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Prêt pour un tour en hélicoptère ?
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Ce billet a été publié dans Le Journal des Entreprises édition Lorraine, mars 2019.

— Photo : Le Journal des Entreprises

En période de crise, les langues se délient, les idées partent dans tous les sens : vous avez dû en faire l’expérience, plus ou moins amère, mais depuis que les gilets jaunes ont envahi les ronds-points et que le gouvernement a lancé le grand débat national, tous les sujets sont sur la table, à la terrasse des cafés, lors du repas dominical ou entre deux portes.

Un cadre dirigeant d’une entreprise nancéienne m’a ainsi lâché, très sérieusement : « Et si à l’avenir, on se passait des entreprises pour créer de la valeur ? ». Si vous n’êtes pas encore tombé de votre chaise, prenez le temps de saisir les mots « Helicopter Money » dans votre moteur de recherche préféré. Popularisée par l’économiste américain Milton Friedman en 1969, l’idée est revenue en force au tournant des années 2010 et consiste à créer de la monnaie dans une banque centrale puis à la distribuer aux citoyens sans aucun intermédiaire pour que le moteur de la consommation puisse tourner à plein régime.

Choquant ? Absurde ? Gardons à l’esprit que la politique de « Quantitative Easing » menée par la Banque Centrale européenne, quatre années après son lancement, a permis l’émission de 2 600 milliards d’euros d’obligations avec pour seul effet de gaver les marchés secondaires (acteurs financiers, banques…), de créer quelques points de PIB en plus sur la zone Euro, et d’alimenter l’incompréhension des citoyens, pour qui une politique économique efficace doit se traduire dans le sacro-saint pouvoir d’achat…

Pourquoi mon interlocuteur est arrivé à cette conclusion effarante ? Parce que même avec près de 10 % de chômage en France, l’emploi est le grand absent du grand débat national, comme si tout le monde avait abandonné l’idée que l’entreprise devait être le premier lieu de la création de richesses. « Alors, allons au bout de l’idée, transformons la France en un vaste supermarché et ne produisons plus rien, ni bien, ni services… », fanfaronnait mon interlocuteur. Pousser les concepts jusqu’au bout, c’est intéressant pour le débat, mais ça fait froid dans le dos…

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