Quand les employés tendent à disparaître des caisses des supermarchés ou des péages des autoroutes, un entrepreneur autodidacte et atypique tente de les réintroduire dans un milieu où le travail humain a disparu depuis longtemps : le centre de lavage automobile. Remettre des hommes dans un environnement dominé par les machines, le pari semble perdu d'avance. Ancien mousse, devenu scaphandrier professionnel puis gérant de magasins d'ameublement Dorama, Jean-Noël Cornuaille prouve pourtant le contraire depuis plus de trois ans. En mars 2011, ce Nantais de 53 ans, qui a fait six fois le Dakar, crée un premier centre de lavage Astikoto dans une zone industrielle du Cellier. Depuis, quatre autres ont vu le jour à Vallet et Remouillé notamment, le réseau employant sept personnes.
Deux marchés
A première vue, ces centres ressemblent à ceux qui existent ailleurs. L'automobiliste a toujours le choix entre les rouleaux et un lavage manuel, qu'il devra lui-même réaliser. L'innovation vient de la présence d'un petit bâtiment attenant aux lignes de lavage. Celui-ci abrite un professionnel du lavage. « Le lavage automobile, c'est un métier d'investisseurs où on se dit que ça marche tout seul. Cela donne un aspect fantôme que je déteste. Du coup, certains centres sont vieux, moches, cassés, tagués. J'ai voulu réintroduire du service, du commerce, bref de l'humain », indique Jean-Noël Cornuaille. Pour l'entrepreneur, cette présence humaine génère 30% de chiffre d'affaires supplémentaires à un centre de lavage. C'est insuffisant pour rémunérer un emploi à plein temps. Mais cette activité n'est qu'un complément de revenu. A l'image de ce que font des réseaux comme Ecolave, le responsable du centre de lavage effectue des prestations de préparation esthétique de véhicules. « Il s'agit d'un nettoyage, intérieur et extérieur, d'un niveau digne de ceux que l'on retrouve dans les showroom automobiles », résume Jean-Noël Cornuaille. D'ailleurs, 40% de l'activité est réalisée auprès de professionnels du secteur, 30% auprès des entreprises et 30% auprès des particuliers. Aussi bien chez le client que dans le local du centre de lavage.
Ouverture de capital ?
Astikoto, la structure qui exploite le centre du Cellier affiche 100.000 euros de chiffre d'affaires en 2013 et est rentable. Son activité devrait croître de 20% cette année. Pour développer un réseau à la marque Astikoto, Jean-Noël Cornuaille a créé Astikoto Développement il y a un an, qui sera selon l'entrepreneur à l'équilibre cette année. « Je vise une trentaine de centres à cinq ans, plutôt dans la région », indique Jean-Noël Cornuaille. Si le dirigeant compte en ouvrir en propre dans la région nantaise, il mise surtout sur un développement en franchises, les premières ayant vu le jour ces derniers mois. Soutenu par Réseau Entreprendre Atlantique, le dirigeant hésite aujourd'hui à ouvrir son capital : « On a toujours envie d'aller vite. Mais je me demande si je n'ai pas intérêt à patienter avant de faire appel à un investisseur, pour une question de goodwill et de valorisation de l'entreprise ».
Astikoto. (Le Cellier) P-dg : Jean-Noël Cornuaille. 1 salarié 100.000 € de CA en 2013. 02 40 25 48 10
