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Face à Google et aux Gafam, Vivoka veut faire entendre sa voix
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Face à Google et aux Gafam, Vivoka veut faire entendre sa voix

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Créée en 2015 à Metz, Vivoka développe des assistants vocaux sur mesure, adaptés aux besoins des hôtels et des commerces. Face à la concurrence des Gafam, la start-up affiche des ambitions mondiales et projette même d’aller défier les géants du web outre-atlantique.

Vivoka a intégré sa technologie de reconnaissance vocale dans un petit hologramme nommé Zac, un majordome virtuel qui répond à de nombreux services — Photo : Vivoka

Les superhéros ont des pouvoirs. Celui d’inspirer des entrepreneurs en devenir en fait partie. C’est en regardant Iron Man que trois étudiants en informatique, William Simonin, Vincent Leroy et Geoffrey Heckmann, se prennent à rêver de créer l’assistant vocal du personnage principal, Jarvis. En 2015, ils passent à l’acte et fondent, à Metz, Vivoka, une entreprise qui développe des algorithmes pour créer des assistants vocaux sur mesure.

La start-up compte aujourd’hui 21 salariés et présente un carnet de commandes « bien rempli ». Au niveau du business, les fondateurs n’en diront pas plus et restent discrets sur le chiffre d’affaires d’ores et déjà engrangé. Ce qui est sûr, c’est que l’entreprise est en plein développement. « Nous ouvrons un bureau à Paris et cherchons à doubler nos effectifs rapidement », indique William Simonin. Tout cela grâce à Zac.

Zac est un petit hologramme qui prend la forme d’un raton laveur et qui interagit avec l’homme. Vivoka développe aussi un autre produit, un miroir connecté, qui présente les mêmes fonctionnalités que Zac et qui, en plus, est capable d’afficher des informations, comme la météo ou l’agenda. « C’est le majordome de demain, le concierge 2.0 », assure William Simonin. Et Zac est réellement surprenant : demandez-lui un taxi, une commande en livraison, un endroit où sortir, de baisser les volets… il accède à de nombreuses demandes. « La voix, c’est le premier sens pour les échanges. En 2020 une requête à une machine sur deux, le sera par la voix », assure le dirigeant lorrain, reprenant une enquête menée par ComScore, une entreprise américaine d’analyse publicitaire.

Les hôtels et les commerces dans le viseur

Le potentiel de la start-up séduit les chaînes d’hôtels qui voient dans cette technologie un moyen d’améliorer la qualité des services. « Nous sommes en train d’équiper les villas Koegui à Biarritz. Nous allons aussi travailler avec le groupe Accor pour équiper un premier Aparthotel connecté à Paris, de la filiale Adagio City Aparthotel. Nous aimerions ensuite équiper tous les hôtels du groupe », détaille le dirigeant.

« Zac, c’est le majordome de demain, le concierge 2.0. »

Et pour y parvenir, Vivoka travaille sur le développement de scénarios, spécialement pour Accor, pour améliorer sa technologie de reconnaissance vocale. « Si l’utilisateur dit à Zac qu’il est fatigué, les lumières se tamiseront, Zac proposera de lui faire livrer des huiles essentielles… », détaille William Simonin. Pour les particuliers, Zac est en mesure de contrôler tous les équipements de la maison à la voix.

Outre l’hôtellerie et l’habitat, Vivoka se développe aussi dans le commerce et a noué un partenariat avec SES Imagotag, le plus gros fabricant d’étiquettes digitales au monde. « Dans un supermarché, grâce à une application, l’utilisateur peut demander la localisation de tel ou tel produit. Mieux, il peut indiquer quel plat il va consommer, l’outil pourra lui conseiller un vin ou un accompagnement », explique William Simonin.

Entre 20 et 50 supermarchés de marques de grande distribution très connues vont être équipés. Et Vivoka a également séduit d’autres grandes enseignes, notamment dans le milieu du luxe mais aussi une filiale d’Air France.

La concurrence des géants du web

Alors que les géants du web font figure de concurrents de poids sur le marché de la reconnaissance vocale, les trois dirigeants lorrains estiment que Vivoka a une place à prendre sur un marché mondial sur le point d’exploser. Selon une étude du cabinet de conseil britannique OC & C, le secteur du « voice-commerce » pourrait ainsi peser 40 milliards de dollars dans le monde en 2022. Et face à Google et aux Gafam, une PME peut tirer son épingle du jeu, assure William Simonin.

« Leurs systèmes restent très généralistes. Notre technologie est plus au point dans le domaine de la domotique. Notre algorithme reconnaît 97 % des phrases. Nous pouvons aussi réaliser un assistant sur mesure pour chaque client. » Et l’an prochain, la start-up pourrait même aller défier les géants du web sur leur terrain, puisque ses dirigeants projettent d’ouvrir un bureau aux États-Unis. En 2020, Vivoka espère être l’un des leaders européens dans la reconnaissance vocale.

L’ancien PDG de Numericable au capital

Pour mener à bien sa R & D et assurer son lancement commercial, Vivoka a levé 1,5 million d’euros de fonds levés depuis sa création, en 2016 et en 2018. « Eric Denoyer, cofondateur de Numéricable aux côtés de Patrick Drahi a injecté un million d’euros ans Vivoka », indique William Simonin. Bpifrance, la Caisse d’Épargne ont aussi participé à un tour de table. Et Vivoka repart en recherche de fonds dès à présent pour ajouter de nouvelles fonctionnalités à son produit : « Je rêve que Zac puisse aussi nous parler. Il faut créer un dialogue entre l’homme et la machine, l’humaniser au maximum. C’est notre axe R&D pour l’année. »

Moselle # Informatique # Innovation # Levée de fonds # International