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2024, l'année des projets dédiés à la mobilité électrique
Hauts-de-France # Industrie # Investissement

2024, l'année des projets dédiés à la mobilité électrique

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En matière d'investissements, l'année 2023 se démarque. Une rupture s'est opérée en termes de conscience de l'urgence climatique et cela se traduit dans les chiffres. Si les Hauts-de-France sont toujours la cible d'investissements industriels classiques ou d'infrastructures, on trouve cette année en tête de peloton des investissements colossaux liés à la mobilité électrique, ainsi qu'à la décarbonation.

Dans les Hauts-de-France, les investissements de l'année 2023 ciblent largement la mobilité électrique, avec quatre gigafactories de batteries électriques sur les rails et de nombreux projets portés par d'autres acteurs de la filière — Photo : Pandora Studio

1. Quatre gigafactories de batteries électriques sur les rails

L'année 2023 aura été incontestablement marquée par les annonces d'investissements destinés à transformer, ces prochaines années, la région Hauts-de-France en Vallée de la batterie électrique. Quatre projets de méga usines (ou gigafactories) de batteries électriques sont ainsi lancés dans la région. L'une d'elles est déjà en partie sortie de terre : l'usine ACC de Douvrin (Pas-de-Calais), dont une première phase a été inaugurée en mai dernier. Portée par trois actionnaires (Stellantis, TotalEnergies et Mercedes), elle est le fruit d'un investissement de 850 millions d'euros. Elle doit créer 2 000 emplois directs d'ici 2030. D'autres s'apprêtent à voir le jour, dont l'usine AESC à Douai. Portée par le constructeur Renault et l'industriel sino-japonais Envisio, cette usine représente un investissement d'1,3 milliard d'euros, avec une première phase prévue en 2025. Elle doit engendrer 1 200 emplois directs dans les trois prochaines années et jusqu'à 3 000 emplois à l'horizon 2030. Deux autres projets d'usine sont confirmés à Dunkerque (Nord) : l'un porté par la société taïwanaise Prologium, qui va investir 5,2 milliards d'euros sur 7 ans, avec 3 000 emplois directs à la clef et l'autre, porté par la start-up grenobloise Verkor, avec une ouverture en 2025 et 1 200 salariés, pour un investissement de 2,5 milliards d'euros. D'autres gigafactories pourraient encore voir le jour : au moment où nous écrivons ces lignes, l'industriel estonien Skeleton Technologies cherche un site en Europe pour y implanter une future usine de production de batteries électriques et les Hauts-de-France figurent dans la short list.

2. Des projets de recyclage des batteries électriques

Ces quatre gigafactories attirent en région des acteurs dans le domaine stratégique du recyclage des batteries. L'industriel canadien Li-Cycle, qui opère des unités de recyclage à haut rendement de batteries lithium-ion, a ainsi annoncé, au printemps, avoir retenu Harnes (Pas-de-Calais), pour sa première unité européenne de recyclage. Opérationnelle dès 2024, elle démarrera avec une capacité de traitement de 10 000 tonnes de matériaux de batteries, pour atteindre 25 000 tonnes à terme. Un autre acteur du recyclage des batteries, Eramet, leader minier et métallurgique européen, a retenu Dunkerque (Nord) pour installer son usine de recyclage de batteries de véhicules électriques. Ni le nombre d'emplois créés ni le montant de l'investissement ne sont connus, mais Eramet a bénéficié d'une subvention de l'Union européenne et de Bpifrance d'un montant total de 80 millions d'euros, afin de financer les études de pré-industrialisation, la construction des usines et les coûts de fonctionnement des 10 premières années. Enfin, le chinois XTC et le français Orano (ex-Areva) ont annoncé en mai dernier un investissement d'1,5 milliard d'euros pour créer, en joint-venture et sur le port de Dunkerque, une usine de cathodes destinées aux batteries Lithium, avec 1 700 emplois à la clef. Sur ce futur site, Orano recyclera également des matériaux (de la masse noire) de batteries électriques, en partenariat avec le constructeur Stellantis.

3. La naissance d'une filière autour des batteries électriques

Ces projets en entraînant d'autres, on assiste peu à peu la constitution d'une véritable filière de la batterie électrique dans les Hauts-de-France. L'ETI Axens a dévoilé en octobre un projet d'implantation d'une usine dans les Hauts-de-France, pour produire des matériaux de cathode. Il s'agit d'un mélange de poudre : nickel, cobalt et manganèse, auxquelles s'ajoute ensuite du lithium. Le tout est indispensable à la fabrication de batteries électriques et est, pour l'heure, intégralement produit en Asie. Axens n'a pas encore arrêté son choix concernant le terrain, mais est intéressé par Dunkerque. Ce projet, qui représente un investissement de 500 millions d'euros et 400 emplois directs à terme, est mené en partenariat avec l'industriel chinois Hunan Changyuan Lico.

4. Electro'Mob : 25 millions d'euros pour former à la mobilité électrique

Pour accompagner et structurer cette filière régionale de la mobilité électrique, en répondant à ses besoins en main-d'œuvre, la Région Hauts-de-France a annoncé la mise en place d'Electro'Mob, une enveloppe de 25 millions d'euros de financements publics et privés, dédiée à la formation dans ces métiers. Porté par 40 partenaires (les principaux constructeurs automobiles implantés dans les Hauts-de-France, le monde académique et universitaire et les représentants de la filière automobile ARIA-PFA), Electro'Mob compte dispenser plus de 11 000 modules de formation aux nouvelles compétences de l'industrie automobile et former plus de 8 000 personnes (jeunes, demandeurs d'emploi ou salariés) d'ici 2030.

5. Les locomotives de la décarbonation

Outre ces grands projets liés à la mobilité électrique, la décarbonation a de manière globale le vent en poupe dans les Hauts-de-France. Une tendance générale qui est portée par quelques locomotives, à l'image du dunkerquois. Ce territoire est engagé depuis 2015 dans une démarche visant à atteindre le zéro carbone en 2050, ce qui lui donne une longueur d'avance en la matière. Lauréat en 2019 de l'appel à projets TIGA (Territoire d'Innovation - Grande Ambition) du Programme Investissement d'Avenir (PIA), et d'une enveloppe de 38 millions d'euros de subventions, Dunkerque a su fédérer les acteurs locaux (460 entreprises industrielles), pour créer une nouvelle économie du carbone. Par exemple, la chaleur fatale des uns alimente les process des autres, le CO2 est capté et mutualisé pour être utilisé dans un process industriel, transformé ainsi en kérosène bas carbone, etc. L'initiative est loin d'être anodine, car avec 13,7 millions de tonnes de CO2 émises par an, le dunkerquois représente 72 % des émissions régionales de CO2 et 21 % des émissions nationales.

Les industriels ne sont d'ailleurs pas en reste et ont annoncé courant 2023 d'importants investissements en la matière. L'aciériste ArcelorMittal consent un investissement d'1,7 milliard d'euros pour décarboner ses sites de Fos et de Dunkerque. Le même chemin est emprunté par l'industriel nordiste GSK, unique producteur de vaccins dans les Hauts-de-France. En début d'année, il a annoncé un investissement de 10,6 millions d'euros afin de décarboner son activité, par ailleurs en plein développement. Une réduction de 30 % des émissions de CO2 est attendue dès 2024. Un autre gros projet de décarbonation est porté par l'industriel allemand KSB (2,5 milliards d'euros de CA), qui annonce un investissement de 13,5 millions d'euros pour décarboner son usine de Sequedin, près de Lille (Nord). Ce fabricant de robinets et pompes ambitionne de diminuer de 98 % les émissions carbone de cette usine, passant de 815 tonnes équivalent CO2 émises en 2021, à 15 tonnes équivalentes CO2 émises en 2027. Sans oublier les 180 millions investis par le groupe belge Lhoist, dans son usine française de Réty (Pas-de-Calais). Cet effort entre dans le cadre du contrat de transition énergétique signé en mai dernier avec le gouvernement. Le groupe s'engage à réduire d'ici à 2030 et 2050 les émissions de gaz à effet de serre.

6. Le chantier du Canal Seine-Nord se poursuit

L'année 2023 a également eu son lot d'annonces concernant de grands projets d'infrastructure. Parmi eux, celui du Canal Seine-Nord Europe, attendu de longue date. Longtemps reporté, le chantier est enfin lancé, avec le démarrage début 2022 des grands travaux préparatoires, préalables au creusement de cette voie d'eau de 107 kilomètres pour 54 mètres de large et 4,5 mètres de profondeur, qui doit relier Compiègne (Oise) à Aubencheul-au-Bac (Nord). Ce chantier pharaonique, d'un montant total de 5,1 milliards d'euros, a reçu en juin 2023 une enveloppe supplémentaire de 405 millions d'euros de la part de la Commission européenne, au titre du MIE, un programme de financement des projets d'infrastructures dans les secteurs de l'énergie, du transport et des télécommunications de l'Europe.

7. L'aéroport de Lille investit pour suivre l'envol de son trafic

Autre projet de longue haleine, celui de l'extension de l'aéroport de Lille-Lesquin. Il se poursuit, après avoir un temps freiné par la crise sanitaire. Représentant un montant d'investissement de 100 millions d'euros, cette extension doit accompagner le développement du trafic. L'aéroport de Lille prévoit d'atteindre près de 4 millions de passagers en 2039, contre 2,2 millions d'euros en 2019.

Parmi les autres chantiers importants figure aussi la nouvelle Cité administrative, dans le quartier en rénovation de Lille Sud. L'État, maître d'ouvrage, investit 107 millions d'euros pour loger quelque 2 000 agents de 18 directions en région. L'ensemble s'étendra sur 38 400 m², répartis dans cinq bâtiments reliés entre eux par une rue intérieure et disposant de 480 places de parking.

8. Les projets dédiés à la production d'énergie

Dans le domaine de l'énergie, de grands projets structurants sont également en cours dans la région. D'un côté, le projet d'implantation de deux réacteurs EPR2 sur le site de la centrale nucléaire de Gravelines (Nord), porté par EDF et représentant un investissement estimé à 16 milliards d'euros. Au pic du chantier, qui pourrait démarrer dès 2026, pour une mise en service à l'horizon 2038, EDF n'attend pas moins de 8 000 salariés et plusieurs milliers d'emplois indirects et induits. De l'autre, il y a encore la création d'un parc éolien offshore au large de Dunkerque. Représentant un coût d'1,4 milliard d'euros, ce parc comporterait au maximum 46 éoliennes, situées à plus de 10 km de la côte, sur une surface maximale de 50 km². Il permettrait la production de 2,3 TWh d'électricité par an, soit l'équivalent de la consommation annuelle de près de 950 000 habitants. En 2023, le projet a fait l'objet de plusieurs manifestations d'opposition. Le préfet doit donner ou non son feu vert début 2024 pour ce parc éolien, dont la mise en service est prévue en 2028. Toujours dans le domaine de l'énergie, la première pierre du bâtiment principal d'Euraénergie a été posée à Dunkerque en juin dernier. Ce futur parc d'activités et de formation sera consacré à la transition énergétique, la décarbonation et l'économie circulaire. Installé sur 5 hectares et représentant un investissement de près de 12 millions d'euros, Euraénergie ouvrira ses portes à la fin du deuxième trimestre 2024.

9. Les grands investissements industriels

Enfin, plusieurs grands projets industriels ont été annoncés courant 2023. Portés par des entreprises privées, souvent à capitaux étrangers, ils sont synonymes d'emplois pour la région. L'un des plus importants est celui de l'industriel belge Agristo, qui investit 350 millions d'euros pour reprendre le site de l'ancienne sucrerie Tereos, à Escaudœuvres, dans le Nord. Le groupe va y construire une usine de produits surgelés à base de pommes de terre, avec la création de 350 emplois en 2027. De son côté, le groupe chimique américain The Chemours Company (6,3 Md$ de CA 2021) a annoncé en janvier un investissement de 200 millions de dollars (185 M€) sur son site de Villers-Saint-Paul, dans l'Oise, pour en augmenter la capacité de production. Viennent ensuite les 135 millions d'euros portés par l'industriel danois Rockwool, en vue d'implanter dans la Somme une usine de production de laine de roche. Un temps retardé par ses opposants, ce projet a reçu en juillet le feu vert du tribunal administratif d'Amiens. Cette usine doit générer 130 emplois directs. Vanheede Environnement, filiale du groupe familial belge Vanheede, a lui aussi annoncé en début d'année un investissement de 50 millions d'euros pour renforcer son site, situé à Billy-Berclau, dans le Pas-de-Calais. Sa capacité de traitement de déchets non dangereux doit passer de 140 000 tonnes à 250 000 tonnes. Restalk France, filiale de l'entreprise américaine Restalk Inc., consent un investissement de 38 millions d'euros, pour implanter sa première usine européenne dans l'Aisne. Celle-ci transformera des résidus agricoles en matériaux destinés à la fabrication d'emballages biosourcés, avec une mise en service courant 2025, générant 50 emplois directs. Le fabricant vendéen Atlantic muscle quant à lui son usine de Billy-Berclau, dans le Pas-de-Calais, avec un investissement de plus de 30 millions d'euros, pour une extension de 5 000 m², l'implantation d'un centre technique et enfin, l'augmentation de la capacité de production. Enfin, le lyonnais Plastic Omnium (8 Md€ de CA en 2021) a annoncé cette année la construction, à Compiègne (Oise), d'une usine de fabrication de réservoirs à hydrogène qui sera "la plus importante d'Europe".

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