Louis Vuitton : Le luxe se plaît en Anjou
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Louis Vuitton : Le luxe se plaît en Anjou

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Biens de consommation Le célèbre malletier français a annoncé l'implantation d'un pôle innovant dans deux ans à Beaulieu-sur-Layon, près d'Angers. Les sous-traitants locaux de la maroquinerie comme Marofica, Borlis ou Audouin et fils s'en félicitent.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Validée depuis quelques semaines, l'arrivée de Louis Vuitton en Anjou a été tenue secrète jusqu'au 10mai. La communication était verrouillée par le groupe LVMH qui a d'ailleurs choisi le quotidien régional Ouest-France pour annoncer son installation à Beaulieu-sur-Layon. Quinze hectares ont été réservés sur le parc d'activités du Layon, en sortie d'autoroute A87, à côté des récents entrepôts de Boulanger et Conforama. Après cette troisième opération d'envergure, il ne reste plus que 15 hectares sur la zone.




Projet structurant

Louis Vuitton y construira sa "fabrique de maroquinerie". «C'est un projet nouveau, très innovant de recherche et d'innovation dans les métiers de la maroquinerie», fait savoir le groupe. Le projet architectural n'est pas encore défini même si on évoque une première tranche de bâtiments de 6.000m². On sait d'ores et déjà que le bureau d'études sera accompagné d'une ligne de production pour tester les innovations au service des 17 ateliers de la marque, dont 12 en France à l'instar de celui de Sainte-Florence en Vendée (600 salariés). «C'est le modèle économique de demain, des produits de demain. Aujourd'hui, ça n'existe nulle part ailleurs», croit savoir un proche du dossier. Au sud d'Angers, sur la route de Cholet, le concept devrait voir le jour en 2014, mais des équipes de Louis Vuitton démarreront leur travail en Anjou un an auparavant. Un atelier relais de 1.200m², près d'Isover à Chemillé, est en effet déjà construit et prêt à les accueillir. Boulanger, Conforama, Isover, Cortizo, Louis Vuitton: le comité d'expansion multiplie les réussites depuis cinq ans. Des projets exogènes devenus de plus en plus rares, structurants en terme d'emplois (on parle de 400 postes pour Louis Vuitton) et conférant une vraie notoriété au département.




«Le Jura a les montres le Choletais la maroquinerie»

Outre le foncier et l'emplacement géographique, c'est bien le savoir-faire sur le travail du cuir et du textile qui semble avoir convaincu la prestigieuse marque de luxe. «C'est une excellente nouvelle en terme de notoriété et une reconnaissance de notre expertise, de la qualité du travail, de la main-d'oeuvre», s'enthousiasme Xavier Jardon, le patron de Borlis à Cholet. L'entreprise de 50 salariés travaille pour le compte de grands acteurs de l'industrie du luxe (maroquinerie, bijouterie, haute couture, chaussures de grande qualité). Elle réalise des composants, du type passepoil, franges, pompons, tresses... «Cela va donner une visibilité supplémentaire à la filière maroquinerie. Je ne connais pas une autre région de France avec une telle concentration de compétences, du tannage au produit fini. Or, on ne bénéficie pas de l'image que peut avoir le Jura avec l'horlogerie ou Saint-Nazaire avec les chantiers navals. J'aimerais bien qu'on arrive à dire que le Choletais=maroquinerie. Il n'y a pas que les mouchoirs.»




«Redonner de l'intérêt à nos métiers»

Les industriels de la maroquinerie y voient aussi un intérêt en terme de développement de la formation sur le territoire. Louis Vu

itton possède d'ailleurs un partenariat avec le lycée de la Mode à Cholet. «Alors que les métiers du cuir ont été délaissés, cette arrivée va redonner de l'intérêt à nos métiers», pense Laurent Audouin, dirigeant de la société Audouin et fils, à Saint-André-de-la-Marche. Même attente du côté de Jean-Yves Papin, à Maulévrier. Le dirigeant du groupe Hofica (Pact Europact, Marofica, Cut Services, Intervalle et Evidence), spécialiste de l'ennoblissement de produits, espère voir «des organismes mettre en place des formations aux métiers de base et intéresser des jeunes, car il faut penser à nos piqueuses de demain». Le créateur de l'atelier de maroquinerie de luxe Marofica, en 2009, a d'ailleurs lancé son propre centre de formation, l'an dernier, pour répondre à ses besoins de recrutements. Il a déjà préparé trente personnes au métier de piqueur en maroquinerie. D'après Laurent Audouin, qui est aussi le président du Réseau du Bellay, un regroupement de 16 PME (1.000 emplois) au service du luxe dans le Maine-et-Loire, «une dynamique va se créer autour de cette arrivée. De par son expérience et son exigence, Louis Vuitton va permettre d'améliorer la technique et nous pourrons aussi en bénéficier». La satisfaction est donc de mise pour les entrepreneurs du secteur qui voient d'un très bon oeil l'arrivée de Louis Vuitton sur leur territoire. «Tout le monde profitera de cette implantation», résume Jean-Yves Papin.

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