Route du Rhum : Ces patrons qui prennent aussi la barre d'un bateau
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Route du Rhum : Ces patrons qui prennent aussi la barre d'un bateau

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Les skippers sont souvent comparés à des chefs d’entreprise. Tout simplement car ils doivent mener leur barque comme un entrepreneur : trouver des fonds et gérer un budget, manager une équipe, être un communicant hors pair… Pas étonnant dès lors que certains chefs d’entreprises franchissent le pas et prennent eux-mêmes la barre d’un bateau.

— Photo : François Van Malleghem

Il dirige l'un des fleurons de l'agroalimentaire breton et sera sur l'eau début novembre. À 58 ans, Christian Guyader, qui pilote Guyader Gastronomie (420 salariés, 78 M€ de CA), groupe finistérien bien connu dans le monde de la voile avec le trophée annuel qui porte son nom à Douarnenez, s'apprête à prendre la barre d’un catamaran aux couleurs de son entreprise, pour une première tentative sur le Rhum. Un défi personnel autant que professionnel, même s'il n'affiche clairement aucune ambition de podium.

« C’est le bon moment dans ma vie », assure le Quimpérois dont la passion de la voile lui a été transmise dès son plus jeune âge et qui profite cette année d’un petit créneau dans sa vie de chef d’entreprise pour tenter l’aventure. « Aujourd’hui, j’ai confiance en mon bateau. Nous formons un bon binôme. Le but était de laisser le moins de place possible au hasard, mais on le sait, une traversée de l’Atlantique en solitaire, ce n’est jamais un exercice anodin. J’espère me faire plaisir et faire plaisir aux gens. Aller au bout de mes rêves. »

Un ancien chef d'entreprise qui navigue pour l'entrepreunariat

Pierrick Tollemer, ancien dirigeant d'entreprise et business angel, participera à la course à bord du multicoque Resadia — Photo : © Resadia

Le Rennais Pierrick Tollemer participera, lui, pour la seconde fois à la Route du Rhum. Âgé de 56 ans et dirigeant d’entreprise durant 20 ans au sein du Réseau d’Or Miko, puis cofondateur du groupement d’employeurs Helys, il accompagne désormais les entreprises dans leur phase de lancement, lorsqu’il n’est pas en mer. En 2014, il naviguait sur Ensemble pour Entreprendre, un petit multicoque (classe Rhum) financé alors par une fédération de sponsors.

« En mer comme en entreprise, on peut se retrouver seul face aux décisions à prendre ou choisir de s’appuyer sur ses équipes... »

Parmi eux, Noël Minard, président rennais de Resadia, groupement d’expertise IT pour la transformation digitale des entreprises (150 agences en France, 31 associés et 5 500 experts associés, 650 M€ de CA en 2017) qui a décidé avec ses collaborateurs de soutenir le navigateur pour l’édition 2018. « On reste dans la dimension collective, car Resadia est un réseau, ce qui me tient à cœur. De plus nous mettrons en avant l’insertion du handicap dans l’entreprise, souligne Pierrick Tollemer. La Route du Rhum a l’intelligence de ne pas se limiter aux têtes d‘affiches. Il y aura 40 voiliers en classe Rhum sur les 123 au départ, ce qui laisse de la place aux amateurs et aux PME », se réjouit le navigateur.

Langage d'entrepreneur

Conscient que leur bateau a peu de chances d’atteindre le podium, son sponsor, Noël Minard, ne vise pas que l’aspect sportif et les retombées médiatiques : « C’est d’abord une histoire d’affinités avec Pierrick, qui parle notre langage d’entrepreneur. En mer comme en entreprise, on peut se retrouver seul face aux décisions à prendre ou choisir de s’appuyer sur ses équipes... Soutenir Pierrick permet de fédérer nos équipes. Je constate un réel engouement partout en France. »

Resadia mettra aussi à profit l’événement pour inviter clients, partenaires pour sortir du cadre technique de l’IT et tenter de faire connaître son activité auprès du grand public. Elle testera même des innovations maison à bord du voilier, mais c’est encore secret…

Piloter ou diriger : parfois, il faut choisir

D’autres skippers-entrepreneurs n’auront pas la chance de tenter l’aventure. Comme Jean-Gabriel Chelala, dirigeant du cabinet d’ingénierie rennais pour le bâtiment Thétis (80 salariés, 5M€ de CA en 2017). Il souhaitait prendre part à la course à bord de Positive Green, un Imoca à énergie positive : « Même si nous avons réussi à rassembler des sponsors, nous avons manqué de budget pour boucler les 400 000 € espérés. Et ces derniers mois, j’ai dû être plus présent dans l’entreprise, car il y avait des dossiers importants à gérer. » Entre prendre la mer ou prendre l’eau, il fallait en effet trancher.

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