Alubat : Christian Picard reprend la barre
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Alubat : Christian Picard reprend la barre

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Christian Picard. Il mise sur la relation client pour remettre du vent dans les voiles de l'entreprise.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Christian Picard a beau être autodidacte, il n'en reste pas moins qu'il a été choisi par les actionnaires pour reprendre en main la destinée du chantier Alubat. Ce chantier basé à Château-d'Olonne à l'histoire mouvementée est aujourd'hui toujours la propriété d'un groupe d'investisseurs vendéens. Il succède donc à Philippe Aupinel avec une mission pour les trois ans à venir : redresser les ventes de ce chantier naval dont les bateaux jouissent d'une très forte notoriété chez les baroudeurs mais dont la stratégie commerciale a été défaillante. Aujourd'hui, 26 personnes travaillent dans les ateliers et produisent une douzaine de voiliers par an pour un chiffre d'affaires de trois millions d'euros et un équilibre financier encore fragile. À une époque, plus de 100 personnes s'affairaient dans les ateliers qui sortaient 60 pièces par an.

Chouchou des baroudeurs

Pourtant le potentiel existe car Alubat fait des bateaux spécifiques pour les voyages au long cours. Une coque alu, c'est du solide et comme ce sont des dériveurs, « c'est le 4x4 de la mer, on relève la dérive et on peut s'échouer tranquillement sur une plage avant de repartir, détaille le nouveau patron. Impossible de faire ça avec les autres voiliers des grandes marques. » La clientèle visée : un couple, une famille qui plaque tout pour faire le tour du monde. La marque compte de nombreux adepte et près de 1.500 voiliers sur toutes les mers du globe.

Double casquette

C'est par l'intermédiaire de l'entreprise AYC, un courtier en bateaux d'occasion basé à La Roche-sur-Yon qu'il dirige toujours que Christian Picard a été choisi. « Les actionnaires nous avaient demandé d'auditer l'entreprise. Ils ont fini par me nommer directeur. C'est épuisant, je travaille le jour pour Alubat et la nuit pour AYC, mais c'est passionnant », glisse avec une certaine malice le nouveau dirigeant. Il connaît bien la marque pour avoir un voilier posé sur un chantier dans un pays asiatique. Il le retrouvera quand il pourra de nouveau larguer les amarres.

Fin connaisseur du marché

« Pour bien vendre un bateau de voyage, il faut avoir du vécu et de l'expérience », indique Christian Picard. De l'expérience, il n'en manque pas, après sa formation de charpentier, ce Brestois d'origine a tour à tour été dans la marine marchande, a travaillé chez Jeanneau, d'abord comme simple ouvrier avant de finir dans l'encadrement de l'entreprise. Il a aussi pris la mer avec femme et enfants pour de longs voyages. Il a également aiguisé sa connaissance de ces navires par son expérience de vendeurs de bateaux d'occasion. « Ces dernières années, j'ai revendu beaucoup d'Alubat. On peut presque dire que le principal concurrent du chantier pour le neuf est le marché de l'occasion », témoigne-t-il. Ces nouveaux projets : moderniser le design sans toucher à la qualité. Une vraie marque de fabrique. Chaque pièce représente près de 3 000 heures de travail.

Sur les bateaux Alubat, tout est fait main, de la coque jusqu'aux menuiseries intérieures. Il faut aussi adapter ces vaisseaux en alu aux nouvelles modes de navigation : les régions froides par exemple. Le nouveau patron entend également se positionner sur le marché de la réalisation en sous-traitance de bateau unique d'architectes. Et surtout : améliorer la force de vente et la relation client qui ont fait défaut ces dernières années alors que la demande était bien là. « Un gros défi » d'après lui.

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