Saint-Nazaire
Les Chantiers de l’Atlantique, meilleur client de la banque publique Sfil
Saint-Nazaire # Naval # Capital

Les Chantiers de l’Atlantique, meilleur client de la banque publique Sfil

S'abonner

Les Chantiers de l’Atlantique financent la construction de ses prochains paquebots grâce aux prêts de la banque publique de développement Sfil. Le chantier naval de Saint-Nazaire est devenu le meilleur client de cette banque publique encore peu connue, chargée d’aider les grands comptes à l’export.

Livré fin octobre 2018, le Celebrity Edge est le premier paquebot qui a bénéficié du soutien financier de la banque publique de développement Sfil. — Photo : Amandine Dubiez-JDE

Sans l’aide de la Sfil, les Chantiers de l’Atlantique, nouveau nom de STX France, n’auraient pas pu accepter la commande en juin de trois nouveaux paquebots pour le croisiériste MSC. « Nous avons un potentiel risque de liquidités », explique Laurent Castaing, directeur général du chantier naval. En effet, à chaque nouvelle commande de paquebot, le chantier naval doit avancer les frais de construction, de l’ordre de plusieurs centaines de millions d’euros. Les armateurs ont jusqu’à 12 ans après la livraison du paquebot pour le payer.

Rattraper le retard face aux concurrents européens

En attendant d’être remboursés, les Chantiers de l’Atlantique doivent alors trouver des banques privées pour les soutenir. « Cela a été parfois difficile. On mettait entre trois et six mois pour trouver des financements auprès des banques privées quand nos concurrents européens obtenaient immédiatement leur crédit export grâce à l’intervention de la banque publique d’investissement de leur pays », se souvient Laurent Castaing. « Cela a pu être compliqué, comme en 2012 lorsque nous avons reçu la commande de l’Harmony of the Seas et que nous n'avions pas de banques pour financer », rappelle le directeur général.

En 2016, la banque publique Sfil, nouvelle structure née sur les cendres de Dexia pour prêter aux collectivités et aux hôpitaux, est autorisée par la Commission européenne à intervenir auprès des entreprises. Depuis, les Chantiers de l’Atlantique sont devenus le meilleur client de cette banque financée par l’Etat, la Caisse des dépôts et la Banque Postale.

Près de trois milliards de crédits accordés

Le cas des Chantiers de l’Atlantique rentre parfaitement dans les critères d’intervention de la septième banque de France. « Nous avons une mission de politique publique. Nous intervenons là où les financeurs privés ne peuvent pas faire tout le travail, pour des crédits export qui dépasse les 70 millions d’euros et en majorité pour des prêts dont la maturité dépasse les dix ans », explique Philippe Mills, directeur général de la Sfil. « Nous sommes enfin à égalité avec nos concurrents. En Allemagne, cela fait des années que ce dispositif existe », commente Laurent Castaing.

GE, Bouygues et Technip parmi les autres bénéficiaires

Le chantier naval qu’il dirige a reçu de la part de la Sfil 2,9 milliards d’euros de crédit export, soit 55 % de ses besoins financiers (5,2 milliards d’euros en tout), pour financer la construction de sept paquebots qui devraient être livrés aux croisiéristes RCCL ou MSC avant 2022. Ce montant représente près de la moitié des crédits délivrés depuis 2016 par la Sfil aux entreprises pour des crédits export. La banque publique de développement a accordé en tout 6,7 milliards d’euros de prêts représentant 9 milliards de contrats pour cinq exportateurs : Bouygues, General Electric, Technip et un acteur de la Défense dont l'identité n'est pas dévoilée.

Saint-Nazaire # Naval # Capital