On appelle ça une mise en abyme. Du 22 au 24 avril, le salon professionnel de la réalité virtuelle est devenu… virtuel. Prévu pour se dérouler dans la préfecture mayennaise, le Laval Virtual a bel et bien eu lieu, en ligne. Les organisateurs ont recréé un campus 3D où les visiteurs ont pu déambuler avec un avatar personnalisé, un peu comme dans un jeu vidéo. Des amphithéâtres abritant les conférences aux réunions business organisées avec des clients dans une salle de travail ou sur la plage, les différents temps forts ont pu se dérouler "presque" comme lors des précédentes éditions.
Des échanges plus décomplexés entre visiteurs
Depuis son ordinateur, les échanges deviennent possibles avec n’importe qui, du « speaker » posté à la tribune au programmeur informatique que vous croisez dans les couloirs, par messagerie instantanée ou de vive voix en activant le micro de votre ordinateur. En conférence, on lève le doigt pour poser une question aux conférenciers, on jette un regard perplexe, on applaudit, on bondit d’excitation…Une intervenante finira même son discours sur un salto arrière. « Lors de la remise des Laval Virtual Awards par exemple, l'ambiance était folle. Les spectateurs applaudissaient et hurlaient après chaque remise de prix. On a retrouvé l’émotion, la sérendipité et le contact propres au salon classique », raconte le directeur de Laval Virtual, Laurent Chrétien.
Sans oublier le côté détente qu’offre toujours ce salon high-tech. Dans cet univers 3D, certains se sont amusés cette année grâce aux feux d’artifice, aux balades en bateau, en tapant la balle sur le terrain foot ou en participant à un concours de cocktails organisé avec le distributeur de boissons mayennais V & B…
Conférences et rendez-vous business
Organisé aux mêmes dates que le salon physique initial en s’appuyant sur la plateforme 3D du californien VirBella, l’événement a toutefois été limité principalement au cycle de conférences (retransmises par ailleurs en vidéo streaming). Avec des amphis où l’on a discuté industrie du futur, réalité augmentée pour le tourisme ou encore d’un code éthique pour encadrer la réalité virtuelle… Exit les longs alignements de stands où les sociétés présentent et font tester leurs produits. Ce qui n’a pas empêché nombre de chefs d’entreprise d’organiser des rendez-vous pour discuter business. « On savait que la communauté répondrait présente, d’autant que le confinement a renforcé le besoin de se rencontrer. Mais on ne s'attendait pas à un tel engouement… », s’étonne agréablement Laurent Chrétien.
Une affluence qui dépasse les attentes
Le Laval Virtual a accueilli 18 000 visiteurs en 2019. Donc avec 6 500 participants revendiqués pour cette édition 2020 virtuelle, contre 2 000 espérés au départ, l’opération est présentée comme un succès. Seul petit bémol, un nombre d’inscrits (11 000) qui, ramené au nombre final de visiteurs, suggère peut-être qu’une partie d’entre eux n’avaient pas la connexion ou les équipements adaptés.
Au passage, le salon a aussi pris une dimension encore plus internationale. « Le nombre de pays représentés a bondi de « 54 à 110 pays depuis la dernière édition », note l’organisateur. Avec une cohorte d’Européens, Américains et Japonais, mais aussi des Iraniens, Sud-Africains, Colombiens, Chinois, Péruviens, Chiliens, Argentins, Brésiliens… Une tendance qui s’amplifie, certes, depuis plusieurs années. De nombreux Colombiens avaient d’ailleurs initialement prévu de faire le déplacement en Mayenne, avant la crise du coronavirus. Par ailleurs, la « communauté VR » latine s’est également mobilisée pour organiser des conférences en espagnol. Mais l’accessibilité à distance a très certainement accéléré cet essor de la fréquentation internationale. En ajoutant une visibilité accrue sur les réseaux sociaux, due à l’effet « waouh » du nouveau concept, Laval Virtual constate un réel gain en notoriété.
Sollicités pour « virtualiser » des festivals
Au point que l’association mayennaise envisage une déclinaison de ce concept pour « les VR Days » - un autre salon de la réalité virtuelle qu’elle organise aux Pays-Bas en fin d’année. « Il s’agira d’apporter une expérience complémentaire au salon physique », dixit l’organisateur. Par exemple proposer des conférences à la fois réelles et virtuelles, avec des avatars représentants des utilisateurs à l’autre bout du monde, capables de poser des questions aux conférenciers sur la scène physique ? « Ça peut faire partie des nouveaux challenges à relever », reconnaît le directeur de Laval Virtual.
En attendant, plusieurs acteurs de l’événementiel ont frappé à sa porte. « Nous avons été contactés afin d’étudier la virtualisation d’événements. De la part de responsables de palais des congrès, de festivals, de salons, de projets corporate… », confie Laurent Chrétien.
