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Coronavirus - Laboratoires Bioliance : « Les dépistages du Covid ne compensent pas la baisse de l'activité »
Interview Nantes # Santé

Christophe Richard directeur général du réseau Bioliance Coronavirus - Laboratoires Bioliance : « Les dépistages du Covid ne compensent pas la baisse de l'activité »

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Le réseau des laboratoires Bioliance, implanté en Loire-Atlantique et en Vendée, est l’un des deux acteurs privés du département à procéder, avec le CHU, à des tests de dépistage du Covid-19. Pour autant, ces nouveaux dossiers ne compensent pas la baisse d’activité que subit le laboratoire depuis le début de la crise du coronavirus. Explications par Christophe Richard, biologiste et directeur général du réseau Bioliance.

Christophe Richard, biologiste et directeur général du réseau de laboratoires Bioliance — Photo : Caroline Scribe - Le Journal des Entreprises

Le Journal des Entreprises : Quel est l’impact de la crise liée au coronavirus sur l’activité de votre réseau de laboratoires ?

Christophe Richard : Bioliance est un réseau de 28 laboratoires (25 en Loire-Atlantique et 3 en Vendée) réalisant des analyses sanguines et bactériologiques qui sont centralisées au sein d’un plateau technique de 2 000 m² au sein de Santé Atlantique-Elsan à Saint-Herblain, dans lequel nous avons investi plus de 10 millions d’euros en 2018. Dans les trois ou quatre jours qui ont suivi la mise en place du confinement, notre activité a chuté de 50 % environ. En effet, toutes les opérations non urgentes ont été déprogrammées, les spécialistes ont cessé leur activité, le centre de Procréation Médicalement Assistée a fermé… Notre principal objectif a été de préserver la santé de nos salariés, tout en assurant une continuité de service pour ceux qui en avaient besoin. Aujourd’hui, 70 à 75 % de nos salariés sont au travail. Les salariés les plus fragiles ont été arrêtés. Nous avons fermé certains de nos sites, totalement ou partiellement en essayant de rester cohérent par rapport au maillage du territoire. Cela veut dire que les 18 laboratoires qui restent ouverts ne sont pas nécessairement ceux qui généraient le plus de chiffre d’affaires.

Le Covid-19 vous apporte-t-il une activité supplémentaire ?

Christophe Richard : Effectivement, nous sommes l’un des deux acteurs privés à effectuer des tests de dépistage du Covid dans le département, aux côtés du CHU. Nous traitons environ 120 dossiers par jour. Mais c’est loin de compenser la perte de 1 800 dossiers au quotidien sur nos autres analyses. Nous ne faisons actuellement plus de dépistages hors Covid. En tant que médecins, cela nous fait peur. À la sortie de l’épidémie, il y aura un retard de diagnostic pour de nombreux patients. Aujourd’hui, les gens respectent les consignes et ne viennent qu’en cas d’urgence.

Pourriez-vous faire davantage de tests Covid à l’avenir ?

Christophe Richard : En restant sur les mêmes horaires, nous avons la capacité de réaliser 300 tests par jour. Mais il subsiste deux freins importants à la montée en puissance des tests. Tout d’abord, la France en produit peu, même si certaines productions redémarrent. Pour notre part, nous importons de Corée du Sud les kits de dépistage que nous utilisons. Par ailleurs, les industriels étrangers préfèrent vendre à des pays qui ont les moyens de payer plus cher les tests. En France, un test PCR est remboursé seulement 54 euros, contre 150 à 200 euros en Allemagne et davantage encore en Suisse. Les fabricants de ces tests préfèrent logiquement vendre à des laboratoires qui ont davantage de moyens que les laboratoires français. Les recommandations nationales ont pour objectif de gérer cette pénurie. Par exemple, en Ehpad, on limite à trois le nombre de patients testés dans chaque établissement. Nous attendons donc avec impatience un redémarrage de nos activités hors Covid. Mais, pour l’instant, notre activité reste stable, sans signes de reprise.

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