Armor Cycles : « Pour sauver son entreprise, il ne faut pas faire le mort »
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Armor Cycles : « Pour sauver son entreprise, il ne faut pas faire le mort »

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Gérant de l’entreprise Armor Cycles à Lamballe, lourdement impactée par le premier confinement, Pascal Breton s’est placé sous la protection du tribunal de commerce de Saint-Brieuc au travers une procédure de sauvegarde.

— Photo : @DR

Depuis le 22 juillet 2020, Armor Cycles a été placée en procédure de sauvegarde. Pourquoi avoir choisi de taper à la porte du tribunal de commerce de Saint-Brieuc pour placer votre entreprise sous sa protection ?

Quand on m’a parlé du tribunal de commerce, de mandat ad hoc ou de procédure de sauvegarde, je n’y connaissais rien. Mon objectif premier était de sauver mon entreprise et ses trois salariés. Le tribunal était ma dernière solution pour faire face aux difficultés financières apparues brutalement avec la crise du Covid-19 et le premier confinement du printemps. Nous n’étions pas en cessation de paiement, forts d’un chiffre d’affaires de 1,4 million d’euros en croissance. Armor Cycles a été confronté, du jour au lendemain, à des difficultés d’encours important en lien avec un stock important de vélos pour préparer la saison 2020.

N’aviez-vous pas, au préalable, sollicité un prêt garanti par l’État pour faire face à cette crise ?

Si, mais il m’a été refusé. Je n’ai pas compris car je n’ai pas eu de réponses claires et directes de ma banque, La Banque Populaire de l’Ouest. Mon conseiller à Lamballe m’a aidé à monter le dossier mais il a été refusé au siège à Rennes, sans explication. J’ai alors saisi la médiation du crédit via la Banque de France. Là, encore, un second refus m’a été retourné sans aucune explication concrète. Je me suis retrouvé face à un mur. C’est aussi frustrant que décourageant. La banque de France m’a alors conseillé de me tourner vers le tribunal de commerce. J’ai passé un mail le matin. Dans la journée, j’avais un appel du président Gilles Henrio qui mettait en place la procédure de sauvegarde le soir même.

Comment se déroule la procédure de sauvegarde ?

Un administrateur judiciaire a été nommé pour m’accompagner dans toutes les démarches. L’une des principales est l’ouverture de discussions avec les fournisseurs ou les banques pour travailler à un étalement des créances. Nous créons véritablement un binôme avec des échanges par mail ou téléphone plusieurs fois par semaine. Sa force est de pouvoir montrer les dents plus que moi si nécessaire. Je pense à mon assureur qui, après le jugement de sauvegarde, m’a menacé de ne plus m’assurer faute d’avoir payé des traites. L’administrateur a pu résoudre la situation en lui rappelant le droit.

Quel conseil donneriez-vous aux chefs d’entreprise qui font face à des difficultés actuellement ?

Ne faites pas le mort si vous souhaitez sauver votre entreprise. Certes, frapper à la porte du tribunal de commerce n’est pas quelque chose d’agréable mais cette démarche peut se révéler bénéfique. J’en suis l’exemple même. Si je n’avais pas anticipé, un fournisseur m’y aurait peut-être assigné. Au final, le refus de mon prêt garanti par l’État n’est pas une mauvaise chose. Je sollicitais seulement 125 000 euros, lesquels, au final, seraient venus alourdir mon passif.

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