« Quand il s'agit de transmettre son entreprise, mieux vaut s'y prendre trop tôt que trop tard. L'entreprise Guérin-Brémaud, nous l'avons créée en 1992, avec deux salariés à l'époque. Aujourd'hui, elle fabrique des maisons en bois, des charpentes, des éléments de menuiserie et d'agencement. Elle emploie une trentaine de personnes. Jacky Guérin et moi avons respectivement 53 et 50 ans, la question du renouvellement de génération se pose donc. N'ayant pas d'enfants intéressés par la reprise, l'idée de passer le témoin à nos salariés, s'est imposée. Pour cela l'entreprise a été transformée en Scop (NDLR : Société coopérative ouvrière de production) en décembre dernier. Ce mode de transmission était celui qui nous ressemblait le plus.
« Choisir des gens du métier plutôt qu'un financier »
Pour nous c'est un gage de réussite supplémentaire pour pérenniser notre PME. Car nous voulions céder à des gens du métier, plutôt qu'à un financier par exemple. Bien sûr un financier peut réussir, mais c'est plus risqué. Autour de nous, on a vu des entreprises finir en dépôt de bilans parce que le repreneur venait d'un monde trop éloigné du bâtiment...
« On avait déjà la philosophie coopérative »
Enfin, avec la Scop, on garde un esprit de convivialité, d'entreprise familiale. Comment s'est fait la transition ? Naturellement. On avait déjà une philosophie coopérative. La direction communiquait déjà beaucoup aux ouvriers, en organisant des réunions régulières pour faire le point sur l'activité, présenter les bilans etc. Guérin-Brémaud fait partie d'une coopérative d'achat, l'UAB, elle a aussi cofondé la coopérative de construction ACV Maisons Bois, avec plusieurs autres corps d'états pour livrer des maisons clés en main, etc.
31 salariés partants sur 33
Toutefois, il y avait toujours la crainte que les salariés n'adhèrent pas massivement à l'idée. D'autres projets en Vendée ont capoté par manque de volontaires. Ça a été la grande surprise. Quasiment tout le monde a suivi : 31 salariés sur 33 ! Ils ont tous apporté une enveloppe de quelques milliers d'euros. Pour chaque enveloppe, la région a doublé l'apport, pour atteindre 162.000 euros de capital. Le processus a pris un peu plus d'un an. L'union régionale des Scop nous a accompagnés pas à pas et on a pu s'appuyer sur l'expérience de Scop voisines comme Comec dans le Choletais, ou l'Atelier du Bocage en Vendée, qui nous ont aidés. L'une des étapes importantes a ensuite consisté à former un conseil d'administration de neuf personnes. Ce conseil définit la politique de l'entreprise. Le directeur l'applique. Il prend les décisions courantes : création d'un poste, achat d'un nouveau véhicule, passage en 2x8. Pour ce qui est des grandes décisions stratégiques comme les gros investissements, le passage d'un stade artisanal à un stade industriel ou encore une diversification de l'activité, elles restent la prérogative de l'assemblée générale. J'occupe aujourd'hui les fonctions de directeur, et Jacky de président du conseil d'administration. Cette première équipe a été nommée, mais les prochaines seront élues par l'ensemble des actionnaires. Cette transmission est une bonne nouvelle pour l'entreprise, qui termine 2014 sur un bilan très positif. Elle a au passage amélioré sa rentabilité.Peut-être y a-t-il déjà eu un effet Scop, une motivation supplémentaire. En plus d'être associés aux décisions, à terme les salariés toucheront des dividendes ainsi qu'une participation aux bénéfices » .
BÂTIMENT Fabricant de maisons en bois à Beaurepaire, Guérin Brémaud anticipe l'arrivée d'une seconde génération aux manettes. La direction a transformé la SARL en Scop afin de transmettre la PME à 31 salariés. Témoignage de Christian Brémaud, cofondateur de l'entreprise.
