Côtes-d'Armor
Le conseil départemental met fin au Wimax pour 11 millions d'euros
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Le conseil départemental met fin au Wimax pour 11 millions d'euros

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Lancé en grande pompe en 2008 par Claudy Lebreton, alors président du conseil départemental des Côtes-d’Armor, le projet de déploiement du haut débit via la technologie Wimax a tourné au fiasco. L’ardoise pour en sortir s’élève à 11 millions d’euros.

— Photo : @JulienUguet

La première tranchée avait été creusée en 2008 du côté de Mûr-de-Bretagne. En choisissant ce territoire rural, Claudy Lebreton, alors président du conseil départemental des Côtes-d’Armor, avait voulu démontrer que l’accès au haut débit était un enjeu structurant fort pour sa collectivité. Fort mais risqué et coûteux.

42 millions d’euros investis

Baptisé @rmoric, le futur réseau haut débit costarmoricain avait choisi de s’appuyer sur la technologie Wimax, proposée par le consortium Eiffage-SFR, au profit de la technologie Fiber To The Home (FTTH), déployée par l’opérateur historique Orange. Délégué à la société Armor Connectic, ce projet d’envergure tablait sur un investissement de 42,4 millions d’euros, dont 17 millions d’euros de fonds publics à la charge du conseil départemental, des subventions régionales et européennes, le solde étant à la charge du délégataire.

Dix ans plus tard, c’est un fiasco financier qui prévaut. Successeur de Claudy Lebreton à la tête du Département, Alain Cadec a mis un terme à la concession, d’une durée de 20 ans, avec Armor Connectic. « Rapidement, les difficultés financières sont apparues, confirme l’intéressé. En 2012, la société annonce 6,1 millions d’euros de rentrées contre 18 millions prévus. Le réseau déployé peine à séduire les opérateurs et le Wimax se révèle obsolète par rapport à la fibre. »

Des pertes abyssales

L’espoir d’une viabilité économique s’est effondré en 2015 avec une annonce de pertes financières frôlant 9 millions d’euros. Armor Connectic s’est retourné vers son donneur d’ordres, c’est-à-dire le Département, pour renégocier le contrat de déploiement et de commercialisation. « Le risque évalué en cas de défaillance d’Armor Connectic était astronomique, ajoute Alain Cadec. On parlait de 22,5 millions d’euros. »

Dans un premier temps, SFR et Eiffage proposent une rupture à l’amiable pour un montant de 21 millions d’euros. Le consortium se voit opposer une fin de non-recevoir par Alain Cadec qui décide d’entamer un bras de fer.

Le réseau revendu à SFR

Après deux ans de négociations, l’indemnisation de rupture versée par le conseil départemental des Côtes-d’Armor s’élève à 11 millions d’euros. Elle est compensée pour partie par la vente du réseau existant à SFR (4 millions d’euros) et une participation de la Région de 2 millions d’euros, soit un reste à charge de 5 millions d’euros. « L’ancienne majorité a fait une erreur importante, cela arrive, tacle Alain Cadec. Malheureusement, elle s’est entêtée et les conséquences auraient pu être plus graves encore. »

Engagement dans Mégalis

Pour poursuivre le déploiement du haut débit sur son territoire, le Département est désormais engagé au sein du réseau Mégalis porté par les équipes de Loïg Chesnais-Girard. « Les 26 000 bénéficiaires des infrastructures déployées par Armor Connectic, qu’ils soient particuliers ou entreprises, doivent être rassurés, précise Eugène Caro, conseiller départemental délégué au numérique. Ce réseau va continuer à être exploité, il n’y aura pas de rupture de service. »

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