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« L'égalité hommes-femmes au travail pourrait apporter 1% de croissance »
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« L'égalité hommes-femmes au travail pourrait apporter 1% de croissance »

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Antoine de Gabrielli est le fondateur du réseau Happy Men, qui réunit les hommes cadres dirigeants à la recherche d'un équilibre entre vie privée et vie professionnelle.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Il intervient dans le cadre du Printemps des fameuses qui se tient ce vendredi 17 mars à Nantes. Antoine de Gabrielli est le fondateur du réseau Happy Men, qui réunit les hommes cadres dirigeants à la recherche d’un équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle.

Le Journal des Entreprises : Vous avez créé le réseau en 2013. Vous comptez près de 300 membres dans toute la France. Combien êtes-vous à Nantes ?

Antoine de Gabrielli : À Nantes, on compte cinq hommes référents du réseau. Ils travaillent pour Orange, BNP Paribas ou Engie par exemple. Ils se réunissent tous les deux mois en cercle de 10 à 15 personnes. Ils sont pères de famille, célibataires, divorcés ou grands-pères, et tous veulent trouver un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et vie personnelle. Le but de ces cercles est de réfléchir sur les comportements personnels et professionnels à changer pour cela. Puis chacun d'entre eux se rend sur le site pour prendre un engagement.

Pourquoi avoir fondé un tel réseau ?

A.d.G. : On a besoin des hommes pour changer les comportements, car c'est eux qui détiennent encore les leviers de pouvoir. Il est encore très mal vu pour certains hommes cadres de demander un quatre cinquième ou de partir tôt pour aller chercher leurs enfants à l'école. Je suis persuadé que l'on arrivera à une égalité entre les hommes et les femmes quand les hommes prendront le sujet en main. Quand on parle du sujet de l'égalité hommes-femmes, 90 % des gens s'en fichent. Mais leur regard change quand on leur montre que cela a une influence sur les performances de leur entreprise. Sur le site du réseau, les nouveaux venus s'engagent à prendre un engagement. Ainsi Michel, cadre chez Orange, s'engage « à aller chercher mon garçon au collège pour l'amener à son entraînement de volley-ball le mardi et vendredi soir. Cette heure de voiture tous les deux est un moment d'échange privilégié », confie-t-il. Tarik s'engage, lui, à « ne pas organiser de réunion dans son service après 17 h », Manuel tient la promesse d'être « à la maison à 18 h 30 tous les soirs, quitte à travailler le soir chez moi », Alexandre lui veut « demander à la DRH que les hommes aient le même droit que les femmes à une demi-journée de congés pour la rentrée scolaire ».

En quoi ces inégalités ont une influence sur les résultats de l'entreprise ?

A.d.G. : Le turn over ! Si une entreprise n'est pas flexible avec ses employés(e) s, ils auront tendance à démissionner. Les femmes surtout, cherchent avant tout un travail qui soit compatible avec leur rôle de maman. Il faut bâtir un management qui ne gâche pas les talents, ni des hommes ni des femmes, car il y a une corrélation entre la mixité des équipes et leurs performances. Il y a un point qui domine quand on discute avec les hommes cadres dirigeants : tous ont le sentiment que la réussite passe par le sacrifice de leur vie privée. Dans ce cadre, je ne crois pas que ce soit un hasard si plus d'un mariage finit en divorce...

Que proposez-vous pour faire évoluer les comportements ?

A.d.G. : La première action c'est la prise de conscience. L'égalité est un vrai enjeu. Chaque membre du réseau essaye, à son échelle, déjà d'en faire prendre conscience à ses collègues et à son entourage. Enfin, ils tentent de proposer des nouvelles manières de fonctionner à leurs entreprises. On pourrait gagner 1 % de croissance sur cinq ans si l'égalité hommes-femmes au travail était réelle. On aimerait construire un Grenelle du travail moderne. Nous organisons pour cela, notre troisième forum des Happy Men, le 1er juin prochain.

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