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Comment ER Ingénierie va passer du père à ses trois fils
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Comment ER Ingénierie va passer du père à ses trois fils

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La transmission d’ER Ingénierie est lancée : le dirigeant du fabricant de machines spéciales basé à Maxéville, en Meurthe-et-Moselle, va passer la main à ses trois fils. Un changement de génération précipité mais aussi conforté par la crise sanitaire.

Le dirigeant d'ER Ingénierie Christian Faivre (deuxième depuis la droite) entouré de ses trois fils : Maxime, Alexis et Romaric — Photo : © Jean-François Michel - Le JDE

« Nous avons invité nos parents à dîner. Je crois que ma mère s’attendait à autre chose… » Lors de cette soirée de décembre 2018, il n’est pas question d’un mariage ou d’une naissance à venir, mais de la transmission d’ER Ingénierie : Romaric, Alexis et Maxime Faivre ont annoncé à leurs parents, Marie-Odile et Christian Faivre, leur intention de reprendre l’entreprise familiale.

Basée à Maxéville (Meurthe-et-Moselle), la PME, qui réalise environ 6 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 64 personnes, opère dans la conception et la fabrication de machines spéciales, à destination des marchés de l’automobile, de la pharmacie ou encore de l’agroalimentaire.

Les discussions ne se sont pas éternisées : Maxime et Alexis, à peine âgés de 30 ans et déjà lancés dans de belles carrières au Luxembourg, donnent leurs démissions pour arriver en début d’année 2019 chez ER Ingénierie. « Pourquoi continuer à travailler comme des dingues pour un employeur, alors qu’il y avait du travail dans l’entreprise familiale ? Le choix a été facile », estime Maxime Faivre. Les jumeaux rejoignent leur frère Romaric, 37 ans, qui avait déjà choisi de mettre en sommeil sa propre entreprise pour donner un coup de main à son père. Les trois frères n’arrivent pas en terrain inconnu : « Que je le veuille ou non, l’entreprise c’est déjà toute ma vie », rappelle Romaric Faivre. « J’y ai passé mes étés à l’atelier, j’ai vu mes parents y travailler 14 heures par jour. Quoi que je fasse, je n’ai jamais été loin. »

Tenir le cap en pleine crise sanitaire

Pour autant, « pas question d’arriver comme les fils du patron », rappelle Christian Faivre, qui a souhaité que ses enfants s’intègrent dans le fonctionnement de l’entreprise et fassent la preuve de leurs compétences. Tous trois diplômés de l’ICN Business School, les trois frères se sont saisis de toutes les tâches que leur père, dirigeant omniprésent et passionné, a bien voulu leur déléguer. La crise sanitaire du Covid-19 a précipité les choses : contaminé dès le mois de mars et hospitalisé, Christian Faivre a été contraint de laisser ses trois fils piloter. Alexis s’est saisi des RH, Maxime du marketing et Romaric du commerce et de l’opérationnel : « D’un seul coup, il a fallu répondre aux sollicitations sans les conseils de notre père ».

Le premier confinement n’a pas épargné ER Ingénierie, qui va déplorer trois mois sans commande et affiche une perte de chiffre d’affaires d’environ 1,5 million d’euros. Mais pendant cette période difficile, les trois fils de Christian Faivre prouvent leur capacité à tenir le cap : la production ne s’est pas arrêtée et les commandes en cours ont été livrées dans les temps. « À trois, nous sommes capables d’aller plus vite », assure Romaric Faivre.

Les trois futurs dirigeants travaillent portes ouvertes, confrontent leurs certitudes et font part de leurs doutes. « Leurs méthodes changent des miennes et c’est très bien », assure Christian Faivre, qui note des évolutions : les efforts mis sur la communication ont déjà modifié l’image de l’entreprise, et les recrutements s’en trouvent facilités.

Une machine pour réaliser des tests d’extraction

« Ils ont remis de l’énergie dans l’entreprise », se félicite le fondateur d’ER Ingénierie, qui refuse pour l’instant de fixer une date à son départ : « La transmission sera faite dans les 24 mois… » L’arrivée de ses trois fils soulage visiblement le dirigeant, qui évoque une forme de « sérénité » dans les équipes : « Tous nos partenaires savent désormais que les développements vont pouvoir continuer dans l'entreprise ».

Capables de concevoir et de fabriquer des machines pour répondre aux demandes de leurs clients les plus complexes, les trois futurs dirigeants vont pouvoir s’appuyer sur une petite révolution au sein de la PME : ER Ingénierie s’est en effet doté de sa propre machine. Un investissement de « plusieurs centaines de milliers d’euros », pour construire une machine permettant de réaliser des extractions grâce au CO2 supercritique, à des températures allant jusqu’à 200 degrés et des pressions jusqu’à 1 000 bars.

Consistant à faire passer du CO2 dans une matière pour récupérer un extrait à haute valeur ajoutée, cette nouvelle machine doit aider les clients d’ER Ingénierie à faire des tests d’extraction sur des produits organiques et ainsi « trouver la bonne recette pour leur process », détaille Romaric Faivre. Un atout supplémentaire qui devrait permettre à la PME de profiter au mieux des effets du plan de relance et des relocalisations qui pourraient en découler, source de business pour ER Ingénierie.

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