L’environnement marin possède désormais sa plate-forme de Big Data et elle se nomme AIMS. Son créateur : la société caennaise Sinay qui vient tout juste de fêter ses dix ans d’existence. « Grâce à l’AIMS, nous pouvons collecter des informations en temps réel sur la position des navires, leurs catégories et leurs vitesses », explique Yanis Souami, président de Sinay. Les bouées acoustiques permettent d’enregistrer le bruit généré par les activités humaines et les animaux marins. D’autres, multi-paramétriques, enregistrent des informations sur la température, la salinité, la turbidité, la chlorophylle et l’oxygène. « Ces informations sont envoyées en temps réel sur nos interfaces de visualisation web ou par SMS. » Suivre l’évolution de la houle, détecter les vocalises des cétacés, modéliser sur une carte les impacts acoustiques des activités humaines sur la faune marine, font également partie des nombreuses fonctionnalités de l’AIMS. La plateforme AIMS a été labellisée par le pôle de compétitivité mer et financée par l’ADEME, le FEDER et une levée de fonds de 1,6 M€ en 2017.
Effectifs doublés en six mois
Créé en 2008 par Yanis Souami, le bureau d’études spécialisé dans l’environnement et littoral a grandi rapidement : il emploie aujourd’hui plus de 45 salariés répartis dans chaque grand port français, et possède trois bureaux à Caen, Lorient et Brest. « En 2017, en moins de six mois, nous avons doublé notre effectif », indique Yanis Souaimi.
La société s’est spécialisée dans l'étude et la conservation de l'environnement et propose plusieurs services : étude d’impacts, acoustique sous-marine, observation scientifique, halieutique, pêche, géophysique et géotechnique. « Nous avons sécurisé un million d’euros de chiffre d’affaires pour les deux prochaines années 2018 et 2019. Nous sommes en pleine phase de croissance », assure le président. Une expansion liée à la croissance de l’économie maritime et la croissance du numérique et du digital.
« Sinay a été rapidement reconnue dans le domaine de l’acoustique sous-marine, qui est très générateur de données numériques volumineuses. Au début, la collecte se faisait avec les moyens du bord sur des serveurs classiques, puis, avec l’évolution des technologies, la plate-forme AIMS s’est vite imposée comme une évidence. Les calculs qui nous prenaient sept heures sont aujourd’hui ramenés à dix minutes », ajoute Stéphane Alain Riou, directeur commercial. D’où la montée en compétence via des plans de formation, des data-scientists de l’entreprise pour conserver la double compétence technologie et maritime.
4800 jours passés en mer
Aujourd’hui, Sinay se développe dans de nouveaux domaines tels que les analyses de risques liés au trafic maritime pour des installations maritimes (éoliennes, câbles…) et les veilles stratégiques. Sinay travaille avec les EMR, les installations portuaires, les entreprises du BTP offshore et militaires. Elle compte intensifier son développement à l’international, notamment en Amérique du nord et l’Asie. « Nous sommes dans une phase clé : le marché se développe très rapidement mais en même temps, nos clients ne sont pas forcément au fait du potentiel du big data pour leur propre business. Nous avons donc un peu de travail pédagogique et de consulting à faire auprès de nos clients pour leur expliquer à quoi servent les différentes données dont ils disposent. »
Au terme de 10 ans d’existence, Sinay a passé près de 4800 jours en mer et identifié 273 075 poissons, observé 3 533 cétacés, 820 tortues, 905 requins, 35 000 oiseaux ! Rien n’échappe plus à l’AIMS.
