Le Mans
Fimor vit son rêve américain
Le Mans # Plasturgie # International

Fimor vit son rêve américain

S'abonner

Face au déclin de son marché historique, le plasturgiste Fimor élargit son champ d’action en multipliant les diversifications. L’entreprise du Mans prospère ainsi sur des secteurs de niche, tout en développant sa présence à l’international.

Présent dans l'entreprise depuis 2000, Manuel Zuckerman a pris la succession de son père Alex, à la tête de Fimor — Photo : Cédric Menuet Le Journal des entreprises

La digestion de cette dernière acquisition est encore en cours, mais Fimor ne manque déjà pas de projets pour sa filiale nord-américaine. Depuis octobre 2017, la PME du Mans opère aux États-Unis en tant qu’industriel. Fort de 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, pour 130 salariés, le spécialiste de la transformation du polyuréthane a en effet acquis sur place Harkness Industry, une société de plasturgie implantée dans le Connecticut qui emploie une vingtaine de personnes. Le pays de l’Oncle Sam, Fimor le connaît bien. L’entreprise fondée en 1977 par Alex Zuckerman est présente outre-Atlantique depuis le début des années 1990 à travers une filiale distribuant ses produits, des racles de sérigraphie, fabriqués au Mans. « Nous fonctionnions avec un stock en Floride ce qui nous limitait quand nous voulions sortir de notre zone de confort et de notre principal produit. Or, le marché de la racle de sérigraphie est mature depuis plus de 10 ans et décroît en volume », explique Manuel Zuckerman, qui a pris en juin dernier la succession de son père Alex à la tête de Fimor. Il y a encore 10 ans, l’usine du Mans réalisait en effet 80 % de son activité sur la production de racles de sérigraphie. Avec le développement de l’impression numérique et la concurrence chinoise, cette part est passée à 50 %. Le rachat d’Harkness Industry constitue donc l’opportunité de trouver de nouveaux leviers de croissance à l’international, sur des marchés de niche. Fimor ferme son site de Floride et transfère son activité dans le Connecticut. « Cette usine nous permet de nous ouvrir localement à de nouveaux marchés spécifiques que nous n’aurions pas pu atteindre en produisant à distance », souligne Manuel Zuckermann.

Polyuréthane et marchés de niche

Des productions issues de la transformation du polyuréthane, cœur de métier de Fimor, tels que des pièces techniques pour les secteurs de l’armement et de l’aéronautique par exemple. « Nous avons également identifié un nouveau marché aux États-Unis dans le domaine du recyclage, portant sur la production de pièces d’usure pour les machines de tri des déchets. Culturellement, la stratégie de Fimor est d’aller vers les marchés de niche. C’est ce modèle que nous voulons développer aux USA », appuie le chef d’entreprise, qui entend doubler les 5,5 millions d’euros de chiffre d’affaires de son unité américaine sous 5 à 10 ans. Car si l’international représente 75 à 85 % de son activité selon les années, l’entreprise n’oublie pas le marché national. Le Manceau trouve en effet depuis 2012 un nouveau débouché de niche auprès de la SNCF. Fimor produit en effet pour le compte de l’entreprise publique des sous-traverses ferroviaires. Des patins en polyuréthane permettant d’éviter la déformation des voies de chemin de fer dont la fabrication a nécessité à l’époque un investissement de 3 millions d’euros dans une extension de son usine du Mans ainsi que dans une nouvelle ligne dédiée. Depuis peu, la PME propose à la SNCF un nouveau produit : des cales d’immobilisation pour ses wagons de chemin de fer. « Le polyuréthane est un matériau versatile avec des propriétés qui lui permettent de se substituer au métal ou encore au caoutchouc pour un coût raisonnable. Aujourd’hui, nous nous adressons aussi bien aux secteurs ferroviaire, agricole, BTP ou même du nettoyage industriel. »

Diversification dans l’électronique

Parmi les autres opportunités de développement, Fimor a également depuis longtemps mis le pied dans l’électronique. Une activité qui lui a permis de dégager 5,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018. Baptisée Fimor Electronics, cette branche, filialisée en 2016, regroupe une activité de négoce de composants électroniques basée au Mans ainsi qu’une usine employant 10 personnes à Annecy. Un site acquis en 2014, dédié à la production de claviers souples et d’autres éléments d’interface entre l’homme et la machine. « Nous avons investi là-bas dans l’outil de travail et dans la formation du personnel pour mettre cette entreprise régionale au niveau national. Aujourd’hui, ce pôle est en croissance et nous allons chercher des clients en France et en Suisse. » Entre l’international, les innovations produits et les différents secteurs de niche à conquérir, Manuel Zuckerman ne manque donc pas de projets. Néanmoins, cet élan pourrait être freiné par les capacités de Fimor au Mans. Les croissances externes de ces dernières années et les extensions témoignant de la saturation de son site de production sarthois. « Nous nous posons en effet la question d’agrandir l’usine du Mans ou alors de revoir l’organisation des ateliers pour optimiser leur utilisation. Ce qui sûr, c’est que nous sommes loin d’avoir exploré toutes les propriétés du polyuréthane. » Le champ des possibles reste donc ouvert.

Le Mans # Plasturgie # International