Les locaux ne sont pas très grands, mais on peut parier que Datapix ne restera pas très longtemps à l’étroit dans ses bureaux qui jouxtent la place Mellinet, à Nantes. Les deux dirigeants de cette start-up, Vincent Verhille et Aymeric de Maussion, sont sur un marché encore balbutiant de la conception à grande vitesse d’applications. Mais un marché immense et prometteur : celui des TPE et des PME qui ne pensaient pas avoir les moyens de s’offrir une application sur-mesure et à un coût raisonnable.
La solution "no-code" (sans code informatique) est en marche. La première clé repose sur le temps de création de l’application. "Là où il fallait six mois ou un an pour développer une application, on propose une solution à nos clients en un mois, estime Vincent Verhille, ingénieur et fondateur de Datapix en novembre 2020. Ce saut est permis grâce à la technologie no-code que nous utilisons."
Créer des applications sans aucun codage
No-code ? C’est le vocable qui monte dans le monde numérique. Si l’on en croit le géant Microsoft, c’est "l’avenir de l’informatique", autrement dit une révolution, la deuxième étape de la digitalisation des entreprises. Pour comprendre, il faut imaginer que la plupart des applications développées le sont par l’utilisation de lignes de code et nécessitent le travail de développeurs de haut niveau et beaucoup d’heures de codage payées au prix fort. "La technologie no-code est une programmation visuelle, et non à base de code, explique Aymeric de Maussion. On utilise des briques, comme celles d’un Lego, et on les assemble. À aucun moment, je n’ai besoin de taper une ligne de code. Ça va beaucoup plus vite."
Cette technologie permet de créer des applis, des sites web, des logiciels, sans aucun codage et sans connaissances informatiques chevronnées. Concrètement, pour créer les applications de leurs clients, les deux dirigeants de Datapix passent par des plateformes comme Glide, un outil créé par des anciens de Microsoft et Google. Il existe aussi Bubble. Des petits Français, comme Weweb ou le nantais UDo.tools, s’y collent aussi avec succès.
Une appli pour un apiculteur
Toutes ces plateformes proposent de concevoir des applis en piochant dans un répertoire de fonctions prêtes à l’usage. Vincent Verhille et Aymeric de Maussion sont deux des cinq experts certifiés de la plateforme Glide en France (qui en compte à peine 40 dans le monde). "On est capables de l’utiliser au maximum de son potentiel, résume Aymeric de Maussion. Certains clients commencent seuls à concevoir leur application, mais butent sur leur maîtrise de l’outil. On reprend le dossier en apportant notre expertise."
Pour créer une application, Datapix récupère les données de ses clients, les organise, propose une architecture et les intègre via Glide notamment. "L’un de nos premiers clients est un apiculteur, raconte Aymeric de Maussion. Il a 140 ruches et produit du miel pour une cinquantaine de clients." L’entrepreneur avait besoin d’une appli pour gérer toutes les données de ses ruches : installation des essaims, dépôts des ruches, récoltes du miel… "Avant d’utiliser notre solution, il notait ça sur des feuilles de papiers ! Sa première question avait été : est-ce que j’ai les moyens de me la payer ?"
Budget divisé par quatre
Le coût ? "Nous allons quatre fois plus vite pour créer l’application, nous sommes donc quatre fois moins chers. Dans un budget, ce qui coûte, c’est le temps passé, résume Vincent Verhille. Pour une appli de base, le budget est de 5 000 euros avec le no-code, contre souvent autour de 20 000 euros avec les technologies traditionnelles de codage."
Du côté de l’agilité, Datapix marque des points. "Dès que l’on a le retour utilisateur, on peut rapidement améliorer l’appli ou la compléter, explique Aymeric de Maussion. Notre apiculteur a souhaité développer une partie e-commerce pour ses produits à base de miel. D’un côté, il a un outil pour gérer ses ruches et, de l’autre, un canal de vente en ligne."
Datapix explore aussi la piste de l’événementiel. Pour la Fédération française des échecs, Datapix a conçu une application événementielle en un mois pour suivre un tournoi du championnat de France d’échecs jeunes. "Tous les participants pouvaient suivre en direct la compétition, voir des parties, avoir les résultats. 40 pays étaient connectés pour y assister et 500 000 pages ont été vues en une semaine !" Pour Datapix, pas d’échec, mais une réussite. Le duo de dirigeants vient de recruter leurs deux premiers commerciaux, et pensent étoffer leur équipe d'ici à quelques mois. Ils vont miser une bonne partie de leurs forces sur les TPE et PME en régions, autour des métropoles. "Notre cible, ce ne sont pas les entreprises du numérique, mais vraiment les entreprises traditionnelles qui ont besoin du numérique pour travailler plus vite. On est là pour leur simplifier la vie."
