« On va devoir pousser les murs et ouvrir un deuxième étage », constate Pascal Babin, directeur du centre de R&D de Nantes. A peine un an après l’ouverture du centre de recherche et développement à Nantes, Talend recrute encore et encore. « En 2016, on avait prévu d’embaucher 20 personnes, on en a finalement recruté 30 et on compte aussi embaucher 30 autres personnes cette année », explique Pascal Babin. Et le rythme devrait encore s’accélérer dans les prochains mois. « Notre but est d’être 100 en 2018 », précise Laurent Bride, responsable Innovation et CTO de Talend. Dans l’absolu, il pourrait recruter 200 personnes, tellement les perspectives sont bonnes pour l’éditeur Open Source. « On a tellement de demandes, on pourrait avoir du travail pour les 20 prochaines années », observe le CTO de la société californienne créée en France il y a 11 ans.
Plus de la moitié des entreprises engagées dans des projets d'analyse data
Son marché, celui de l’intégration de données et du big data est en pleine croissance. Il s’estime en milliards de dollars. En 2016, selon le cabinet d'analyse IDC (International Data Corporation), il pesait 187 milliards de dollars américains, contre 122 milliards en 2015, soit une croissance de 50%. Et ce n’est pas fini. Les entreprises ont en effet bien compris qu’une meilleure gestion et analyse de leurs données pouvait simplifier et raccourcir la prise de décision et leur faire gagner en compétitivité. Que ce soit pour prévenir la maintenance en industrie ou analyser les données clients, dans le service ou l’industrie, tous les secteurs sont concernés. 51 % des entreprises françaises auraient démarré des projets dans l’analyse de leur data. « Tous les jours on découvre des nouveaux cas d’usage avec nos clients », explique Laurent Bride, qui compte parmi ses 1 300 clients, Air France, Vinci, Orange ou encore Veolia. Talend a su surfer sur cette vague de la data depuis sa création il y a 11 ans à Suresnes. C’est ce qui lui a permis de rapidement devenir leader mondial des solutions d'intégration big data et cloud. C’est aussi ce qui lui a permis l’an dernier d’être la troisième entreprise française du secteur logiciel à entrer au Nasdaq. C’était en juillet. L’opération lui a permis de lever plus de 90 millions de dollars.
Pour rester dans la course à l'innovation, Talend mise sur Nantes
De quoi permettre à l’éditeur basé en Californie et présent dans 15 pays de voir toujours plus grand. Sur ce marché de la big data où les concurrents s’appellent IBM, Oracle ou Informatica, l’investissement dans la recherche et développement est vital. En quelques mois, un logiciel ou une plateforme peut devenir obsolète. Pour rester dans la course, Talend mise sur Nantes. « Le centre de R&D créé il y a un an tire 80% de la croissance en recherche et développement du groupe », note le responsable de l’innovation de Talend. Ce sont les développeurs, devops, visual designer et autres spécialistes de l’automatisation nantais qui ont travaillé sur la dernière version de la plateforme d’intégration de données et sur la nouvelle application Data Stewardship présentée fin janvier par l’éditeur. « C’est ce qui plait en général aux équipes. On leur laisse la possibilité de prendre des décisions importantes sur les produits et cela a un impact direct sur l’entreprise », analyse Laurent Bride.
Rapprochement avec les écoles d'ingénieurs nantaises
Pour recruter d’autres talents, Talend parie sur l’écosystème local. « On veut se rapprocher des écoles nantaises. Avec Epitech, Centrale et les Mines, il faudrait que l’on réfléchisse à une collaboration pour proposer des programmes techniques orientés sur le big data », indique le directeur du site Pascal Babin. En tout, Talend veut recruter près de 200 personnes en 2017 sur les 14 autres sites qu’il détient en Amérique du Nord, Europe et Asie. « Nous sommes actuellement 680 employés, nous serons 900 fin 2017 », précise Laurent Bride.
+40% en 2016, et +33% en 2017
Après avoir augmenté son chiffre d ‘affaires de 40% à 106 millions de dollars en 2016, l’éditeur Open Source vise les 141 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2017. Il a choisi de miser pour le moment sur la croissance plus que sur la rentabilité. Fin 2016, il affichait des pertes de 24 millions de dollars, en hausse de 10%. Des résultats salués en tout cas en bourse. « Notre activité génère une trésorerie positive de 2,2 millions au 4ème trimestre », explique Laurent Bride. Talend est soutenue par six sociétés de capital-risque ainsi que par Bpifrance qui est entré au capital de l’éditeur open source l’an dernier.
