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Verreries de Bréhat : La perle de luxe des Côtes-d'Armor met le cap à l'international
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Verreries de Bréhat : La perle de luxe des Côtes-d'Armor met le cap à l'international

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Les Verreries de Bréhat, fondées par Yves Neumager, exportent leurs produits en verre soufflé aux quatre coins du monde. Une réussite portée par le marché du luxe.

— Photo : @DR

Rien de tel qu'un entrepreneur singulier, kinésithérapeute de formation puis patron de discothèques, pour fonder et diriger l'une des entreprises les plus atypiques des Côtes-d'Armor. 17 ans après leur création, les Verreries de Bréhat, nichées dans les contreforts de la citadelle de l'île éponyme, sont devenues l'un des fleurons français de l'artisanat d'art à travers le monde.

Leurs produits trouvent aujourd'hui leur place dans les plus grands palaces, résidences privées ou magasins haut de gamme de Dubaï à New York en passant par le Japon. « Je n'ai jamais aimé regarder en arrière, précise Yves Neumager, gérant de l'entreprise familiale dont il est toujours l'actionnaire majoritaire. Mais il est vrai qu'en 1998, je n'imaginais pas en arriver là. Les Verreries font vivre une quinzaine de salariés autour d'un modèle économique et de fonctionnement totalement atypique.»

Un ex-patron de discothèque

Guingampais de souche, Yves Neumager puise ses origines, de manière symbolique, en République Tchèque, le pays du verre et du cristal. « Personne dans ma famille ne s'était pourtant intéressé à ce secteur avant moi. Après 10 ans comme kiné, j'ai effectué un virage à 180 degrés en créant le Pyms, l'une des discothèques les plus connues de Rennes ». En 1996, il décide de se retirer du monde de la nuit et vient s'installer sur Bréhat.

« Je n'avais pas véritablement besoin de me relancer dans une nouvelle aventure mais j'ai rapidement compris que l'île pouvait capitaliser sur son nom. » L'idée de fonder une verrerie artisanale et artistique fait doucement son chemin. « Il fallait toutefois trouver des produits innovants. Au départ, nous proposions, comme tout le monde, des petits personnages en verre soufflé. Il n'y avait pas de caractère différenciant sur lequel capitaliser commercialement. Parallèlement, la seule saison touristique ne suffisait pas à installer un modèle économique pérenne.»

Le succès des boules

Pour marquer cette différence, Yves Neumager décide d'installer ses équipes dans l'ancienne citadelle de l'île, laissée à l'abandon. « 60 % des travaux ont été financés par les collectivités. J'ai avancé le reste sur mes fonds propres à la commune de Bréhat sous forme d'avance de loyer sur 10 ans environ. Le risque de se planter était important, mais c'était nécessaire pour imposer un cadre remarquable à l'entreprise.»

Le succès commercial démarre en 2001 avec le lancement des fameuses boules d'escaliers. « Avec le travail du verre, plus dur que le cristal, nous avons fait le choix de nous démarquer en travaillant les décors intérieurs. J'ai pris ma petite valisette pour démarcher des prospects sur Paris. Le BHV a grandement contribué à l'essor de l'entreprise.»

Cap sur le luxe

Rapidement, les Verreries de Bréhat déclinent leur savoir-faire sur le marché des boutons de portes et de meubles. « Le luxe a immédiatement été conquis. L'hôtel Four Seasons à Bahrein est ainsi équipé de 4.500 boutons de meubles fabriqués ici. »
Conscient du potentiel de sa société, Yves Neumager reste avant tout un homme d'affaires. « Innover sur le marché de la quincaillerie décorative et artistique est une bonne chose mais il faut être capable de mettre en place le process de fabrication le plus rationnel possible d'un point de vue économique.»

Rentabilité économique

Tentées un temps par une aventure dans le secteur de la robinetterie, les Verreries de Bréhat font finalement machine arrière. « Nous n'étions pas prêts au niveau technique. Le problème est aujourd'hui résolu grâce à de nouveaux partenariats »

À l'inverse, par l'intermédiaire de Dior Couture, qui lui commande un jour deux petits boutons de meubles pour son magasin de Tokyo, l'entreprise costarmoricaine décroche l'un de ses plus beaux marchés à l'export, secteur qui représente 25 % de son chiffre d'affaires. « Nous avons à équiper 93 boutiques Dior dans le monde en bâtons de maréchal qui servent à pousser les portes d'entrées. Nous en avons réalisé 45 pour l'instant. Ce fut une carte de visite inespérée.»

Des lustres imposants

C'est finalement du côté des luminaires qu'Yves Neumager trouvera le relais de croissance nécessaire au développement de ses activités. « Nous avons commencé par un lustre monumental dans le centre commercial Italie 2 à Paris. Cette réalisation a fait boule de neige. Nous venons de livrer un plafond éclairant de 70 m² unique pour l'hôpital d'Argentan.»

Conquis par le concept innovant de ces galets soufflés éclairés par des LEDs, de nombreux palaces français et étrangers ont déjà sollicité le bureau d'études des verreries, piloté par Stéphane Neumager fils, pour installer de ce type d'oeuvre au coeur de leur établissement. De quoi offrir à la perle de Bréhat de beaux jours devant elle.

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