La Roche-sur-Yon
Crédit Mutuel Océan : « Nous sommes sur un scénario de taux bas qui va perdurer »
Interview La Roche-sur-Yon # Banque

Jean-Pierre Morin nouveau directeur général du Crédit Mutuel Océan Crédit Mutuel Océan : « Nous sommes sur un scénario de taux bas qui va perdurer »

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Après trente ans passés au sein du Crédit Mutuel Océan, la branche de la banque mutualiste basée à La Roche-sur-Yon, Jean-Pierre Morin vient d’être nommé directeur général. Il confie sa vision de l’avenir pour le milieu bancaire et raconte comment le Crédit Mutuel Océan s’est adapté aux évolutions qui ont frappé la banque ces dernières années.

Jean-Pierre Morin vient d'être nommé directeur général du Crédit Mutuel Océan, basé à La Roche-sur-Yon. — Photo : Jéromine Doux - JDE

Le Journal des Entreprises : Vous venez d’être nommé directeur général du Crédit Mutuel Océan. Quel est votre parcours ?

Jean-Pierre Morin : J’ai intégré le Crédit Mutuel Océan (1 450 salariés, 1 250 administrateurs), basé à La Roche-sur-Yon, il y a trente ans. J’ai commencé à l’accueil, puis j’ai gravi les différents échelons, jusqu’à être directeur des réseaux. C’est l’histoire du Crédit Mutuel Océan qui veut cela. Selon nous, la connaissance du territoire fait la différence.

La banque subit de profondes évolutions. La digitalisation détourne les clients de leur agence, la baisse des taux fait chuter vos marges. Comment vous adaptez-vous à ces changements ?

J.-P. M. : Nous sommes une banque mutualiste, notre ADN, c’est l’humain. Donc nous ne voulions pas fermer d’agence ni supprimer d’emplois. Pour compenser la baisse des taux, notre défi est d’augmenter sans cesse notre portefeuille clients. Nous comptons 620 000 clients et attirons chaque année environ 7 000 clients supplémentaires, notamment parce que nous sommes sur des territoires attractifs. 15 000 nouveaux habitants arrivent chaque année sur notre territoire qui couvre la Vendée, la Charente-Maritime et le sud des Deux-Sèvres.

La digitalisation permet aussi à nos équipes d’avoir plus de temps. Celui consacré auparavant à l’administratif, nous le transformons en temps commercial pour aller conquérir de nouveaux clients. Pour pallier la baisse des marges, nous avons également lancé une stratégie de diversification. En plus de l’activité bancaire, nous avons maintenant quatre autres domaines de compétences : l’assurance, la gestion de patrimoine, l’immobilier, grâce à notre propre agence immobilière, et le conseil, notamment aux entreprises. Aujourd’hui, la rentabilité du groupe tient largement à sa diversification. Mais la force de notre modèle est également basée sur le service. Nos collaborateurs ne sont pas commissionnés, cela instaure une véritable confiance de la part de nos clients.

Comment envisagez-vous l’avenir ?

J.-P. M. : Une chose est évidente, c’est que ça va continuer à bouger. Nous voyons certains réseaux bancaires se vendre, d’autres annoncent des fermetures d’agences et des suppressions d’emplois, y compris dans nos régions. Ce que l’on vient de vivre au niveau de la baisse des taux, nous allons le revivre de manière plus forte. Nous sommes sur un scénario de taux bas qui va perdurer. Dans le même temps, la réglementation bancaire se durcit. Nous sommes donc en réflexion pour élaborer un plan à partir de 2021 qui concernera les cinq prochaines années. Mais ces évolutions nous poussent à nous réinventer. C’est ce qu’ont permis les banques en ligne, par exemple. Elles ont bousculé la banque traditionnelle et l’ont poussée à apporter le même niveau de service sur le web. Avec la relation humaine en plus. C’est là que nous avons une carte à jouer. Ces changements entraîneront peut-être un phénomène de regroupement. Ce qui est sûr, c’est que nous devons sans cesse gagner en agilité.

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