Un groupe irlandais pourrait prendre le contrôle d'Elivia
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Un groupe irlandais pourrait prendre le contrôle d'Elivia

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Terrena veut gagner deux milliards d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires. Pourtant, le groupe irlandais Dawn Meats, qui s'apprête à entrer au capital de sa filiale Elivia, pourrait prendre en 2018 le contrôle de cette activité qui pèse 20 % du chiffre d'affaires de la coopérative d'Ancenis. Un paradoxe ?

Photo : DR

Après un an de négociations, le conseil d'administration de Terrena vient de valider l'entrée de Dawn Meats au capital de sa filiale viande. Le groupe irlandais va prendre 49 % du capital d'Elivia. Cette filiale de la coopérative agroalimentaire d'Ancenis (11 800 salariés, 4,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2013) est le numéro deux français de la viande bovine.

Les actionnaires ont une taille similaire

Employant 2 600 salariés, Elivia abat, transforme et commercialise 180 000 tonnes de boeufs, de porcs, d'agneaux et de veaux. Numéro 2 de la viande rouge en Irlande et au Royaume-Uni, Dawn Meats présente une taille légèrement supérieure à celle d'Elivia. Le groupe irlandais emploie en effet 3.350 salariés et réalise un milliard d'euros de chiffre d'affaires.

Elivia perd de l'argent depuis 2 ans

Le rapprochement entre ces deux structures s'inscrit dans une logique de course à la taille. Pour les deux entreprises, il s'agit de faire face à la concurrence féroce qui règne dans l'agroalimentaire, celle-là même qui a fait de terribles ravages dans les groupes volaillers de l'Ouest. Dans les bovins, la situation est moins catastrophique que dans la volaille. Mais elle est loin d'être rose. Elivia perd ainsi de l'argent depuis deux ans. « Le marché du bovin régresse de 4 % par an en France alors que le marché mondial progresse à deux chiffres », explique Hubert Garaud, président de Terrena.

Une aide à l'export

Le problème, pour la coopérative d'Ancenis, c'est que l'international n'est pas inscrit dans ses gènes. D'où l'alliance avec Dawn Meats qui exporte ses viandes dans une quarantaine de pays. « Ils ont un vrai savoir-faire. Pour nous, c'est un gain de temps et d'argent », résume le dirigeant ligérien.

Course à la taille

« La taille est une condition indispensable pour s'imposer sur les marchés internationaux où la qualité, l'efficacité et la traçabilité de la viande sont des attributs essentiels », indique pour sa part Niall Browne, directeur général de Dawn Meats. Dans cette course à la taille, Terrena garde aujourd'hui le contrôle. Mais la donne pourrait évoluer.

Dawn Meats majoritaire en 2019?

Le groupe irlandais pourrait, en 2018 ou en 2019, porter sa participation au sein d'Elivia à 70 %. En début d'année, la direction de Terrena avait annoncé sa volonté de gagner deux milliards d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires. Elle se prépare aujourd'hui à perdre le contrôle d'une filiale qui pèse 20 % de son activité. Un paradoxe ? « Ce n'est pas du tout contradictoire. Car dans le même temps, on est en train de se rapprocher de la Coopérative des agriculteurs de la Mayenne et d'Anjou Maine Céréales. L'objectif de chiffre d'affaires, est une chose. La rentabilité en est une autre », répond Hubert Garaud.

« Nous voulons créer des leaders, quitte à en être minoritaires »

Coopérative généraliste regroupant plus de 22.000 agriculteurs adhérents, Terrena cherche à valoriser ses productions agricoles en s'appuyant, pour chacun de ses métiers, sur des outils de production et des marques de poids. « Nous voulons créer des leaders, quitte à en être minoritaires », explique le président de Terrena. La coopérative d'Ancenis a déjà opté pour ce schéma dans le lapin, en s'alliant avec Loeul et Piriot, ou dans le lait, en confiant les clés de Laïta à la coopérative bretonne Even. « Dans Laïta, nous sommes minoritaires, ce qui ne nous empêche pas d'être actifs. Et nous sommes très contents de cette alliance », indique Hubert Garaud. Pour le président de Terrena, « il y a des métiers dans lesquels nous serons minoritaires, et d'autres où nous serons majoritaires ». Parmi ceux-là, les pommes, le végétal ou encore certains produits carnés.

90 millions investis pour Elivia

Si elle pourrait bien céder le contrôle de sa filiale de transformation bovine, Terrena y investit aujourd'hui massivement. « On double notre niveau d'investissement », indique Hubert Garaud. Sur trois ans, plus de 90 millions d'euros seront fléchés sur Elivia. Un nouveau système d'information va ainsi être mis en place, tandis que plusieurs sites de production seront modernisés. Les usines du Lion d'Angers (49) et de Villers-Bocage (14) sont concernées. La première verra notamment son atelier de désossage renforcé quand la seconde se spécialisera dans la production de steaks surgelés.

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