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Platypus Craft, ce bateau made in Machecoul qui intéresse Xavier Niel et Veolia
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Platypus Craft, ce bateau made in Machecoul qui intéresse Xavier Niel et Veolia

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Platypus Craft, c'est le nom de ce drôle de bateau semi-submersible dans lequel investissent Veolia et Xavier Niel. Il est fabriqué par CDO Innov. L'industriel de Machecoul espère en vendre 10 en 2018.
— Photo : Le Journal des Entreprises

C'est une invention qui rendrait jaloux Jules Verne et le professeur Tournesol. Elle reçoit en tout cas les louanges de l'architecte océanographe Jacques Rougerie, devenu ambassadeur de la marque. Le Platypus est un semi-submersible capable d'aller aussi bien sur l'eau, que sous l'eau. Il ressemble à un petit trimaran. Son secret est dans sa coque. Il s'y cache une nacelle centrale qui peut à tout moment, grâce à des bras basculants, s'immerger à deux mètres de profondeur. Cinq personnes peuvent y prendre place. Pas besoin de bouteille à oxygène, les masques sont intégrés au bateau. Le premier Platypus est en cours de construction du côté de Machecoul, dans les ateliers de CDO Innov, la PME qui a conçu le prototype. Il devrait être livré pour Noël à son premier client, un homme d'affaires propriétaire de clubs de plongée en Nouvelle-Calédonie. Si le tourisme est l'un des premiers marchés du semi-submersible, le Platypus pourrait aussi devenir un « éboueur des mers » et nettoyer les côtes de leurs déchets. Le sujet est en cours de développement avec la fondation Veolia, partenaire du projet.

Xavier Niel et Showroomprivé au capital

Le projet est né dans la tête de François-Alexandre Bertrand il y a sept ans. Ce Parisien, par ailleurs directeur exécutif de l'organisation internationale Women's Forum for the Economy & Society, faisait de la plongée en Australie quand il a eu l'idée de ce bateau. Il a investi 150.000 euros de sa poche pour concevoir le prototype. Ni marin, ni ingénieur, le plongeur amateur fait appel à son réseau parisien et arrive à convaincre Xavier Niel et le P-dg de Showroomprivé d'investir chacun 100.000 euros. « C'était un coup de coeur pour les deux. Xavier Niel m'a dit : dit " J'adore ! Je n'y connais rien, mais je le sens bien " », se souvient-il.

Une rencontre par hasard avec CDO Innov

Si tout avait commencé comme un rêve, le Platypus a pourtant bien failli ne jamais voir le jour. Après quatre ans d'investissement, de recherche et développement, le premier prototype rend l'âme après dix minutes de test. Cassé, inutilisable, une catastrophe. « Je me suis retrouvé dans un cauchemar, le prototype était cassé, je n'avais pas d'argent pour le réparer, donc impossible d'aller voir mes clients et les investisseurs me demandaient des comptes », se souvient François-Alexandre Bertrand. Acculé, il reçoit une lettre de la Banque de France lui demandant de rembourser au plus vite sa dette. « Tout en bas, il était écrit que je pouvais contacter le médiateur des entreprises, c'est ce que j'ai fait », rapporte-il. Il obtient in extremis un sursis de six mois. C'est dans ce laps de temps qu'il rencontre son futur associé Cyril Thabard, P-dg de Isalt, holding de CDO Innov, la PME de Machecoul. C'était lors d'un salon organisé pour la COP 21. Ils mettront trois mois pour sortir un nouveau prototype, tout en aluminium, avec la participation de VPLP, le cabinet d'architecture navale connu pour ses conceptions de navires du Vendée Globe. Parallèlement, la holding de CDO Innov rachète 10 % des parts de Platypus et le droit d'exclusivité de commercialisation.

Objectif : vendre 10 Platypus en 2018

CDO Innov n'est pourtant pas un chantier naval. La spécialité de l'industriel créé en 2010, c'est de concevoir et fabriquer des engins pour des milieux sensibles et difficiles d'accès, en terre ou en mer. Il a ainsi fabriqué des engins chenillés pour RTE mais aussi des bateaux capables d'arracher des herbes invasives et des barges pour collecter des déchets flottants pour Voies navigables de France (VNF). Son chiffre d'affaires a doublé entre 2014 et 2015, et dépassé en 2017 les 4,5 millions d'euros. Soutenue à hauteur de 20 % au capital par la région Pays de la Loire et Sodero Gestion, la PME de quarante salariés espère vendre une dizaine de Platypus en 2018 pour un chiffre d'affaires d'un million d'euros. La construction de cet engin, labellisé projet innovation 2016 par le pôle mer Bretagne Atlantique et destiné en premier lieu au marché du tourisme, est une bonne opportunité pour CDO Innov, qui travaille à 50 % pour les collectivités, de se diversifier.

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