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French Fab : Erwan Coatanéa (Sodistra), le Mayennais qui sonne le réveil de l'industrie
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French Fab : Erwan Coatanéa (Sodistra), le Mayennais qui sonne le réveil de l'industrie

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Directeur général de l’entreprise Sodistra, à Château-Gontier, qu’il a reprise il y a 5 ans, Erwan Coatanéa est aussi l’un des leaders du mouvement de la French Fab en France. Il milite pour que l’industrie française prenne collectivement un nouvel élan.

Dirigeant de Sodistra à Château-Gontier, Erwan Coatanéa est l'un des plus actifs militants de la French Fab — Photo : Sodistra

Au printemps 2017, naissait l’idée de créer un mouvement national pour redonner du dynamisme à l’industrie française. Immédiatement, Erwan Coatanéa s’est engagé, jusqu’à devenir l’un des pères fondateurs de la French Fab. Dès le mois de juillet de la même année, dans les locaux de son entreprise mayennaise Sodistra, à Château-Gontier, il lançait avec une imprimante 3D la fabrication du fameux coq bleu, devenu aujourd’hui l’emblème du mouvement. Un coq Made in Mayenne pour une industrie Made in France.

Au lancement de la French Fab, 53 pin’s et 1 coq bleu

Le dessin du logo existait déjà mais Erwan Coatanéa a voulu faire de ce coq bleu l’étendard du mouvement de la French Fab. Parce qu’il croit au renouveau de l’industrie en France et souhaitait inviter à se rallier derrière ce symbole. En même temps, il emmène aussi derrière lui le tissu industriel mayennais pour faire du département une référence.

Car tout Finistérien qu’il soit, il se considère aujourd’hui comme le plus Breton des Mayennais, lui qui a posé ses valises à Château-Gontier. Ingénieur en production issu des Arts et Métiers, Erwan Coatanéa a travaillé dans le secteur automobile et a dirigé pendant 10 ans une PME familiale rennaise avant de reprendre Sodistra avec son épouse il y a cinq ans.

« Nous avions oublié que nous pouvions être fiers de notre industrie. »

« Début octobre 2017, le jour du lancement de la French Fab, à Paris, nous sommes arrivés avec 53 pin’s du coq bleu, comme le numéro de département de la Mayenne, s’amuse Erwan Coatanéa. J’ai aussi offert au ministre le numéro zéro du coq. Il mesure 40 centimètres, comme 4.0. » Sodistra, bien loin de son activité de conception et de fabrication de solutions de traitement de l’air en polyester pour l’industrie, a donc depuis développé cette activité parallèle : la fabrication de coqs bleus, qu’elle continue de produire et qui essaiment aujourd’hui pour mettre en avant le mouvement de la French Fab.

Lancement de la French Fab en Pays de la Loire, avec Erwan Coatanéa (Sodistra, 53), Yann Jaubert (Alphi Technologies, 49), Julie Leibovici (responsable FrenchFab, Bpifrance), Christelle Morançais, Nicolas Masson (RBL Plastiques, 44) et Céline Bourdin (CGMP, 72).
— Photo : Cédric Menuet - Le Journal des entreprises

« Chacun a son prénom, mais on a tous le même nom »

Dans la foulée du lancement officiel du mouvement de la French Fab dans la capitale, la Mayenne devenait quinze jours plus tard, mi-octobre 2017, le premier département labellisé. « Ici, tout le monde a très vite suivi et s’est mobilisé, affirme le directeur général de Sodistra. Et franchement, cela m’a fait rire que la Mayenne lance la French Fab ! Vous avez déjà réussi à associer les mots Mayenne et pionnier ? Nous, on a su le faire parce qu’ici, beaucoup de gens sont prêts à bouger rapidement. » Après la Mayenne, la Sarthe, le Maine-et-Loire, puis les autres départements des Pays de la Loire, se sont engagés dans le mouvement, faisant de la région la première labellisée French Fab.

« Quand la vague arrive, soit on surfe dessus, soit on la prend sur la gueule ! Il faut donner un visage nouveau à l’industrie. »

C’est aussi Laval qui a accueilli la première des 60 étapes du French Fab Tour, en janvier dernier : 3 500 personnes au départ d’un tour de France pour présenter l’industrie sur tout le territoire et attirer les jeunes vers ses métiers.

Comme les entrepreneurs mayennais ont su le faire pour être les premiers de ce mouvement national, Erwan Coatanéa souhaite que le secteur aujourd’hui se fédère : « La French Fab est un étendard d’unification, une vraie mise en mouvement dont tout le monde avait besoin, mais on ne savait pas le formuler. On avait oublié qu’on peut être fier de notre industrie et qu’on a tous pour point commun de faire partie de cette grande famille des industriels : on est frères, cousins, plus ou moins proches, petits ou grands. Chacun a son prénom, mais on a tous le même nom, avec la vocation de jouer collectif et de se mettre à disposition les uns des autres. »

« Une industrie du futur agile et innovante »

Cet étendard de la French Fab, Erwan Coatanéa le brandit bien haut pour entraîner tout le secteur de l’industrie dans le mouvement. Et le natif de Brest n’est pas homme à s’embarrasser de circonlocutions. Il a la ténacité que l’on prête aux Bretons et un caractère trempé comme l’acier sorti des forges de Paimpont : « Quand la vague arrive, soit on surfe dessus, soit on la prend sur la gueule ! Il faut donner un visage nouveau à l’industrie, qu’elle soit géniale. Demain, je la vois agile et innovante, transfilières et collective. Ce sera une industrie de compétences qui remettra l’homme au cœur du dispositif. »

Pour le dirigeant mayennais, cette industrie de l’avenir doit aussi miser sur les jeunes, en les attirant vers des métiers qui, pour beaucoup, n’existent pas encore. Il rêve même d’un « compagnonnage de l’industrie », à l’image de celui qui perdure dans le secteur du bâtiment depuis des siècles, avec des jeunes qui se forment, gagnent en compétences et en apportent tout autant d’entreprise en entreprise. « Ils vont arriver avec leurs envies, leur savoir et un esprit neuf. Il faut leur préparer de la place. »

En plus d’innover, de créer, de rendre le secteur attractif et de travailler ensemble, une industrie compétitive sur le plan international devra, pour l'entrepreneur mayennais, passer aussi par la modernisation et d’indispensables passerelles entre fabrication et technologie. Sans renier ce qui a été fait et en se tournant résolument vers l’avenir : « Remettre en cause le passé n’est pas lui manquer de respect ! », affirme-t-il.


De Château-Gontier, Sodistra mise sur un déploiement à l’export

Lorsqu'Erwan Coatanéa a repris l’entreprise Sodistra, créée en 1971, qui développe des solutions de traitement d’air en polyester pour l’industrie, principalement agroalimentaire et pharmaceutique, elle réalisait alors un peu plus de 5 M€ de CA avec 35 personnes.

En juillet 2016, Sodistra a investi 7 M€ pour s’installer dans une nouvelle usine. « Le meilleur moyen de tenir debout, c’est d’accélérer, affirme Erwan Coatanéa. Depuis, nous avons développé la R & D, déposé des brevets, déployé le secteur commercial en France et à l’étranger. Cette année nous travaillons sur un outil de chiffrage et de configuration, de même que sur l’intégration de l’IoT dans notre outil industriel. L’idée est de rebrasser les choses environ tous les six mois, en figeant pour un temps certaines parties de l’entreprise pour en faire avancer d’autres. »

L’an passé, Sodistra a réalisé 9 M€ de CA et emploie aujourd’hui 48 personnes. Les produits, entièrement conçus et fabriqués à Château-Gontier, sont installés ensuite par les clients, des frigoristes français ou étrangers, pour 30 % à l’export. Une part que le dirigeant mayennais veut augmenter: « Pour cela, je dois accompagner mes gros clients français quand ils vont à l’étranger et trouver des partenaires là où ces clients ne sont pas présents. À terme, notre ambition est de voir 60 % de nos produits utilisés à l’étranger. »

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