Loire-Atlantique
Pierre Briodeau (Capeb 44) : « Les micro-entreprises sont une concurrence déloyale pour le bâtiment »
Interview Loire-Atlantique # BTP # Conjoncture

Pierre Briodeau président de la Confédération des artisans du bâtiment en Loire-Atlantique Pierre Briodeau (Capeb 44) : « Les micro-entreprises sont une concurrence déloyale pour le bâtiment »

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L’artisanat du bâtiment se porte particulièrement bien en Loire-Atlantique. Selon la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), 78 % des professionnels estime la conjoncture favorable. Mais la filière s’inquiète pour l’avenir. Notamment face à la hausse des micro-entreprises et à la fuite des talents.

Pierre Briodeau est président de la Capeb Loire-Atlantique et dirige une société de 15 salariés. — Photo : Jéromine Doux - Le Journal des Entreprises

Comment se porte l’artisanat du bâtiment en Loire-Atlantique ?

Pierre Briodeau : Pour 78 % des professionnels, la conjoncture est favorable dans le département alors que l’on ressent un léger ralentissement de l’activité au niveau national. La Capeb de Loire-Atlantique réunit 2 000 sociétés adhérentes, qui comptent 4,8 salariés en moyenne et représente donc plus de 9 000 emplois.

Dans le département, la conjoncture a évolué de 5,8 points et 43 % des artisans voient leur CA augmenter. 2018 est, depuis 10 ans, la meilleure année, après une chute considérable de l’activité en 2014. Dans le même temps, 41,6 % des entreprises ont recruté en 2018. Tous les voyants sont au vert. Le taux de devis acceptés s’améliore, les intentions d’investir augmentent et concernent 24 % des entreprises, les emplois sont pérennes avec 80 % de CDI et les chiffres de l’apprentissage repartent à la hausse.

Vous êtes donc plutôt sereins quant à l’avenir ?

P. B. : Pas vraiment. Nous assistons aujourd’hui à un plafonnement de l’activité et nous sentons monter une forte inquiétude de la part de nos adhérents. Tout d’abord, nous assistons à une baisse des autorisations délivrées par les collectivités et des permis de construire pour les logements neufs. Même si les entreprises que nous représentons travaillent principalement dans la rénovation – cela représente 75 % de leur activité - ces difficultés à construire des logements neufs obligent les promoteurs à se tourner vers la rénovation. Ils se retrouvent sur les mêmes marchés que les artisans et représentent une nouvelle concurrence. Ainsi, tout le monde est touché. Dans le même temps, les clients sont plus inquiets, la demande a tendance à diminuer et les PME manquent de visibilité. Les entreprises les plus fragiles disparaissent. Mais la plus grosse menace pour nous, ce sont les micro-entreprises.

Pourquoi les auto-entrepreneurs sont-ils dangereux pour vous ?

P. B. : Leur niveau de charge est beaucoup moins élevé que celui d’une PME. On assiste donc à une distorsion de concurrence très forte. D’autant plus que ces micro-entreprises ne peuvent exister que grâce aux sociétés qui cotisent davantage. Les SARL que l’on représente financent quelque part leurs concurrents. En plus de cela, nous estimons que le travail non déclaré est très facile à dissimuler avec une micro-entreprise. Et nous assistons à une autre tendance, plus récente : la transformation d’emploi salarié qualifié vers la micro-entreprise. Nous avons de plus en plus de difficultés à recruter. Dans le même temps, nos salariés les plus compétents quittent nos entreprises pour monter leur propre structure. Je dirige moi-même une société de charpentes et de construction de maisons en bois à Grandchamp-des-Fontaines (Loire-Atlantique) et plusieurs de mes chefs d’équipe sont partis pour devenir auto-entrepreneur. Ce sont eux qui formaient nos apprentis. Ce phénomène accentue encore davantage la pénurie de main d’œuvre.

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