbonation. Objectifs qui entrent dans une stratégie plus globale.

De gauche à droite: Julien Perez, directeur marketing, Roland Besnard, PDG, Sébastien Elissalde, directeur énergie environnement, Jérôme Gautron, directeur du développement, et Pierre-Alexandre Cheminel, directeur général adjoint de la Scop Bouyer Leroux — Photo : Bouyer Leroux

"C’est une stratégie entrepreneuriale de développement durable et équilibré, explique Roland Besnard, PDG de la Scop Bouyer Leroux. Elle inclut des enjeux sociaux, fidèles à l’esprit de la Scop, la volonté d’équilibrer la part de la rénovation et de la construction neuve dans le chiffre d’affaires du groupe, ce que nous avons atteint et l’aspect environnemental, avec entre autres la gestion responsable de la ressource, la maîtrise des consommations en recourant à des énergies décarbonées, la production d’énergie verte et la mise sur le marché de solutions de construction qui limitent les émissions de gaz à effet de serre."

76 millions d’euros investis

C’est dans la décarbonation du process industriel de la fabrication de produits en terre cuite que le groupe investit donc 76 millions d’euros, avec des projets menés dans plusieurs sites en France. Il s’agit pour Bouyer Leroux de réduire les émissions de CO2 à la fois dans les opérations de séchage et de cuisson de ses produits. Déjà l’empreinte carbone liée à la fabrication de ses briques Bio’Bric' a été réduite de 25 % ces dernières années, en utilisant plus d’énergies décarbonées et en optimisant ses process. Et fin 2022, 5 des 7 sites de production de briques de mur du groupe affichaient un taux moyen de décarbonation de 45 % Il s’agit maintenant d’aller plus loin, avec ce plan massif d’investissement.

Séchage du bois à La Séguinière

À La Séguinière, ce sont ainsi 13,2 millions d’euros qui sont actuellement investis, dans la mise en place d’un foyer bois, pour le séchage des produits.

Le site historique de Bouyer Leroux à La Séguinière est la plus grande briqueterie de France. IL fabrique 300000 tonnes de briques par an — Photo : Bouyer Leroux

Le site, qui emploie 100 personnes et produit 300 000 tonnes de briques par an, l’équivalent de 18 000 maisons, se dote d’un foyer pour le séchage qui fonctionnera avec du bois de mobilier issu de déchetteries, environ 15 000 tonnes par an, fourni par le groupe angevin Brangeon. L’équipement, d’une puissance de 10 MW sera opérationnel en au premier trimestre 2024. "Cela représentera une économie de CO2 de 10 000 tonnes par an, explique Sébastien Elissalde, directeur Énergie Environnement du groupe, et couvrira les besoins de nos trois séchoirs." L’activité du site sera après travaux décarbonée à 85 %, avec l’utilisation de 15 % de gaz, de 10 % de biogaz et 40 % de sciure de bois pour les fours de cuisson, et de 35 % de bois-mobilier pour le séchage des produits. Par ailleurs, 5 millions d’euros sont investis dans le process, pour intégrer en 2026 des biocombustibles dans la matière première, un mélange d’argile, ce qui permettra de réduire l’énergie nécessaire à la cuisson et rend la brique plus légère et plus isolante.

Investissements dans la Loire et en Gironde

À Mably, dans la Loire, l’activité va être décarbonée à 75 % : le groupe y investit en effet 9,2 millions d’euros dans la construction d’une usine de préparation de biomasse qui sera mise en service fin 2024 et alimentera le four.

Sur le site de Gironde-sur-Dropt (Gironde), qui emploie 52 personnes et produit chaque année 150 000 tonnes de briques, soit l’équivalent de 9 000 maisons, Bouyer Leroux investit environ 13 millions d’euros dans un projet appelé "Giravenir". Là aussi, l’activité sera décarbonée à 85 %, grâce au passage de deux à une seule ligne de production, sans perte de volume. Les énergies qui y sont utilisées sont pour 28 % du gaz, pour 55 % de la sciure et des écorces de bois et pour 17 % d’autres combustibles tels que des coques de tournesol ou des grignons d’olives. Le projet débutera en août 2024 et sera opérationnel au premier trimestre 2025.

Photovoltaïque

Par ailleurs, le groupe veut s’engager dans la production d’électricité avec des équipements photovoltaïques. "L’objectif est de compenser d’ici 2027 tous nos besoins électriques, précise Sébastien Elissalde, et nous serons probablement au-delà de 100 %. D’ici 2025, nous devrions produire l’équivalent de 85 % de l’électricité consommée sur l’ensemble de nos sites."

Selon les unités, des panneaux seront installés sur des ombrières sur les parcs de stockage ou sur d’anciens gisements. Un projet a déjà été lancé à Cantois (Gironde) et d’autres sont bien avancés à La Boissière-du-Doré (Loire-Atlantique), à Mably et à Saint-Marcellin-en-Forez, dans la Loire.

Lancement d’une brique bas carbone

Au-delà de la décarbonation de sa production, Bouyer Leroux travaille aussi sur l’impact de ses produits, en améliorant la performance de ses produits. Le groupe lancera une brique bas carbone en 2024. "Le seuil de l’impact carbone dans la construction va diminuer peu à peu d’ici 2031 pour atteindre 35 %, indique Roland Besnard. Nous y contribuons et nous voulons conserver notre avance dans ce domaine. Dans les autres sociétés du groupe, on travaille aussi sur ces questions ; comme le fabricant de volets roulants SPPF à Cholet qui utilise une part de matériaux recyclés, les groupes Maine et Soprofen, qui investissent aussi pour atteindre 50 % d’utilisation de matière recyclée. L’ensemble du groupe est engagé et chacun le fait à son échelle." Le fabricant de parquets Panaget, qui travaille avec du chêne français et investit quant à lui pour une meilleure utilisation de ses équipements de préséchage, et le spécialiste des produits en breton de béton Robert Thébault, s’oriente de son côté vers l’utilisation d’un ciment bas carbone.

Cap sur les 750 millions d’euros de chiffre d’affaires

Tout en investissant fortement dans la réduction de son empreinte carbone, Bouyer Leroux poursuit sa croissance. Le groupe a enregistré une hausse de son chiffre d’affaires de 8 % sur le dernier exercice. Malgré un ralentissement de l’activité dans le secteur de la construction, il reste confiant, étudie des projets d’éventuelles croissances externes, et veut continuer de grandir. Il veut porter la part de la rénovation à 60 % de son chiffre d’affaires, alors qu’elle ne représentait encore que 20 % il y a 10 ans, et envisage d’atteindre 750 millions d’euros d’ici 2030.

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