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Coronavirus – Rise Partners : «L’innovation est une partie de la réponse pour sortir de la crise »
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Jonathan Laroussinie président de Rise Partners Coronavirus – Rise Partners : «L’innovation est une partie de la réponse pour sortir de la crise »

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Créateur d’entreprises dans le digital, passé par la direction de la gestion client chez Sony, Jonathan Laroussinie est revenu poser ses valises à Sophia Antipolis pour partager ses années d’expérience internationale dans l’innovation en créant l'an dernier Rise Partners. Société de conseil, elle accompagne une quinzaine de start-up qui pourraient bien apporter le souffle innovant manquant aux plus grandes pour traverser cette crise.

Aqua-Module est une des quinze start-up accompagne par la société Rise Partners. L'entreprise innovante azuréenne créé des structures modulaires flottantes comme ces pontons. — Photo : Aqua-Module

Vous avez co fondé Rise Partners, entreprise de conseil spécialisée dans l’innovation, en 2019 à Sophia Antipolis. En quoi entend-elle se distinguer ?

Jonathan Laroussinie : Nous couvrons les besoins larges des entreprises innovantes en leur apportant un accompagnement de proximité en comptabilité, RH, marketing, digital, technique… Nous jouons un rôle de board exécutif. Pour cela, nous mettons à leur disposition des mentors chevronnés, des « partners », une douzaine aujourd’hui, et des coaches pour les aider ponctuellement à gérer l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

Nous faisons, par ailleurs, le trait d’union entre ces start-up et le monde du « corporate », permettant d’identifier les solutions innovantes les plus adaptées aux besoins de ces grandes entreprises et de les intégrer dans leur organisation. Notre mission est de contribuer au développement d’un écosystème plus vertueux.

Dans le contexte que nous vivons, comment se poursuit l’activité de Rise Partners ?

Jonathan Laroussinie : Il y a eu un pic de demandes en début de confinement. Nous avons fait entrer, depuis, deux nouvelles start-up : une dans les VTC et une dans le secteur maritime. La sélection se fait toujours selon une conviction de potentiel. Cette conviction s’appuie avant tout sur l’entrepreneur ou l’équipe qui porte le projet puis sur sa capacité à s’entourer ainsi que sur le potentiel de marché. Nous accompagnons une quinzaine de start-up à ce jour.

Comment aidez-vous ces start-up à traverser la crise ?

Jonathan Laroussinie : Il faut réduire les charges en fonction de l’activité, redéfinir son besoin de financement au vu des prévisions, négocier avec ses partenaires financiers. Nous n’hésitons pas à entrer dans la négociation, c’est toute l’utilité d’avoir un board.

Il faut ensuite rapidement viser la sortie en établissant plusieurs scénarios. Nous en retenons deux. Nous estimons la capacité d’investissement, revoyons le business plan et relançons la machine selon un plan marketing adapté. Nous essayons de challenger tous les plans possibles. Il faut redémarrer l’activité, positionner l’offre le mieux possible. Les start-up doivent être agiles.

« Les grandes entreprises vont devoir se différencier, avec des capacités d’investissement diminuées. »

Les conséquences de la crise peuvent-elles être positives pour les entreprises innovantes ?

Jonathan Laroussinie : La particularité d’une entreprise innovante est précisément de s’adapter. La crise va accélérer les choses. Les grandes entreprises vont devoir se différencier, avec des capacités d’investissement diminuées. Les start-up n’attendent que ça, elles sont prêtes. Je crois fondamentalement que l’appareil innovant est une partie de la réponse pour sortir de la crise. Il va falloir être capable de se repenser suivant des logiques très transversales.

Sur l’ensemble des start-up que nous accompagnons, je suis à 100 % positif sur leur capacité à répondre aux besoins des grandes entreprises. Je suis optimiste, mais je reste très prudent sur la vitesse de développement de cet écosystème.

Comment pouvez-vous être si sûr de leur capacité à traverser cette crise ?

Jonathan Laroussinie : Les entreprises les plus fragiles auraient de toute façon connu des difficultés majeures si elles ne rencontraient pas leur marché avant la crise. Mais les plus solides grâce à leur innovation, pourront s’adapter.

Prenons l’exemple de GoMecano qui répare votre véhicule à domicile ou sur votre lieu de travail. Il faut être capable de fournir gratuitement des services aux soignants comme GoMecano le fait actuellement, d’obtenir pour cela le soutien financier d’Allianz, mais être ensuite capable de reprendre son modèle économique. Pour cela nous avons ainsi étudié des scénarios de développement, revu sa capacité de développement, revu les ambitions avec des niveaux d’accélération.

Autre exemple, celui d’Aquamodule qui construit des pontons flottants modulaires. L’entreprise est en fort développement. Elle peut fournir des constructions nautiques dans des délais records et à des prix très intéressants. Il lui faut être capable de surmonter l’arrêt du Mipim ou du Festival de Cannes, et rester prêt à assurer le Cannes Yachting en septembre. Chez nous, sa vocation est essentiellement touristique, tournée vers l’événementiel mais son innovation pourrait être aussi répondre à des besoins très différents dans des pays qui doivent faire face aux effets du dérèglement climatique, comme le Bangladesh menacé par la montée des eaux. La stratégie de l’entreprise porte ainsi sur plusieurs années, selon un modèle industriel qui s’apparente au BTP.
D’autres start-up sont construites sur des modèles qui vont bénéficier du contexte, qui s’inscrivent dans la RSE des entreprises, à l’image de WeGive, plateforme de mécénat d’entreprise participatif, ou encore InfraOps dans la cybersécurité.

Comment voyez-vous la suite ?

Jonathan Laroussinie : Je suis confiant sur leur capacité d’accélération. On se concentre tout de suite sur l’après. On s’adapte, on réduit, on pivote, on accélère. Chaque cas est très spécifique. Mais nous n’avons pas vocation à maintenir cet accompagnement. Nous devons les accompagner jusqu’à ce qu’elles soient autonomes. L’objectif de l’entreprise est de se développer prioritairement en organique, même si elle lève des fonds. Ancrer les investissements sur le territoire, en lien avec les acteurs du territoire, c’est ça qui attirera du monde ici.

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