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Altitude Infrastructure lève 500 millions d'euros pour développer la fibre optique
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Altitude Infrastructure lève 500 millions d'euros pour développer la fibre optique

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Pour renforcer sa position de premier opérateur fibre optique indépendant et accélérer le déploiement de la fibre optique en France, le normand Altitude Infrastructure a levé plus de 500 millions d’euros.

"Cette levée de fonds nous permet de mobiliser 2,5 milliards d'investissements sur trois années", assure Dorothée Lebarbier, directrice générale du groupe Altitude — Photo : David Morganti

Renforcer sa position revendiquée de premier opérateur de fibre optique indépendant en France, c’est l’ambition de la levée de fonds de plus de 500 millions d’euros réalisée par le groupe Altitude (5e opérateur de télécommunications français fondé par Jean-Paul Rivière en 1990), via sa filiale Altitude Infrastructure. Spécialiste normand des réseaux de télécommunications alternatifs auprès des collectivités (réseaux d’initiative publique) basé à Val-de-Reuil (Eure), Altitude Infrastructure (500 salariés / 210 M€ de CA) a réalisé sa levée de fonds notamment en fonds propres auprès du fonds de pension géré par UBS Asset Management. L’autre partie du financement provient d’une dette bancaire junior.

Au final, ce sont plusieurs milliards qui vont être mobilisés par le groupe, explique Dorothée Lebarbier, directrice générale du groupe Altitude (830 salariés / 250 M€ de CA) : « Pour réussir la digitalisation des entreprises françaises, il est essentiel de déployer vite un réseau de fibre optique adapté aux besoins des entreprises sur l’ensemble du territoire. Cette levée de fonds nous permet de mobiliser 2,5 milliards d’euros d’investissements sur trois années. Notre ambition est de développer, grâce à Kosc Telecom que nous venons de reprendre, des solutions capables de répondre aux exigences spécifiques des entreprises ».

"Cette levée de fonds nous permet de mobiliser 2,5 milliards d'euros d'investissements sur trois années"

Rachat de Kosc en juillet

Un financement qui intervient juste après le rachat par le groupe Altitude des actifs de Kosc Telecom (ex-réseau de Completel), un opérateur de gros qui commercialise son infrastructure aux opérateurs télécoms à destination des entreprises, pour un montant de 14 millions d’euros. L’offre a permis la reprise en juillet de l’ensemble des 62 salariés de Kosc Telecom. « Nous allons investir 100 millions d’euros dans les cinq prochaines années pour peser dans la durée sur le marché B2B de la fibre optique. Avec Kosc, nous devenons le guichet unique des opérateurs d’entreprises avec des infrastructures complètes en termes d’offre et de couverture sur le territoire », explique David El Fassy, président d’Altitude Infrastructure. La nouvelle levée de fonds d’Altitude Infrastructure vient conforter l’ambition du groupe pour Kosc, dont les prochains investissements « permettront d’élargir significativement la couverture et les offres, pour devenir l’opérateur référent au niveau national ». Disposant du premier réseau alternatif de France en fibre et DSL, Kosc permet aux TPE/PME d’accéder à son infrastructure via leur prestataire télécom. Spécialiste du FTTH, l’entreprise développe de façon soutenue son offre haut de gamme de fibre dédiée. "Kosc est un opérateur qui a de l’avance, et il y a une demande très forte des entreprises pour disposer d’un acteur neutre qui permet plus de proximité et de simplicité que les gros opérateurs. C’est une opération "time to market" car on vit une période ou tout le monde veut migrer sur la fibre", s’enthousiasme le patron d’Altitude Infrastructure.

Photo : David Morganti

Des investissements stratégiques

Soumise à la validation des autorités de régulation et de la concurrence, la finalisation des transactions est attendue au quatrième trimestre 2020. « Ces transactions démontrent notre ambition sur le marché de la fibre en France, et au-delà. Dans un contexte de consolidation sectorielle, ces investissements vont nous permettre de poursuivre notre stratégie de croissance avec pour objectif de renforcer notre position de premier opérateur indépendant », assure David Elfassy. De nouveaux fonds et des investissements nécessaires dans un contexte de concurrence accrue et face à la consolidation en cours du marché des télécoms, avec des rapprochements comme celui de SFR (SFR FTTH) et de l’opérateur Covage fin 2019 qui a permis au groupe Altice-SFR de se renforcer dans la fibre en milieu rural. "Au-delà de la levée de fonds, l’enjeu pour Altitude Infrastructure et d’assurer son indépendance. Nous faisons entrer au capital un actionnaire en position minoritaire mais qui nous permet de continuer à piloter l’entreprise. Ainsi, nous ne sommes plus une cible pour les opérateurs, car nous étions le premier opérateur FTTH indépendant mais surtout le seul. Cette levée de fonds permet donc de nous conforter, et nous avons besoin de beaucoup de fonds propres dans le marché des DSP (délégation de service public, NDLR). Mais ce n’est pas une opération menée en mode réaction face au marché, elle est en cours depuis un moment", souligne le président d’Altitude Infrastructure.

"Au-delà de la levée de fonds, l'enjeu pour Altitude Infrastructure et d'assurer son indépendance"

Altitude Infrastructure est présente sur le marché FTTH résidentiel (raccordement très haut débit), avec près de 3,4 millions de prises FTTH (4 millions à terme) réparties dans 17 réseaux d’initiative publique (RIP) : Grand Est (9 départements), Occitanie (4 départements), Bourgogne Franche-Comté (3 départements), ainsi que les départements des Alpes-Maritimes, des Landes et les agglomérations de Vannes, Maizière-les-Metz, Rodez et Toulon. Dernier marché décroché en date, celui du syndicat mixte Manche numérique, chargé de déployer le Très haut débit dans le département de la Manche. Un nouveau marché de « conception-réalisation » qui doit permettre le déploiement de la fibre optique sur les zones rurales et la finalisation du déploiement sur les secteurs de Saint-Lô et Cherbourg-en-Cotentin. Une première tranche permettra de raccorder 85 000 foyers et entreprises supplémentaires sur de nouvelles zones d’ici 2023. Un marché assorti d’une tranche « conditionnelle » qui permettra de raccorder les derniers 100 000 foyers au réseau, d’ici la fin 2025. "Il ne reste plus que quelques appels d’offres RIP à attribuer et nous espérons au minimum en obtenir la moitié", indique David El Fassy qui envisage la période qui suivra la fin des appels d’offres RIP comme un temps d’opportunité : " Une fois tous ces appels d’offres attribués, si nous voulons continuer à croitre, il faudra regarder vers l’export, en fonction des opportunités. Mais pour le moment, ce n’est pas notre priorité", souligne le dirigeant dont l’essentiel de l’activité se concentre sur la construction des réseaux.

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