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Comment le groupe Moise s'est bâti un nom au fil des décennies
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Comment le groupe Moise s'est bâti un nom au fil des décennies

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Le groupe messin Moise, spécialisé dans l’optique et la vente de lunettes au détail, est quasi centenaire. Incarné par un jeune dirigeant, le groupe mise plus que jamais sur la fabrication française et l’innovation afin de passer cette période troublée. Le groupe a aussi des ambitions pour son nouveau concept de magasins d'optique low-cost.

Alain Moise a transmis l'entreprise familiale Optique Moise à son fils Mathieu — Photo : © Optique Moise

C’est une marque, un logo, une institution qui accompagne de nombreux Messins depuis l’enfance. Fondé en 1933 par René Moise à Metz, Optique Moise traverse les décennies et a étendu son maillage territorial au fil du temps. Spécialisé dans l’optique et la vente de lunettes au détail, le groupe Moise (100 collaborateurs ; 12 millions d’euros de chiffre d’affaires), racheté il y a deux ans par Mathieu Moise à son père Alain, compte aujourd’hui 21 points de vente répartis sous trois sociétés (Optique Moise, La Française de l’Optique, Super Lunettes) entre la Lorraine, l’Alsace et la Bourgogne.

Favoriser les circuits courts

Opticien indépendant, le groupe Moise milite en faveur du made in France. Une orientation engagée depuis longtemps et qui séduit plus encore depuis que la crise sanitaire est passée par là : « Nous souhaitons désormais obtenir la certification « Origine France garantie » et augmenter notre part de lunettes fabriquées dans les lunetteries françaises dans tous nos magasins. Nous avons monté une équipe pour designer nos modèles, réfléchir aux matières et faire fabriquer le tout par des entreprises françaises », lance Mathieu Moise.

« Nous n’avons eu que peu recours au prêt garanti par l’État afin de conserver nos capacités d’investissement. »

Une stratégie que le dirigeant de 40 ans voit comme un atout : « Depuis le déconfinement nous avons repris à un niveau d’activité supérieur à celui d’avant la crise. Je l’explique par le fait que les consommateurs adhèrent à notre identité, qui laisse une place importante aux circuits courts. La lunetterie, savoir-faire historique jurassien, se délocalise en Chine. Nous luttons contre cela », expose-t-il. À cause du coronavirus, la saison des montures solaires a pris un retard « irrécupérable » et le groupe devrait malgré tout perdre 25 % d’activité par rapport à 2019.

Avec 16 millions de paires de lunettes de vue vendues en 2019 et 5,9 millions de solaires, le marché de l’optique est conséquent en France. Mais les points de vente sont légion : « Certains acteurs ne passeront pas la crise. De notre côté nous n’avons eu que peu recours au prêt garanti par l’État afin de conserver nos capacités d’investissement. Nous sommes à la recherche d’opportunités afin de réaliser éventuellement de la croissance externe », expose Mathieu Moise, sans avancer d’objectifs chiffrés.

Des lunettes en « happy hours »

Quasi centenaire, le groupe Moise garde une vision économique jeune, incarnée par un dirigeant porté sur l’innovation. Fin juin, après Metz, le deuxième magasin de la société Super Lunettes (la troisième du groupe) a vu le jour à Besançon. Résultat d’un concept original, Super Lunettes fonctionne comme un « bar » à lunettes. Une fois installé au comptoir, le consommateur se voit proposer une carte sur laquelle il peut choisir ses verres avec ses options. Avec bien sûr des « happy hours ». « C’est un concept de lunettes low-cost. Nous achetons plusieurs paires de chaussures tous les ans, pourquoi pas des paires de lunettes, qui sont aussi des objets de mode ? », justifie le chef d’entreprise. Cette activité vient compléter celle des deux autres sociétés, qui proposent plutôt des lunettes allant de la moyenne gamme jusqu’au très haut de gamme.

Super Lunettes ne dégage qu’une petite part du chiffre d’affaires du groupe, mais permet à l’entreprise d’innover. « C’est une activité plaisir pour laquelle nous ne nous interdisons pas de rêver. J’espère ouvrir quatre ou cinq points de vente à moyen terme. Nous voulions atteindre une clientèle jeune. Finalement nous nous apercevons que les seniors sont les consommateurs principaux de Super Lunettes », poursuit-il.

Le nouveau magasin Super Lunettes vient d'ouvrir ses portes à Besançon — Photo : © Optique Moise

Deux opticiens indépendants, dont un à Caen, ont déjà approché le groupe Moise, afin de devenir franchisés du concept. « Mais je ne suis pas encore prêt pour cela », ponctue Mathieu Moise, qui a aussi mis à profit le confinement pour accélérer la digitalisation du groupe. Avec une animation des réseaux sociaux plus soutenue et le développement d’un site internet qui doit permettre aux consommateurs de prendre rendez-vous et surtout de préparer leur venue, en sondant leurs envies au préalable.

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