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Coronavirus : pour Laurent Pizzamiglia (Logifi-Seli), « le patronat marche sur la tête en fermant les entreprises »
Témoignage Bordeaux # Transport # Conjoncture

Coronavirus : pour Laurent Pizzamiglia (Logifi-Seli), « le patronat marche sur la tête en fermant les entreprises »

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Le groupe Logifi-Seli, basé à Saint-André-de-Cubzac, en Gironde, est spécialiste de l’organisation de transports depuis 1987. Cette entreprise familiale, active du régional à l’international, est en plein développement, après le rachat d'un groupe luxembourgeois et le lancement d'une nouvelle filiale. Le contexte actuel de crise sanitaire effrite le moral et l’activité de l’entreprise qui a dû prendre des mesures fortes.

— Photo : DR

Laurent Pizzamiglia, PDG du groupe Logifi-Seli, spécialiste girondin de l’organisation de transports (127 salariés et 75 M€ de CA), est en colère. Le groupe affiche depuis le début de la crise liée à l'épidémie de coronavirus Covid-19 une baisse d’activité de 25 %, et le dirigeant estime que la baisse atteindra -50 % au plus fort de l’épidémie.

À l’annonce du confinement général par le président Emmanuel Macron, le chef d’entreprise a convoqué ses collaborateurs pour prendre des mesures. « 40 % des effectifs sont à l’arrêt, raconte Laurent Pizzamiglia, dont un quart en chômage partiel. Ensuite, 40 % sont encore au bureau, et 20 % sont en télétravail. Enfin, j’ai interdit la présence de plus de cinq personnes dans la même pièce ». Le dirigeant tient à remercier tous ses collaborateurs, « exemplaires depuis le début de cette crise ».

L’arrêt total de l’activité est un « non-sens »

Les raisons de la colère de Laurent Pizzamiglia ne sont pas internes, mais sont liées au contexte national. En effet, le chef d’entreprise appelle à la raison : « Les fermetures totales d’entreprises, qui mettent tous leurs salariés au chômage partiel, sont honteuses. L’État va prendre en charge le chômage partiel, c’est formidable, mais il ne faut pas en abuser ».

Laurent Pizzamiglia reconnaît que la santé des salariés est une priorité, mais l’arrêt total de l’économie va mettre les entreprises au tapis. « Il faut continuer à produire, reprend Laurent Pizzamiglia, les grands industriels qui ferment nous tuent. J’ai des sous-traitants qui vont disparaître, si la situation continue. Cela me désole, j’ai passé ma vie à construire le groupe Logifi-Seli ».

Des PME sont « vouées à disparaître si l’économie s’arrête »

Le chef d’entreprise tente d’interpeller le Medef et les chambres de commerce et d’industrie pour appeler le plus grand nombre à la raison. Selon Laurent Pizzamiglia, il est nécessaire de s’organiser et répartir, mais pas de fermer. « Le patronat marche sur la tête, s’emporte-t-il. Si vous restez chez vous, vos boîtes vont couler et dans deux mois vous n’aurez plus de boulot ». En effet, ni l’État ni Bpifrance ne compensent les charges fixes. Pour le groupe girondin, elles représentent 22 500 euros par jour. En cas d’arrêt total de l’activité, l’entreprise dispose de 122 jours de résistance, grâce aux fonds propres. « Beaucoup d’entreprises n’ont pas ça, admet Laurent Pizzamiglia, il faut faire le job pour éviter d’être étouffés ». Pour le chef d’entreprise, les ETI pourraient encaisser la crise du Covid-19, mais les TPE et PME sont vouées à disparaître si l’économie s’arrête.

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