L'homme
À 32 ans, Colin Clément présente tout sauf un parcours classique. Avant de lancer au printemps Gustav by Cocktail, start-up réalisant des hologrammes et autres contenus numériques, il a pas mal bourlingué. Après le lycée, il enchaîne toute une série de petits boulots et d'emplois plus consistants, d'ouvrier agricole pendant quelques semaines à la conception électronique de machines. Pendant plusieurs années, il va surtout voyager et faire un tour d'Europe et d'Asie, de l'Irlande jusqu'à Singapour.
Étonnamment, ce parcours d'autodidacte, il confie « l'avoir choisi dès le début ». « Si vous faites une formation d'ingénieur dans les nouvelles technologies, comme je l'avais envisagé, ce que vous avez appris risque de se trouver obsolète à l'issu de vos études, au rythme où évoluent ces technologies, explique-t-il. D'où mon envie de me former directement sur le terrain ».
Juste avant de lancer Gustav, Colin Clément travaillait comme consultant : il aidait notamment des salles de spectacles à intégrer les arts numériques. C'est-à-dire ? « Il pouvait s'agir d'illuminer divers points de la scène en fonction du mouvement d'un personnage, des choses dans ce genre », glisse le jeune startuper. Originaire de la région Centre, ce fils et petit-fils d'entrepreneurs, avait lui aussi l'envie de créer son entreprise.
Incubé par Machinarium
Gustav by Cocktail est née d'une rencontre. Celle de Colin Clément et de Stéphane Frimaudeau, fondateur de la société Cocktail Vision (45 salariés, 3,8 M€ de CA), qui vend et loue des panneaux d'affichage numérique, en proposant aussi de concevoir les contenus (publicité, animations...) via ses infographistes.
« Récemment, on a lancé une offre d'hologrammes, via des cubes dans lesquels ils apparaissent, par exemple pour les vitrines commerçantes, la muséographie, les parcs d'attraction, etc. Il fallait ensuite pouvoir créer du contenu spécifique », raconte Stéphane Frimaudeau.
La suite, c'est la création d'une société à 50/50, d'où le nom de la start-up. L'accord se voulant gagnant-gagnant, Cocktail Vision ouvre en retour à Gustav son portefeuille de clients qui peuvent vouloir compléter leurs options numériques, et met à sa disposition ses fonctions supports (comptabilité...). La mise en relation a eu lieu grâce à Machinarium, l'incubateur de start-up basé à La Roche-sur-Yon, qui soutient Gustav.
Son concept
Hébergé dans le sous-sol du siège de Cocktail Vision, en centre-ville de La Roche-sur-Yon, Gustav « crée du contenu pour les technologies d'hologrammes, mais travaille aussi sur la réalité virtuelle et augmentée », annonce Colin Clément.
Sa première réalisation a déjà été conçue pour « L'aventure maritime, du Moyen-Âge au Vendée Globe », qui restera visible au village nautique des Sables d'Olonne pendant huit mois. « Avec notre animation, vous vous installez dans un fauteuil, face à un large écran numérique qui diffuse la navigation d'un bateau avec son skipper, vue de l'intérieur. Et vous vous voyez en plein milieu de l'image. Grâce à une caméra qui vous filme et incruste en temps réel votre image à bord de l'embarcation. Même les mouvements que vous faites apparaissent dans la vidéo... Ca s'appelle de la réalité augmentée », décrit Colin Clément.
Sur le Vendée Globe, les associés comptent installer « un globe de 1,8 mètre de diamètre affichant la position des catamarans en temps réel, via un tracking GPS », dixit Stéphane Frimaudeau.
Ses perspectives
Les possibilités de création balisent un large spectre. D'autant que dans le sous-sol occupé par Gustav, un studio de modélisation prendra bientôt place, équipé notamment en « motion capture », vous savez, ce système de capteurs qu'on pose sur des individus ou des objets pour en copier les caractéristiques physiques et les mouvements, afin de les recréer ensuite en image de synthèse... Comme ce qu'a fait le réalisateur James Cameron pour son film Avatar, par exemple.
D'ici juillet, les deux premières embauches porteront sur un doctorant en électromagnétisme et 'un créatif en provenance de Paris. « Sur le premier exercice, qui s'étalera probablement sur 18 mois, on vise 500.000 euros de chiffre d'affaires, avec une progression de 20 % à 30 % par an, par la suite », calcule Stéphane Frimaudeau.
En attendant, un première levée de fonds se finalise actuellement auprès de partenaires bancaires. Clôture de l'opération attendue avant juillet.
