Comment se porte la filière des travaux publics en Sarthe à l’issue de cette année de crise sanitaire ?
Jimmy Champion : Nous sommes dans une situation compliquée. Le portefeuille de nos entreprises dépend à 70 % de la commande publique. Or, dans la région Pays de la Loire, les appels d’offres ont baissé de 30 % sur l’année. En Sarthe, nous sommes depuis octobre sur une chute de 42 %. Et ça ne se redresse pas. Nous ne voyons aucun projet sortir alors que les nouveaux conseils municipaux sont en ordre de marche depuis septembre. Pourtant, il y a une foule de petites opérations d’entretien courant faciles à lancer comme la réfection de routes par exemple.
Qu’attendez-vous des élus locaux ?
Jimmy Champion : Nous souhaitons qu’ils relancent l’investissement et les commandes publics, qu’ils débloquent certains dossiers qui ne sortent toujours pas. Nous en avons besoin. Contrairement au Maine-et-Loire dont les entreprises de travaux publics sont tirées par les travaux du tramway à Angers, nous n’avons pas en Sarthe de grands chantiers structurants. Il y a bien quelques aménagements routiers, l’échangeur de Connerré et quelques collèges, mais ce n’est pas suffisant.
Pourtant, dans son plan de relance, le Conseil départemental prévoit une dotation pour accompagner les communes et les intercommunalités dans leurs investissements…
Jimmy Champion : Effectivement, pour travailler sur plusieurs opérations routières. Nous comptons donc sur son appui pour lancer des projets.
Bénéficiez-vous du Plan de relance mis en place par l’État ?
Jimmy Champion : Nous sommes les oubliés de ce plan ! Il est très orienté vers le BTP à travers la rénovation énergétique des bâtiments. Il n’y a rien pour les travaux publics, à part un volet « infrastructures vertes » (3,9 Md€ NDLR), mais ce n’est pas suffisant. On ne va pas survivre en installant des bornes de charge pour voitures électriques !
Craignez-vous pour l’emploi local en 2021 ?
Jimmy Champion : Il y aura des conséquences en début d’année. Nos 140 entreprises emploient 2 100 personnes dans le département. Nous jouons sur différents leviers. Les rentrées de septembre en apprentissage sur lesquelles nous nous étions engagés ont été maintenues. On se dirige en revanche vers une fin de l’intérim et des heures d’insertion dès janvier. Il n’y a pas d’entreprises directement menacées, nous pouvons encore tenir par l’activité partielle. Ce qui est par contre alarmant, c’est l’absence de commandes. À cette période de l’année, nous avons d’habitude de la visibilité jusqu’en mars-avril.
