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Coronavirus : fortes turbulences pour les sous-traitants aéronautiques nantais
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Coronavirus : fortes turbulences pour les sous-traitants aéronautiques nantais

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Comme leur donneur d’ordre Airbus, ils ont eux aussi réduit leur cadence de production de plus de 40 % et placé leurs salariés en chômage partiel, sans pour le moment avoir de perspective et de plan de charge. Les sous-traitants aéronautiques de Pays de Loire subissent de plein fouet « la plus grave crise que l’industrie aérospatiale n’ait jamais connue », comme l’a qualifié le PDG d’Airbus Guillaume Faury.

Airbus subit de plein fouet les reports de commandes des compagnies aériennes dont les avions sont cloués au sol depuis la mi-mars — Photo : Airbus.com

Il semble désormais loin le temps où Airbus battait des records de cadence de production. C’était il y a deux mois. En avril, seuls 14 avions, principalement des A320, sont sortis des usines Airbus contre 74 en avril 2019. 66 commandes ont été annulées depuis le début de l’année. « Nous traversons actuellement la plus grave crise que l’industrie aérospatiale n’ait jamais connue », a confirmé Guillaume Faury, le président exécutif du groupe Airbus en présentant les résultats du premier trimestre.

Accusant une perte nette consolidée de 481 millions d'euros contre un bénéfice de 40 millions d'euros un an plus tôt, Airbus subit de plein fouet les reports de commandes des compagnies aériennes dont les avions sont cloués au sol depuis le début du confinement. L’avionneur a réduit de 30 % ses cadences de production. Ce "freinage" d’urgence a des implications immédiates chez les sous-traitants du groupe aéronautique, qui peuvent représenter plus de 40 % de l’effectif présent chaque jour sur les sites Airbus de Nantes et Saint-Nazaire.

« Le marché prend une grosse claque pour au moins deux ans »

« Le marché prend une grosse claque pour au moins deux ans », résume un des sous-traitants d’Airbus en région nantaise qui préfère rester anonyme. Lui qui a repris le travail comme Airbus le 23 mars a arrêté de faire appel aux intérimaires et a dû placer 40 % des effectifs de sa PME au chômage partiel. Et il n’est pas le seul. Halgand (250 salariés, 41 M€ de CA en 2018), sous-traitant qui fabrique des pièces en aluminium, avait rouvert son site de Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique) le 30 mars. Il est contraint depuis le 11 mai de fermer son site deux jours par semaine, faute d’activité.

Stelia Aerospace, la filiale d’Airbus qui fabrique notamment les sièges des avions, confirme lui aussi la mise en place de mesures d’activité partielle sur son site de Saint-Nazaire. Elles pourraient être effectives jusqu’à la fin de l’année pour les plus de 950 salariés.

Une baisse d’activité d’au moins 40 %

« Les 65 entreprises adhérentes du réseau Neopolia Aerospace subissent une baisse d’activité de 40 à 60 % », estime pour sa part Alain Leroy, président du réseau d’entreprises Neopolia. « La situation est compliquée, on a du mal à se projeter. Tout le monde est en attente du plan de charge d’Airbus pour les prochains mois. D’ici un mois, on espère que l’on pourra se projeter sur septembre. Après le coup de bambou, on a pris conscience que la crise n’allait pas se traiter rapidement », résume Alain Leroy.

Pour encaisser le choc, certains sous-traitants de rang 1 ou 2 ont déjà réinternalisé des commandes qu’ils sous-traitaient jusqu’ici. « Cela permet pour le moment d’ajuster », explique l’un d’eux. Mais si la situation venait à perdurer ? « Personne ne sait ce qui va se passer », poursuit-il. « Si l’on a 40 % de boulot en moins, il y a des boîtes qui disparaîtront et d’autres qui seront obligées de fusionner », prédit-il.

Appel à la solidarité des donneurs d’ordre

En attendant de sortir du brouillard, le sous-traitant de rang 1 Omega Systèmes (100 salariés à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu), repris par l’américain Web Industries, a décidé de compenser la perte d’activité en travaillant plus pour le médical. « Cela représente 50 % de notre activité aujourd’hui », explique Michael Quarrey, vice-président des opérations aérospatiales de Web Industries. « La crise actuelle fait réaliser aux États qu’il ne faut plus confier toute la production de matériel médical en Asie », remarque le dirigeant. Sur son site américain, il produit des tests de dépistage du Covid-19. Sur le site de Nantes, Omega Systèmes a fait partie des entreprises locales qui se sont très vite mobilisées pour la production d’équipements de protection pour les soignants, comme des blouses ou des masques.

Pour aider ses 250 entreprises adhérentes et leurs 30 000 salariés à traverser les turbulences à venir, Neopolia a lancé il y a quelques jours un appel à la solidarité à ses membres à titre de test pour qu’ils fassent appel aux PME membres du réseau plutôt qu’à des prestations hors territoire. Deux entreprises de Neopolia ont répondu positivement et ont défini les prestations à réaliser. Le réseau a également ouvert début mai une cellule de soutien composée de 6 administrateurs, 1 expert financier, 1 représentant de la CCI Région ainsi que de la Région Pays de Loire.

Selon un sondage réalisé par le réseau d’entreprises, 90 % des PME adhérentes ont constaté une baisse d’activité d’au moins 20 %, 35 % sont à moins de 50 % et certaines ont même déclaré une baisse d’activité de l’ordre de 80 % d’activité. « Il est important de déployer des actions, à court, moyen et long terme afin de soutenir la filière Aéronautique. Neopolia travaille sur des réflexions partagées avec les autres réseaux afin de faire des propositions aux institutions et ainsi trouver des solutions au plus près du besoin », explique Alain Leroy.

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