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Coronavirus - Soledis : « Un bon mois d’avril et des objectifs maintenus »
Interview Vannes # E-commerce # Conjoncture

Yann Tertrais dirigeant de Soledis Coronavirus - Soledis : « Un bon mois d’avril et des objectifs maintenus »

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Depuis Vannes, Soledis (1,8 M€ de CA et 23 salariés), le spécialiste de l’e-commerce est porté par l’essor actuel de la vente en ligne. Activité croissante de la grande majorité de ces clients, appels entrants, la PME recrute et va s’agrandir.

— Photo : Ségolène Mahias

Depuis le début de la crise sanitaire, vos équipes assurent leurs missions en télétravail, aviez-vous pensé en amont cette organisation ?

Yann Tertrais : Le 16 mars, 90 % de notre effectif était déjà en télétravail. Nous avions anticipé cette crise en nous fournissant en gel hydroalcoolique dès la mi-février. En parallèle, Soledis suivait aussi l’évolution de l’épidémie en scrutant les décisions stratégiques de grands comptes. Quand ils ont commencé à placer leurs équipes en télétravail, nous en avons fait de même. En parallèle, le 12 mars, la direction de Soledis et le service comptable se sont réunis pour établir un plan de crise. Il y avait deux scénarios, l’un qui correspondait au contexte actuel et un second plus pessimiste si l’activité s’effondrait. Dans les deux cas, nos derniers résultats, notre levée de fonds, l’adaptabilité de nos métiers au télétravail ainsi que la maîtrise à 360 degrés de l’approche e-commerce nous sécurisait. Tout cela apporte de la sérénité. Nous travaillons sur Microsoft Teams que nous utilisions peu jusqu’alors. L’équipe est investie. Cela compense la productivité que nous perdons un peu.

« Depuis mi-février, SOLEDIS suivait l’évolution de l’épidémie en scrutant les décisions stratégiques de grands comptes »

Ce nouveau mode de travail a-t-il vocation à se poursuivre ?

Yann Tertrais : Tablant sur ce qui se passait en Chine, nous avons envisagé le télétravail jusqu’à fin juin. Nous sommes encore sur ce modèle. Le déconfinement fait aussi que certains ont le souhait de revenir au bureau. Nous avons la chance d’avoir beaucoup de bureaux individuels dont le nombre augmente avec nos extensions. L’objectif est d’avoir au maximum un tiers de l’effectif au bureau, en rotation. Cela permet d’échanger et d’avancer sur des projets communs. La crise actuelle nous amène, nous dirigeants d’entreprise, à envisager le télétravail plus en détail. Ce n’est pas toujours simple : nous avons dans nos équipes des développeurs. Ils travaillent souvent avec des PC fixes adaptés à leurs besoins. Nous avons regardé pour les équiper en équivalents et en version portable : il n’y a plus rien de disponible depuis décembre.

Quel est votre niveau d’activité actuel ?

Yann Tertrais : Nous avons réalisé un très bon mois d’avril. Il s’agit de notre meilleur mois depuis le début de l’année. Dans le détail, la situation est différente selon nos clients. Ceux qui vendent en boutique et ont une activité d’e-commerce en complément sont à l’arrêt. Ils n’ont pas la possibilité de faire du picking (préparation de commandes, NDLR) dans leurs boutiques. D’autres qui ont une activité essentiellement e-commerce connaissent des croissances très fortes. Cela peut aller de 200 à 700 % notamment en BtoB.

« Des croissances d’activités de 200 à 700 % en e-commerce »

Comment absorbez-vous ces pics d’activité de vos clients ?

Yann Tertrais : Soledis gère effectivement des pics d’activité. Nous avons des serveurs dimensionnés pour cela. Il faut s’adapter. Par exemple : actuellement l’envoi d’une newsletter génère des taux d’ouverture importants qui créent du trafic. Ainsi, une newsletter dont le taux d’ouverture est de 10 % passe à 50 % en ce moment. Cela se traduit aussi en matière de commandes, donc il faut assurer ce tunnel d’achats. De même, l’e-commerce est vu comme une solution dans le contexte actuel : les appels entrants sont donc nombreux.

Vous êtes spécialiste de l’e-commerce. Selon vous, sa croissance va-t-elle se poursuivre ?

Yann Tertrais : L’institut Xerfi (spécialiste des études sectorielles, NDLR) estime que les achats en ligne devraient atteindre un total en valeur de 947 milliards d’euros en 2020 en France ; contre 488 milliards d’euros en 2015. Le commerce BtoB connaît une croissance d’environ 15 % par an. Aujourd’hui, nous le voyons, l’e-commerce se développe et cela s’inscrit dans la durée. Toutefois, c’est un modèle qui demande de mettre en place une stratégie dédiée. En effet, il demande des investissements en temps et en coût.

« Le commerce BtoB connaît une croissance d’environ 15 % par an »

Quelles sont les perspectives de Soledis sur une année qui ne va ressembler à aucune autre ?

Yann Tertrais : Nous sommes Bretons et prudents (rires) donc notre développement va se poursuivre. Notre croissance est continue depuis 2012. Depuis 2017, elle est de 20 % par an soit au-dessus de celle de l’e-commerce. Notre objectif d’atteindre les 2 millions d’euros de chiffre d’affaires est maintenu malgré le contexte : l’activité de nos clients est forte globalement et nous enregistrons des demandes entrantes auxquelles nous avons du mal à répondre. C’est pourquoi nous allons poursuivre nos recrutements en développement, webmarketing, graphisme, comptabilité, etc. Nous nous sommes dotés de 550 mètres carrés de bureaux supplémentaires, nous avons un nouveau projet d’extension sur 110 mètres carrés.

« Notre objectif d’atteindre les 2 millions d’euros de chiffre d’affaires est maintenu malgré le contexte »

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